Chapitre 2

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Son regard restera à jamais gravé en moi. Mais ça, à cet instant, je ne m'en rend pas compte. J'admire ses yeux qui me détail, cherche à comprendre ma réaction. Je ne le comprend pas moi même. Pourquoi être partit à la recherche d'une femme qui m'effrai et qui a refusé de nous suivre, quitte à mourir brûlée vive ? Aucune idée. Ma bonne conscience très certainement. Un jour mon besoin de bien agir aura ma peau. C'est peut être d'ailleurs le cas aujourd'hui. Avec ma fuite j'ai peut être signé mon arrêt de mort et celui de ce pauvre pompier venu à mon secours. Je plonge mes yeux une dernière fois dans les siens, essayant de les graver à jamais dans mon esprit, même si, en réalité, ils sont déjà imprégnés en moi.

- Vous seriez retourner auprès des autres ? me demande le soldat du feu qui me tient toujours le poignet.

Je hoche la tête de façon affirmative. Je tente de respirer du mieux possible et parler est trop dure, trop douloureux.

- Allez-y alors, je m'occupe d'elle.

Sa main me libère de son étreinte et malgré la chaleur ambiante, j'ai froid à notre ancien point de contact. Je le regarde s'éloigner en direction de mon ancien espace de travail. Mon héros disparaît dans la fumée aussi silencieusement que s'il n'avait jamais été la.

Je reviens sur mes pas, me tenant au mur. Il est de plus en plus difficile de tenir debout et de respirer. J'avance doucement et me demande comment j'ai bien pu faire pour courir. J'envisage une seconde de retirer mes talons mais réalise vite que le carrelage doit être brûlant. Encore un pas...

D'un coup, un bruit effroyable se fait entendre. Quelque chose est tombé et un cri l'a accompagné. Un cri masculin...

Oh mon dieu...

Dans mon esprit s'imprime l'image de mon pompier allongé sur le sol. Sans réfléchir, encore une fois... je cours en direction du vacarme. Mes jambes ont du mal à me porter mais je pousse mes capacités aussi loin que je peux.

À l'entrée de l'Open Space, un amas de débris jonche le sol. Sur la droite, je vois le masque du pompier. Je suis à trois mètres de lui et pourtant je vois parfaitement ses yeux. Effrayés.

Je soulève les barres qui tiennent normalement le plafond ainsi que les plaque de placo. Une barre de néon et le voilà enfin libre.

- Merci... me dit-il essoufflé.

Un peu plus loin, sur le sol, gît le corps de Maryse. Je tente de m'en approcher mais le pompier m'en empêche. Son casque fait des va et vient de gauche à droite. Elle est morte...

Oh mon dieu...

Le soldat m'aide à me relever et nous remontons le couloir. La traversé me paraît durer une éternité. Quand nous arrivons enfin au bout, il n'y a plus personne. Logique. Nous empruntons la cage d'escaliers et rejoignons le rez-de-chaussée avant d'enfin sortir de cet enfer.

Dehors, c'est l'effervescence. Il y a du monde partout. Des pompiers, la police, le samu et des civiles. Tout le monde s'agite dans tous les sens tandis que mon héros et moi ne bougeons pas, figés devant les portes du bâtiment.

Rapidement des infirmiers nous voient et viennent à notre secours.

- Mademoiselle, venez, m'ordonne l'un d'eux en me tirant vers vers une ambulance.

Ma main finit par lâcher le bras de ce pompier qui m'a sauvé la vie. Je le regarde avant qu'il ne soit emmené lui aussi, loin de moi. Il se tient les côtes et boite. Je veux savoir s'il va bien, s'il s'en remettra. Je ne veux pas qu'on l'éloigne de moi.

Un dernier regard pour cette homme que j'ai sorti des décombres d'un plafond effondré. Mon regard rencontre le sien. Son visage est toujours dissimulé par son masque à oxygène. Puis il disparaît derrière un camion rouge, gyrophare tournant. Je ne sais pas où il va, je ne sais pas si je le reverrais, je ne sais rien. Cette idée m'angoisse et je me débat de la prise de l'infirmier pour tenter de rejoindre mon pompier mais l'homme me tient fermement. Impossible de m'échapper.

- Calmez-vous, c'est finit, vous êtes sortit.

Je sais que je suis sortit. Non, je ne fais pas une crise de panique. Je regarde l'infirmier qui tente de me faire asseoir à l'arrière de l'ambulance pour m'osculter. Ce qu'il découvre sur mon visage remplit le sien de compassion.

J'ai une si sale gueule ?

Il ne me laissera pas partir... alors je capitule et fais ce qu'il me dit. Je m'assoie et le laisse m'examiner et immédiatement un masque à oxygène atterrit sur mon visage.

Je retrouverais ce pompier, je m'assurerais qu'il va bien, je le remercierais et je lui présenterais mes excuses. À cause de moi il a faillit mourir. Si je n'étais pas revenu... cette simple idée me retourne l'estomac. D'un geste vif je pousse l'infirmier sur le côté et vomi sur le bitume.

Je ne me sens pas bien. L'homme me regarde et me fait monter sur le brancard.

- On vous transporte à l'hôpital.

Parfait, je retrouverais mon soldat du feu là-bas !

Je monte donc docilement et m'allonge sur le brancard. Je tousse énormément mais l'oxygène du masque me fait du bien.

***

À l'hôpital je reçois tout une batterie d'examen et de traitement. Je passe une bonne partie de ce temps dans le coltard, incapable de me rappeler de ce qu'il se passe. Je suis resté hospitalisé deux jours pour surveiller mon évolution. Le médecin m'a dit que j'avais eu énormément de chance, que j'aurais pu en mourir. Sa remarque m'a glacée le sang. J'ai revu le corps de Maryse étendu sur le sol...

La police est venu me poser des questions mais je n'ai rien pu leur dire de plus qu'ils ne savaient déjà. Julie était à quelques chambre de moi mais à put sortir avant moi.

J'ai essayé d'avoir des informations sur l'état de santé de mon pompier mais personne n'a voulu me répondre. Je ne sais même pas s'il se trouve dans le même hôpital que moi. Je ne sais pas si son état était grave. Personne n'accepte de me donner la moindre information parce que je ne suis pas de la famille. J'ai pourtant harcelé tout le personnel de l'hôpital, aussi bien le service de jour que celui de nuit. Rien à faire, c'est peine perdue.

J'emballe mon pyjama dans mon sac de sport pendant que Julie et son copain m'attendent dans le couloir. Je sors enfin de cette prison. Bon ok, ils m'ont sauvé la vie... mais leur silence face à mes questions m'agace.

Je sors de la chambre et rejoins le petit couple. Ils sont adorable. Quentin tient son amoureuse dans ses bras tandis que son visage a elle est blotti dans le creux de son épaule. Je sourie devant ce spectacle qui m'attendrir autant qu'il me rend jalouse. Moi, personne ne m'attend à la maison. Pas même un animal de compagnie. L'avantage, c'est que personne n'a ressenti mon absence. Enfin, est-ce vraiment un avantage ? Bref.

Je me racle la gorge pour leur signaler ma présence à mon amie sort de sa cachette douillette. Elle me lance un sourire désolé avant de passer son bras autour de mes épaules.

- En route mauvaise troupe ! déclare-t-elle guillerette.

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Où Que Tu Sois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant