Chapitre V : « Il était le seul à connaître l'angoisse dans laquelle je vis. »

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   Des rires emplissaient la cour intérieure du château. Uther passa sa tête par la fenêtre. Morgane tenait les mains d'une petite fille, essayant de la faire marcher. Arthur était quelques pas plus loin, l'encourageant à venir jusqu'à lui. L'enfant riait et redoublait d'efforts. Le vieux roi fixa avec attention la jeune Morwën. Il voyait en elle une frappante ressemblance avec sa protégée. Mais cette dernière était si jeune et avait en elle les valeurs qu'il lui avait transmises. Il était impossible qu'elle ait pu cacher un tel secret. Cela faisait plus d'un an que son fils et elle l'avait supplié de l'épargner et la garder. Encore aujourd'hui, il se demandait si cela avait été une décision judicieuse ou non. Quoiqu'il en était, il n'avait qu'à regarder la douceur et la tendresse de Morgane pour cesser ses remises en question. Depuis que la fillette était entrée dans sa vie, la jeune femme n'avait jamais paru si radieuse, ses deux enfants avaient retrouvé leur complicité d'antan et il n'avait jamais demandé plus que cela. Il avait su dès le premier jour qu'elle les avait liés par une sorte de force surnaturelle, presque magique se permit-il à penser. Elle l'avait regardé avec ses grands yeux gris qui étaient incroyablement semblables à ceux de sa pupille, et il su.

- Majesté ! Ils sont revenus !

Le vieux roi bondit de son trône et se précipita vers le hall d'entrée. Il découvrit son fils montant les marches, aidant la jeune Morgane qui serrait contre elle un nourrisson emmailloté. Uther s'arrêta net, fixant le petit être recouvert de tissus et couvertures.

- Bonjour père.

Le souverain ne lui répondit pas, passant son regard de l'enfant au visage de sa protégée. Elle était radieuse et, lorsqu'elle leva ses yeux orageux sur lui, il redécouvrit cette étincelle de joie qu'il n'avait plus vue depuis bien longtemps.

Ils s'enfermèrent dans la salle d'audience où le vieil homme se laissa tomber sur son trône, las.

- Lequel de vous deux aurait la gentillesse de m'expliquer ?

- Père, cela fait longtemps.

- Un peu plus de neuf mois en effet Arthur. Vous ne deviez pas partir si longtemps. Mes hommes vous ont recherchés sans relâche.

- Vous n'êtes pas sans savoir que Dame Morgane était atteinte d'un mal impossible à guérir. Nous sommes allés voir une savante qui nous a donné son diagnostique et nous a appris le moyen de remédier à cela. Vous vous doutez bien que j'ai aussitôt appliqué sa méthode.

- J'ai frôlé la mort Majesté et, je n'ose imaginer mon état actuel si Arthur n'avait pas été là.

- Et quel était ce remède miracle ?

- Du repos, du calme et des breuvages afin d'apaiser la douleur.

- Et n'avait-elle pas tout cela ici ?

- Les bruits de la ville l'aurait dérangée. Père je vous en prie, voyez comme Morgane est resplendissante. N'est-ce pas tout ce que vous souhaitiez ?

- Si, naturellement. Et qu'avez-vous à me dire afin d'expliquer la présence de cet enfant ?

- Nous l'avons trouvée sur le chemin du retour. Il aurait été cruel de laisser cet enfant aux griffes des loups et autres bêtes sauvages.

- Vous êtes de bonnes personnes. Je confierais cet enfant à une nourrice dès aujourd'hui. Elle deviendra une citoyenne à part entière de Camelot.

La jeune femme se figea. Uther le remarqua aussitôt. Il comprit l'attachement que sa protégée avait développé envers ce petit être. La tâche lui sembla tout à coup bien compliquée. Comment la convaincre ?

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