– ... et je me suis chargé d'annoncer son décès à sa famille. Je me sentais si coupable que j'ai tout fait pour les aider, aussi bien au quotidien que financièrement. Sa fille a eu un enfant et je suis devenu son parrain. Il vient me voir, une fois par an. J'espère que son grand-père le surveille de temps en temps, de là où il est.
J'avais parlé à deux ou trois personnes, pris des tas de notes que j'avais pris soin de ne pas mélanger, passé des heures à creuser, à chercher ce petit truc dont j'avais besoin sans vraiment savoir ce que c'était. Et pourtant, rien. Aucun déclic. C'était plus que frustrant.
Et plus j'y réfléchissais, plus je me demandais si finalement, l'histoire de Prince menait au même endroit ? Et si c'était seulement un homme qui cachait la même histoire que les autres ? Une histoire de guerre banale. Horrible, mais banale. Et si j'étais attirée vers le compliqué alors qu'il ne changeait pas du facile ?
Pourtant quelque chose, sûrement mon instinct, malgré le fait que j'avais mis ce vieillard de côté, me disait de ne pas abandonner. C'était lui qu'il me fallait, c'était son histoire qui allait m'offrir le déclic.
Cependant, je décidai tout de même de continuer mes recherches ailleurs, pour le moment. Je voulais être sûre de ne rien rater de mieux et de plus facile à atteindre.
En rentrant à l'hôtel ce soir-là, je fus interpellée par la femme à l'accueil.
– Madame Davon ?
– Oui ?
– Quelqu'un a cherché à vous joindre, il y a un peu plus d'une heure. Monsieur Georges Handsal ?
Mon éditeur. La panique faillit s'emparer de moi, il fallut que je fasse preuve d'un maximum de self control. Après avoir pris les coordonnées que me tendait la jeune femme, je la remerciai et m'éclipsai en vitesse. Une fois dans ma chambre et la main tremblante, je composai le numéro.
– Georges ? C'est Hailey. T'as cherché à m'appeler ?
– Ah ! Pas trop tôt ! s'exclama-t-il sur un ton loin d'être sérieusement en colère. Comment tu vas ?
– Super, et toi ? De quoi tu voulais me parler ?
Il ne dit rien pendant quelques secondes. À la place je l'entendis souffler longuement : il fumait.
– Tu sais très bien de quoi je vais te parler, Hailey. Écoute, je te laisse jusqu'à samedi, dix heures, pour organiser tes notes et venir me présenter un truc bien avancé. Je veux un chapitre au moins. Compris ?
– Compris... À samedi, Georges.
À peine avais-je raccroché que je composai déjà un nouveau numéro. Je me devais de tenir Michael au courant de toutes les nouveautés. J'espérais ne pas trop le décevoir.
– Il va falloir que tu arrêtes de m'appeler quand je travaille, gloussa-t-il lorsqu'on lui passa le combiné. Je te manque à ce point ?
– Promis je te dérangerai plus. Je voulais juste de donner les dernières nouvelles. Je euh...
Je pris un tout petit instant pour réfléchir. Michael voulait connaître l'histoire de son grand-père, il comptait sur moi pour l'aider. Je ne pouvais pas l'abandonner.
– ... fais une petite pause. C'est pas la peine que tu te déranges pour moi, demain. Je vais chercher quelque chose d'autre, pour l'instant. Histoire de voir si je trouve pas quelque chose qui viendra plus vite. Pour tout te dire, mon éditeur m'a appelée il y a quelques minutes à peine et je dois venir lui présenter un début ce samedi.
– Ce samedi ? répéta-t-il.
Je ne saurais pas trop décrire le ton qu'il employait. Surpris, peut-être un peu déçu, mais en tout cas, il cachait bien son jeu.
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Page Blanche
FanfictionÉcrire des lignes, arracher les pages. Ça ne m'était encore jamais arrivé, mais pourtant, c'était devenu une réalité : le syndrome de la page blanche me tenait si fort que je ne pouvais lutter. Le changement d'environnement était une solution puisqu...