SICK FROG! (C'EST BEAU OUI PLUS SICK QUE TU NE LE CROIS!)
PAS DE FAUSSE JOIE, KAMO, CE B'EST PAS TA CATHY QUI T'ÉCRIT CE N'EST QUE MOI.
Il faut bien que je t'écrive puisqu'on ne peut plus te parler. À propos de ta Cathy, je te signale que l'ai rencontré. Je te la présenterai qu'a D tu voudras. Elle vaut la peine d'être vue, crois-moi.Salut, Moi
Je savais que Kamo répondrait à cette lettre. J'en étais certain parce que je la lui avais envoyé dans une des enveloppes utilisées par Catherine Earnshaw. Même sceau de cire, même cachet postal, une enveloppe rédigée par la même main, à la plume d'oie!
Il me répondit, en effet, le lendemain, en me coinçant contre la rangé de portemanteaux, à la porte du cours de maths.- Je ne sais pas ce que tu as fait, Nic comment tu t'y es pris, mais tu as eu tort !
Il me broyage le bras et son coude M plaquage contre le mur. La tête prise entre deux patères, j'étais obligé de le regarder en face.
- Il faut jamais réveiller l'homme qui rêve, il peut devenir fou !
Sa voix sifflait entre ses dents et c'était bien une leur de folie qui va collait dans son regard.
L'arrivée de M. Arènes me sauva de justesse.- Les mathématiques d'abord, jeune gens, vous vous entretuerez ensuite.
Prétextant une migraine, je quittai le cours de maths dix minutes avant la fin et m'évader du collège par la porte de l'économat. Je plongeai dans le métro et disparus sous Paris pendant deux heures, cherchant à semer un Kamo que je croyais voir partout E qui pourtant ne me suivait pas. Saut dans le wagon à la demi-seconde où la porte se referme, bond sur le quai quand le train roule encore, fuite sonore dans les couloirs, brusques changements de direction, la peur, la vraie. Jusqu'à ce qu'un petit rire muet retentisse en moi, parce qu'il faut bien se calmer enfin.
Il faisait nuit noire quand je cherchais à tâtons le bouton de la minuterie dans le hall de mon immeuble... Ce fut sur une main que je posai la mienne.
sursaut glacé.Le plafonnier s'alluma. Kamo se tenait debout devant moi.
- Alors, cathy, tu me la présentes ?
- Demain, kamo, demain.
- Tout des suite !
- Mes parents m'attendent.
- Ma mère ne m'attend pas, moi.
Il y avait plus trace de folie dans ses yeux. Une volonté dressé comme un mur, c'est tout. Pas moyen de reculer.
Nous sommes ressortis dans la nuit. Silence dans le rue. Silence dans le métro. À croire que la ville entière se taisait. Les stations défilaient Kamo ne me regardait pas. Je ne regardais pas Kamo. Et puis il a parlé, les yeux braqués devant lui.
Et ce qu'il m'a dit m'a tellement surpris que ma bouche s'est ouverte avec un bruit se ventouse qu'on décolle.- De toute façon, Cathy m'a demandé de venir la voir.
Ma bouche n'était pas encore refermée qu'il ajoutait :
- J'ai attendu le plus longtemps possible, mais je ne peux plus reculer, maintenant; elle souffre trop, il faut que j'y aille.
Et ils s'est mis à me parler de toutes les lettres que lui avait envoyées Cathy (il les connaissait par coeur!) jusqu'aux dernière, où elle ne parlait que d'une seule chose : la disparition de «H».
- Parce que «H» a foutu le camps de chez elle, tu savais ça ?
Non, ça, je ne le saviez pas.
«H» s'était enfui par un soir de tempête. Cathy avait fini par se passer de ses révoltes, de ses cheveux hirsutes, de son tempérament sauvage. Elle s'était fait fait de nouveau amis, Edgar et Isabelle Linton, bien élevés, eux, bien vêtus, suavement parfumés, et elle avait abandonné «H» à ses guenilles, à sa rage, à lui-même. Il avait disparu dans la nuit et plus personne ne l'avait revu. Maudit hiver 1777, hiver maudit! Les lettre de Cathy n'étaient plus que longues lamentations :
«o Kamo! Kamo! Nous cessions d'exister en cessant d'être aimés!
Elle s'accusant d'avoir «précipité "H" Dans un puits sans fond d'où ne montait aucun appel »... Des phrases de ce genre. Oui, longues lettres désespérées auxquelles Kamo ne pouvait répondre qu'une seule chose, toujours la même :
«Je suis là, Cathy, et je suis votre ami. »
«Là, dites-vous? Où cela, s'il vous plaît? Deux siècles plus loin? »
Et une nouvelle vague de chagrin couchait les mots de Cathy les uns contre les autres. (« Il souffle un vent terrible dans ses lettres », disait Kamo.) Des phrases entière, soudain affolées, se bousculaient jusque dans les marges :
«Je suis méchante, Kamo, si méchante! Je l'ai été avec mon père, je l'ai été avec "H", je suis méchante, tout le monde le dit, et tout le monde a raison. »
«Non, Cathy, vous n'êtes pas méchante, je le sais bien, moi... »
«Oh! Vous, cher Kamo, deux cents années ailleurs... Êtes-vous mon rêve? Existez-vous seulement ? »
De lettre en lettre, une douleur que les réponses de Kamo apaisant de moin en moins, jusqu'au jour où Catherine Earnshaw lui écrivit enfin. (Mon Dieu, cette écriture de pluie violette, presque effacée!)
«Je ne crois plus en vôtre existence, cher Kamo, plus assez pour continuer à vous écrire... Si vous existez tel que je vous Imagine, je vous en pris, trouvez un moyen, il faut que je vous voie... »
Et c'était cette dernière lettre que Kamo, maintenant, me brandissait sous le nez, tandis que le métro s'immobilisait en chuintant.
- Tu vois, même sans toi, j'y serais allé! Alors, où est-ce qu'on descend ?
La question me dit sursauter, je jetai un regard affole autour de moi.
- On fait demi-tour, Kamo, tu nous as fait rater la bonne station avec tes conneries !
Sur le quai, je donnai un coup de pied à une poubelle métallique qui sauta du mur et glissa en hurlant. Quelqu'un me traita de voyou. J'étais furieux. Je venais d'écouter Kamo pendant un bon quart d'heure, comme si j'y croyais! Des larmes avaient remplis les yeux de mon ami et mon propre coeur s'était serré. Une station de plus, et j'aurais pleuré avec lui! Au fur et à mesure qu'il me récitait ses lettres (et en anglais!) Cathy redevenait pour moi aussi bouleversante que pour lui! Mais, non d'un chien, je l'avais vue, moi, Cathy, la vraie! Je l'avais vue! En chair et en os! Et entendue !
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Kamo l'agence Babel (1992)
Mystery / ThrillerKamo, un adolescent parisien de 14 ans fait le pari avec sa mère d'apprendre l'anglais en trois mois. Il débute alors une correspondance avec la mystérieuse Catherine Earnshaw par l'intermédiaire de l'agence Babel. Le narrateur, meilleur ami de Kamo...