Le Saigneur était déjà réveillé, Eranne douta même qu'il avait dormi. Elle non plus n'avait trouvé de repos, en partie à cause de cette forêt et de ses bruits inhospitaliers qui l'avaient épuisée. Son confort et sa famille lui manquaient. Et l'identité de son compagnon l'intriguait de plus en plus.
- Qui êtes vous ? demanda-t-elle à l'assassin.
- Un saigneur, je te l'ai déjà dit.
- Quel est votre nom alors? Et quelle est votre histoire ? Vous savez presque tout de moi.
- Un assassin n'a pas de nom, j'ai abandonné le mien depuis fort longtemps. Appelle moi Clay Timb si tu veux.
- Je croyais que vous n'aviez pas de nom, s'étonna Eranne.
- Il faut bien se démarquer entre saigneurs et assassins, j'ai adopté celui-ci, c'est simple. Bon, mets-toi en selle. On a encore du chemin à parcourir et si ces bandits appartenaient à une bande nous aurons des ennuis.
- Je vous ai vu en action hier, c'était impressionnant.
- J'aime qu'on flatte mon ego, dit-il avec fierté. Mais ne crois pas que je peux me battre contre six hommes en possession de leur moyen. Hier, ils étaient soûls et quatre.
Eranne se rendit à l'évidence, il est vrai qu'un assassin agissait dans l'ombre et ne combattait pas en à la loyale, surtout pas contre plusieurs personnes. Elle se mit en selle, confortablement cette fois ci, et suivit son compagnon.
Après plusieurs heures de chevauchée dans la forêt ils parvinrent enfin à Duroche. Eranne n'avais jamais vu de cité comme celle-ci, et il s'agissait sûrement de la plus grande de toutes. Duroche était en quelque sorte une cité-Etat qui se voulait indépendante, même si elle entretenait d'étroits liens avec l'Empire Karnatien, et était quasiment sous la direction de l'Académie des mages. Ces derniers n'avaient pas hésité à montrer leur prestige en construisant leur ville. La cité était entourée d'immenses remparts, et tous les cinquante mètres se trouvaient des tours de gardes décorées de feuille d'or. De plus, elle attirait beaucoup de monde et les rues étaient bondées. On y avait construit de grandes maisons à étages aussi impressionantes en longueur qu'en largeur pour loger tous ces habitants.
Au centre de Duroche, la célèbre bibliothèque des mages où on étudiait et consignait tout le savoir sur la magie, les sciences et la technologie, s'élevait jusqu'à en atteindre les nuages. Devant ce bâtiment de nombreux commerces permettaient l'accès à de nombreux services. On entendait le bruit des marteaux frappant l'enclume, des vendeurs annonçant des promotions, des animaux se faire égorger... Cette ville grouillait de vie.
Eranne s'émerveillait devant tant d'animation, mais ne s'imagina pas vivre ici, car un malaise la parcourait. Ils entrèrent par la grande porte de la ville, gardée pas quatre soldats. Les passages étaient assez libres, ils se fraillèrent un chemin sans encombre. Tous deux descendirent de leur monture et Clay Timb se sentit obligé d'avertir la jeune fille sur les dangers de Duroche.
- Mes principes m'ont poussé à te venir en aide. Vois-tu, j'essaye de tuer autant de gens que je sauve d'innocents. Je dois te traîner avec moi comme un animal, et ne veux pas te sauver les miches une deuxième ou troisième fois. Alors reste bien près de moi. Tu dois savoir qu'ici la criminalité est cent fois plus élevée que dans un simple village perdu comme le tien.
Eranne le regarda et secoua la tête pour signifier qu'elle savait à quoi s'en tenir.
- On va laisser nos chevaux à une personne de confiance, même si c'est difficile de faire confiance à qui que se soit ici. Suis-moi et ne dit rien.
L'assassin guidait Eranne et les chevaux dans les parties basses de la ville, là où vivaient les personnes les plus démunies et où on jetait toutes les ordures. Cela empestait la pourriture, l'urine, l'alcool, la sueur et par dessus tout, les excréments. Eranne, très sensibles aux odeurs, se couvrit le nez et plissa le front.
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Le Corbeau : Presage Des Ombres
FantasyLa Corruptionem est une guerre qui a opposé les Hommes à la Corruption, entité magique et ancienne déesse déchue. Cela fait presque un siècle que la terre est purgée de tous vices, mais la crainte de son retour emplit toujours le cœur des Hommes. Or...