Chapitre IV : "Ce n'est qu'une légende."

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Morgane de grâce, revenez.

Elle ouvrit soudainement les yeux mais les referma précipitamment, aveuglée par la lumière. Elle percevait des voix étouffées près d'elle. Arthur avait adopté un ton autoritaire. Son côté de futur dirigeant refaisait surface.

- J'ai besoin de voir Merlin. Retrouvez-le. Vous n'avez pas besoin d'en parler à mon père. Si tel était le cas, soyez sûrs que la punition serait à la hauteur de la faute.

Des bruits de pas rythmés et réguliers se firent entendre puis une porte se referma. Elle sentit quelqu'un s'asseoir auprès d'elle. Elle souleva doucement ses paupières et découvrit le jeune prince, le visage soucieux.

- Morgane, vous êtes réveillée.

- Combien de temps ai-je dormis ?

- Le soleil est bientôt à son zénith. Morgane, comment vous sentez-vous ?

- Mal. J'ai l'affreux désir d'exploser tout ce qui se trouve sur mon passage, voyant les traits de son ami se crisper, elle reprit. Rassurez-vous Arthur. J'ai appris à contrôler mes dons depuis.

- Je le ferais jeter aux cachots. Il paiera d'avoir abusé de vous Madame.

- Et ainsi tous auront connaissance de mon aventure. Vous ruineriez ma réputation et vous subiriez la colère d'Uther. Il vous reprocherait de ne pas organiser assez de rondes de nuit et vous mettrait la menace des ennemis de Camelot sur le dos. C'est inutile Arthur.

- Morgane, je me désole profondément de ce qu'il vous fait subir. Je ne l'aurais jamais cru capable d'une telle chose.

- Moi non plus. J'ai été trop naïve. Je suppose que ce morceau de parchemin que vous serrez avec tant de force...

- Oui, c'est le sien, la coupa-t-il. Je me suis permis de le lire. Il semble réellement désolé. Je sais que son geste n'est en aucun cas excusable mais je connais Merlin, il est bon et vous respecte énormément. Je suppose que nous avons tous nos faiblesses.

- Vos efforts pour le protéger sont bien vains devant moi Arthur. Il est votre ami le plus fidèle et je souhaite qu'il le reste. Mais il m'est impossible d'affronter son regard à nouveau. Il est préférable pour lui qu'il reste loin de moi. Mon cœur emplit de haine ne pourrait résister à l'appel de mes pouvoirs s'il osait m'adresser la parole. Me comprenez-vous Arthur ?

- Je vous entends Morgane. Je m'en assurerais je vous en fais la promesse.

- Pourriez-vous à présent appeler Mathilde afin que je m'apprête ? Je souhaiterais rester seule aujourd'hui.

- Prenez soin de vous Madame.

Le jeune prince se leva et lui déposa un tendre baiser sur le front avant de sortir. Une fois qu'elle fut seule, la jeune femme laissa les larmes qu'elle retenait couler le long de ses joues pâles. Elle se sentait salie et étrangement petite. D'agréables mais aussi détestables réminiscences apparaissaient devant ses yeux, la narguant, lui montrant une vérité tout autre. Celle d'une adolescente aveuglée par la passion, trop sotte pour voir les signaux du destin lui disant de l'oublier. Un gémissement douloureux franchit la barrière de ses lèvres. Comment avait-il pu la souiller ainsi ? Elle replia ses genoux contre elle alors que lui venait de longs sanglots. Elle se laissa aller, déclenchant une averse au dehors. Or, le pire, c'était qu'elle n'en avait cure.

* * *

   Elle inspira une grande bouffée d'air. Le vent se prenait dans les quelques boucles noires de ses cheveux et emportait les voiles bleu marine de sa robe. La journée était fraîche, comme les trois semaines précédentes. Peut-être était-ce elle, sans s'en rendre réellement compte, qui déréglait les saisons. Cela faisait aussi trois semaines qu'elle n'avait plus vu Merlin. Elle avait appris par Mathilde qu'il était revenu à Camelot une semaine après cette nuit de débauche. Or, il semblerait qu'Arthur prenne ses paroles très à cœur car il était absent même aux dîners ou simplement dans les couloirs qu'elle arpentait.

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