Chapitre 9

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Katherine Jackson aurait été d'un grande aide. Après tout, elle aussi devait faire partie de ce mystère. Mais son fils m'avait clairement fait comprendre qu'elle aurait été aussi réticente que son père à l'idée d'en parler.

Pour être honnête, ce n'était pas son refus à elle qui m'empêchait de poursuivre cette piste. C'était celui de Michael. En m'affirmant que sa mère n'aurait pas voulu m'aider, il avait eu ce regard qui disait « et de toute manière je ne veux pas que tu l'embêtes non plus ».

Il n'y avait que sur le concerné lui-même et sur les archives que je pouvais compter. Seulement, les archives avaient été supprimées pour cause de trahison, et Prince semblait vouloir garder son histoire aussi bien qu'un mort.

Mes discours devenaient redondants. Que des choses que je savais déjà. Mais c'est à cette conclusion que j'arrivais à chaque fois. Tous les jours étaient les mêmes. Tous les jours étaient pleins de « je bloque, je bloque, je bloque, et pourtant j'insiste ».

Tout ça finit par payer.

J'étais en train de me préparer pour me rendre à notre rendez-vous quotidien quand je fus devancée par le téléphone. En entendant la voix de Michael, je fus persuadée qu'il annulait. Mais à son ton tremblant et à la panique qui résonnait dans le combiné, je devinais qu'il s'agissait d'autre chose.

– T'as de quoi noter ?

– Euh oui vas-y, affirmai-je en m'emparant de mon bloc-notes, tout de même dans l'incompréhension.

– Okay. Tu dois me rejoindre au plus vite au 422 White Street.

Je m'empressai d'écrire l'adresse avant qu'il ne raccroche. Puis, aussitôt, j'appelai mécaniquement un autre numéro appartenant à une compagnie de taxis que j'avais pour habitude de prendre.

– 422 White Street, répétai-je au chauffeur une fois dans la voiture.

Il s'exécuta aussitôt et plusieurs minutes après, j'étais arrivée devant une grande enceinte.

Ou plus précisément, un hôpital. Mes sourcils se froncèrent instinctivement.

Michael était blessé ? Pourquoi m'avoir appelée, dans ce cas...? Ça n'avait aucun sens.

Aussitôt, je fis le lien qui nous unissait tous les deux : son grand-père.

Son grand-père était blessé. C'était sûrement ça.

À cette soudaine pensée, mon cœur accéléra. Il était hors de question que je perde la seule personne qui pouvait me faire écrire un livre. Ça m'était inconcevable.

Je m'approchai alors de l'accueil à pas rapides, paniquée.

– Bonjour. J'aimerais avoir le numéro de la chambre de...

Je n'eus terminé ma phrase que Michael, venant par derrière, m'interrompit :

– Hailey ? Viens, c'est par ici.

Je me retournai pour lui faire face puis le suivis, affolée. Il avait les mains dans les poches et la tête basse. Il était surprenamment calme.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je enfin dans un des couloirs.

– C'est mon grand-père, fit-il d'un ton sombre. Il a eu un infarctus.

– Il est décédé ?! criai-je presque, choquée.

Il posa alors son regard sur moi, les sourcils froncés et l'air intrigué.

– Non. Mais j'espère sincèrement que ta question faisait preuve d'humanité, et qu'elle n'a pas été posée pour ton propre intérêt...

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