Chapitre 5

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– Explique-moi, commença Michael en s'asseyant face à moi.

– Expliquer quoi ?

– Tes pistes.

– Comment peux-tu savoir que j'en ai ?

– Ton air confus. Le livre ouvert. Tes yeux qui ont l'air de dire "est-ce réellement ça ?".

Je fronçai les sourcils, étonnée par cette déduction des plus vraies.

– Ton grand-père n'a plus d'orteil : et s'il avait été torturé pendant la guerre ?

Il réfléchit un instant avant d'affirmer, sûr de lui :

– Impossible.

– Pourquoi ?

– Mon grand-père reste un mystère pour moi, et rien ne l'est, d'habitude, fit-il référence à sa déduction précédente. S'il avait été capturé, il n'aurait rien dit, et aurait été tué.

– Pas s'il...

– S'il y a une chose que je sais bien sur lui, c'est qu'il est têtu et qu'il ne change pas d'avis. Rien ne peut le faire douter, et ça j'en suis certain. Alors, s'il avait décidé dès la première seconde de ne rien dire, suite à son orteil coupé, pourquoi aurait-il été épargné ?

Alors que je pensais avoir trouvé la bonne piste, le brun venait de me prouver le contraire. Même si je pensais avoir raison, la seule chose que j'avais récolté, c'était une nouvelle question.

Michael avait l'air si sûr de lui, c'était étrange. Comment pouvait-il l'être ?

– Je crois qu'il ne faut écarter aucune piste. Il faut des preuves concrètes, pas des intuitions. Tu...

– Dit-elle, me coupa-t-il.

Alors que j'étais en pleine reflexion, son intervention me sortit de mes pensées. Mon regard se posa alors sur son visage auquel je n'avais finalement pas fait attention depuis le début de notre conversation. Il ne semblait pas de très bonne humeur.

– C'est pas le meilleur moment pour parler, c'est ça ? Tu veux qu'on remette ça à plus tard ? Ça me laissera le temps de fouiller les pistes et possibilités...

Mon interlocuteur soupira et laissa son regard balayer la pièce, comme s'il réfléchissait.

– Ouais. On en reparle demain midi, je suis exténué. J'ai besoin d'une pause je crois. Désolé.

Nous quittions alors le restaurant qu'il referma derrière lui. Il ne restait plus que nous, tous les employés et clients étaient rentrés. 

– Tu veux que je te ramène ? Ma voiture est garée juste ici.

De toute façon, j'allais commander un taxi. Alors pourquoi refuser ?

– D'accord, acceptai-je en le suivant.

On s'installa dans sa voiture, et alors qu'il démarrait le moteur, il fit :

– Je comprends mieux...

– Comprendre quoi ?

– La raison pour laquelle depuis hier, tu insistes sur son orteil, sourit-il en coin.

Je fronçai les sourcils, non sans déglutir nerveusement, ne comprenant pas où il souhaitait en venir.

– La dernière fois, tu m'as dit que tu avais l'intention d'écrire une histoire authentique, "de la vie", me cita-t-il. Un roman sur la seconde guerre mondiale sorti de la norme ?

On ne pouvait rien lui cacher, apparemment.

– Pourquoi es-tu de mauvaise humeur ? lui retournai-je une question pour changer de sujet.

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