J'acceptai avec joie sans hésitation. Et pourtant, mon cœur accéléra à l'idée de la retrouver. Manque de temps pour toutes les deux, on s'était perdues de vue depuis bien longtemps. Bien qu'elle ait tout fait pour qu'on soit réunies, j'avais pour habitude de la négliger pour mon métier. C'en était de même pour mes parents qui essayaient de m'appeler généralement une fois par semaine pour avoir de mes nouvelles, mais qui tombaient bien souvent sur mon répondeur...
– Alors, tu avances sur ton nouveau livre ? me demanda-t-elle en me déposant un verre de jus.
Ma grande sœur n'était pas une rancunière et j'avais cette même qualité. On la tenait de notre père, je crois.
Elle habitait dans une maison de maître, elle était magnifique et très bien décorée. Cela était dû à ses bons goûts. Néanmoins, cette grande maison ne supportait pas grand monde puisqu'elle vivait seule avec son petit garçon, Stanley.
– Pas vraiment, avouai-je honteusement. Pour tout te dire, je veux écrire un livre sur la seconde guerre mondiale, mais rien n'y fait : je ne trouve pas l'Histoire qu'il me faut avec un grand h, insistai-je. Celle qui me motiverait et me donnerait la raison de cette envie qui s'empare de moi depuis quelque temps.
– Hum, je vois. Je sais pas trop quoi te dire, je ne peux pas t'aider, je suis nulle moi sur tout ce qui concerne l'imagination, rit-elle maladroitement.
– Mais ton métier, c'est aussi un peu de l'art. Tu écris, tu joues, tu convaincs. Et tu es bonne dans ça ! approuvai-je.
Même si cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas parlées, la rencontre avait été facile : on avait l'impression de ne s'être jamais éloignées.
Effectivement, Abby avait un don dans l'accueil, en plus d'en avoir un en tant qu'avocate. C'est pour cette raison que je l'aie toujours admirée. Elle avait cinq ans de plus que moi et pourtant, durant toute mon enfance, je ne me souviens pas d'une fois où je l'ai détestée pour quelconque raison.
– Tu vas me faire rougir ! plaisanta-t-elle alors que Stanley tira sa manche.
– Qu'est-ce qu'il y a ? posa-t-elle agacée.
– Je peux avoir du jus ?
Il avait six ans et quelques mois, il était vraiment adorable.
– Non, tu en as déjà bu tout à l'heure ! Si tu as soif, je te sers de l'eau, répondit-elle strictement.
Cette autorité lui avait permis de bien éduquer son enfant malgré l'absence du père. En effet, celui-ci avait divorcé quelques mois après la naissance de son fils. Je n'en ai jamais su l'explication et pour tout dire, plongée dans mes écrits, je n'avais jamais cherché à comprendre.
– Et toi, Stan, t'en as de l'imagination ?
Je regrettais parfois de ne pas passer plus de temps avec mon neveu. Je me souviens pourtant que la relation que j'entretenais plus jeune avec ma propre tante me semblait l'une des plus importantes. J'aurais aimé pouvoir partager ça avec Stanley.
Ce dernier me répondit d'un haussement d'épaules. Sa mère proposa alors à ce que l'on aille se promener sur la plage, à peine à cinq minutes d'ici.
– Y'a pas meilleur endroit pour trouver de l'inspiration !
•
Ça faisait un moment qu'on marchait silencieusement en observant le petit garçon courir sur le sable mouillé. Ça n'était pas gênant, il n'y avait rien à dire, rien de plus. C'était plutôt agréable, en fait. Depuis combien de temps ne m'étais-je pas accordée un moment pareil ?
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Page Blanche
FanfictionÉcrire des lignes, arracher les pages. Ça ne m'était encore jamais arrivé, mais pourtant, c'était devenu une réalité : le syndrome de la page blanche me tenait si fort que je ne pouvais lutter. Le changement d'environnement était une solution puisqu...