Du Rififi au Musée des Beaux Arts

Acte 2. Des chamailleries de vieux camarades

19h53. Kader sort du local technique. La nuit est tombée et il a allumé les lumières du Musée des Beaux Arts, cependant sa garde est loin d'être finie. Le préfet de Seine-Maritime donne une soirée dans la salle des statues, tout le gratin normand sera là. 

Il traverse l'entrée du musée en évitant les employés du traiteur qui finissent les dernières installations pour la fête à venir. Puis il se dirige vers le vestiaire réservé au personnel du musée. En entrant, il se retrouve face à Brahim qui l'attendait. 

"Tu as pris ton temps dis donc. Ça ne te ressemble pas, d'habitude tu es le premier partit, lui dit ce dernier avec un sourire entendu. 

- Malheureusement ce soir je serais le dernier. Je ne t'ai pas dit que je faisais des heures sup' ? répondit Kader, l'air fatigué.

- Hé ben mon vieux, tu vas avoir du pain sur la planche ! s'exclama son ami, les soirées du préfet durent toujours une éternité. Et puis avec l'explosion de Lubrizol les cravatés vont avoir de quoi perler toute la soirée. 

- Je sais, soupira Kader. Mais avec la petite qui vient de naître et mon premier qui veut faire une école de commerce hors de prix, je vais devoir mettre les bouchés doubles si je ne veux pas finir sur la paille. 

- Ecoute, Kader, nous sommes amis depuis 15 ans. Nous sommes rentrés ensemble dans ce musée et je t'ai toujours soutenu. Mais tu ne crois pas qu'il serait temps de dire à tes enfants que tu n'es pas le Père Noël et qu'ils ne peuvent pas tout avoir. Si tu continues à ce rythme là, tu seras six pieds sous terre dans 10 ans.

- C'est facile à dire quand on a ni femme, ni enfants, répondit Kader qui commençait à s'agacer des sermons de Brahim. Tu as toujours détester les responsabilités et tu ne t'ais jamais attaché à personne !

Ils sortirent du vestiaire et marchèrent en silence jusqu'à l'entrée du musée. Brahim sortit sans ajouter un mot et Kader prit place devant les portes, prêt à accueillir les convives qui commençaient à arriver.