Chapitre 2

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Bien évidemment, je n'avais rien pu écrire pour démarrer ce fichu bouquin, mais je ne me décourageai pas pour autant. J'avais déjà trouvé mon idée, il fallait maintenant trouver l'histoire, et je savais qu'elle n'était pas bien loin.

À quatorze heures pile, j'avais passé la porte d'entrée. Je n'étais pas forcément très ponctuelle, seulement déterminée.

Les employés m'avaient saluée et l'un d'entre eux me proposa même de l'aider à faire les lits. Après avoir partagé entre nous les draps propres à mettre, il m'indiqua comment m'y prendre. Il fallait respecter les numéros de chambre inscrits sur chacune des piles, puisque certains présentaient des réactions allergiques ou autres avec certaines lessives. Chaque information enregistrée, je commençai mon tour.

La plupart des pièces étaient vides, puisque leurs occupants passaient du temps avec les autres ou les rares visiteurs. Je m'étais permise de fredonner ce qui me passait par la tête, ce qui rendait la tâche bien plus agréable.

Cependant la chambre 106 était encore occupée, mais pensant qu'elle ne l'était pas, j'étais rentrée sans frapper.

– Oh ! pardon, monsieur... m'excusai-je confuse.

Le vieil homme assis face à la télévision grogna quelque chose d'inaudible, alors je l'ignorai et fis ce que j'étais chargée de faire en essayant de ne pas le déranger.

– Pourquoi tu continues à regarder cette émission si tu ne la supportes pas ? gloussa une voix familière qui entrait dans la pièce.

Je me tournai pour l'identifier : l'homme de la veille. Son regard sembla aussi surpris que le mien.

– Bonjour ! me salua-t-il.

– Bonjour, dis-je seulement en me remettant aussitôt au travail.

– T'as qu'à leur dire de me laisser regarder autre chose ! s'énerva son grand-père.

– Je leur demanderai, ne t'en fais pas. Tiens, je t'ai ramené ton journal.

– Hm.

Je me hâtais pour pouvoir m'éclipser au plus vite. Je ne voulais pas les déranger.

C'est alors que le jeune homme soupira face au désintérêt de son grand-père et s'approcha de moi.

– Je peux vous aider ?

– Euh, si vous voulez... Tenez, on va mettre la housse de couette.

Alors que nous nous affairions à la tâche, je lui lançai quelques regards discrets. Il semblait pensif, voire un peu contrarié. On termina bien vite et je pus quitter les lieux avec ma petite pile restante. Mais c'était sans compter sur l'homme qui m'avait suivie hors de la chambre.

– J'ai besoin d'un café, se justifia-t-il devant mon regard interrogateur.

Comme il me devança, marchant à quelques mètres de distance, je pus l'analyser de dos : ses cheveux bouclés qui retombaient sur son dos paraissaient parfaits, ainsi que son chapeau noir qui lui allait à merveille, lui donnant presque un air mystérieux. Pour finir, il n'était pas mal habillé non plus : il portait une chemise bleue et un pantalon noir.

Il s'arrêta à la fin du couloir, là où il y avait un distributeur de café et déposa une pièce.

Ma concentration portée sur lui, je fis tomber les housses de couette et draps qui étaient par dizaines dans mes bras alors que je m'apprêtais à entrer dans une nouvelle chambre. Sans oublier de lancer un juron, je me baissai pour les récupérer. J'aperçus très vite deux mocassins noirs, puis enfin une tête à mon niveau.

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