Chapitre VIII : "Tu te souviens ? Dans la souffrance et dans la maladie."

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Cela faisait maintenant des semaines, voire des mois, que le trio avait reprit son voyage. Ils avaient traversés nombre de paysages différents, nombre de villages et cités et, plus ils avançaient et plus l'air était chaud. Et, ils furent très vite surpris lorsque la température chuta de nouveau lorsqu'ils gravirent la première montagne qu'ils croisèrent.

Ils rencontrèrent même des neiges éternelles sur les sommets les plus hauts. Ils étaient en plein milieu d'un massif rocheux qui ne semblait pas prendre fin. Ils dormaient dans des grottes où il faisait frais et où des ruissellements d'eau venaient former d'immenses lacs souterrains turquoise.

Les jeunes mariés semblaient nager dans le bonheur au milieu de ce paysage changeant. Morwën était redevenue très complice avec Perceval qui s'en faisait une joie. Les deux jeunes gens se taquinaient sans cesse, faisait rire Galahad. Nul n'aurait pu rêver d'une quête si belle. L'amitié, la complicité et l'amour prenait une place égale à la bravoure, la force et l'intelligence. Les druides raconteraient sûrement qu'elle avait été la plus épique de toute.

Au fil du voyage, Morwën s'était plongée dans les grimoires trouvés aux quatre coins de l'île. Elle avait trouvé nombre d'information sur le Graal, sans parler des sorts, potions et autres bricoles magiques qu'elle avait découverts.

Un soir, alors que le crépuscule s'installait petit à petit, une petite chapelle d'apparence délabrée se dressa devant eux au croisement d'un chemin.

- Nous avons trouvé notre abri pour la nuit, lança Perceval avec une joie non dissimulée.

- Nous risquerions de nous faire tuer par une planche s'écrasant sur notre tête, marmonna Galahad prit dans un de ses moments taciturnes.

Morwën, elle, restait mystérieusement silencieuse. Elle semblait figée, détaillant la bâtisse insalubre.  

- Morwën ? demanda son époux avec une inquiétude empiétant sur son air renfermé.

- Ce n'est pas ordinaire. Cet endroit a quelque chose. Vous ne sentez pas toutes ces vibrations ? On dirait que les portes de cette chapelle n'attendent que nous pour s'ouvrir.

Ni une ni deux, Perceval se jeta sur la petite porte en bois pourri qui resta mystérieusement immobile et solide sous son poids.

- Qu'est-ce que cette sorcellerie ? scanda-t-il, ahuris.

Galahad essaya à son tour de l'ouvrir à coups de pieds et d'épée sans succès. Morwën secoua la tête, exaspérée par la brutalité des garçons. Elle s'avança, fixa un moment la poignée rouillée s'étant désolidarisée du reste et actionna, à l'endroit même où cette poignée se tenait, une autre invisible. Et la porte s'ouvrit.

Le trio se sentit aspiré par une force étrangement rassurante et puissante à la fois. Puis, le noir complet.

***

- Il y a quelqu'un ? Eh oh ! Galahad ? Perceval ?

Seul l'écho lui répondit. Elle ne voyait rien. Non pas que tout était noir autour d'elle. A vrai dire il n'y avait aucune couleur pouvant caractériser ce qu'elle voyait. Elle avait l'impression constante d'être aveuglée. Elle n'osait pas bouger de peur de tomber, de s'emmêler les pieds, de se cogner. 

Lorsqu'elle se fut habituée à sa vision considérablement perturbée, elle osa mettre un pied devant l'autre. Elle se sentait totalement déboussolée. Elle ne savait plus où était sa droite, sa gauche, le haut, le bas. Elle aurait très bien pu marcher au plafond qu'elle ne s'en serait pas rendue compte. C'était comme si tous ses sens étaient éteins. Elle ne sentait aucune odeur, elle ne percevrait même pas une atmosphère sans senteur ; n'avait même plus conscience de ses papilles, de sa langue ; ce qu'elle entendait était assourdissant et silencieux à la fois et ; c'est comme si elle était totalement effacée. En voulant poser une main sur sa tête, celle-ci la traversa, de même pour ses jambes, son buste.

CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant