Chapitre 10

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Je grimpe l'escalier jusqu'au premier étage et pénètre dans l'appartement de mon amie. La porte est déjà ouverte, m'attendant. À l'intérieur je suis saisie par l'odeur de cannelle qui imprègne les lieux. Lénie adore et fait brûler des bougies imprégnée de cette fragrance à longueur de temps. À tel point qu'elle embaume ses créations et est devenu sa marque de fabrique. Chaque de ces clientes lui dit combien ses confections sentent bon.

Je pose mon manteau sur l'accoudoir du canapé, comme à mon habitude, au grand damne d'Hélène qui s'empresse d'aller l'accrocher dans l'entrée. Elle est maniaque et supporte donc très mal les choses qui traîne. Mon amie fait donc partie de ces gens qui disent "fais pas attention au bordel" alors qu'il n'y a pas un poil de tapis de travers...

- Un café s'il te plaît, j'ai apporté le goûté ! je signal en agitant mon sac qui craque à chacun des à-coup.
- Oh génial, je meurs de faim !

Je ris face à sa réponse et me réjouis systématiquement de la voir manger, elle qu'il a fallu nourrir par perfusion pendant son traitement. Un flash de mon amie amaigrie se superpose à celle que j'ai face à moi. Je revois ses joues creuses, ses mains squelettiques, son teint gris, sa difficulté à marcher...

Je me secoue, savourant ce qu'elle est aujourd'hui : une femme pleine de vie et d'énergie.

Lénie revient avec deux cafés et des serviettes pour nos mains puis pose le tout sur la table à manger. Je me lève de son divan diaboliquement moelleux et la rejoins. Jamais elle ne me laisserait savourer une viennoiserie ailleurs qu'à table, bien trop de miettes seraient susceptibles d'envahir sournoisement son appartement.

- Alors, prête pour ton opération ? je lui demande la bouche pleine.

Ne me jugez pas, je sais que ça ne se fait pas, j'ai juste super faim !

- Je l'attends tellement, rêvasse-t-elle.

Lénie ne porte plus aucun vêtement près du corps ou décolleté. Sa garde robe se compose de tee shirt basique, de sweat-shirt et de marcel. Elle qui était si coquette vie très mal sa nouvelle apparence malgré sa joie de vivre.

- Et la tatoueuse c'est quand ? je demande en croquant dans un nouveau décile suintant de gras.
- Dans dix jour.

Je la regarde surprise. Je ne m'attendais pas à ce que se soit aussi tôt, son opération est dans trois semaine et demie.

Mon amie n'ayant pas de photo de sa poitrine nue avant son l'ablation, elle va devoir d'écrire au mieux ses anciennes oréoles afin que l'artiste lui propose quelque chose le plus rapprochant.

Lénie est excitée comme une puce. Elle agite les bras dans tous les sens pendant son récit, son sourire lui mange les joue et rejoint ses oreilles. Elle irradie le bonheur et ça me réchauffe le cœur de la voir si heureuse.

Mon amie me parle ensuite de sa surcharge de commande. Elle croule tellement sous les demande qu'elle a du fermer les demande pour un temps indéterminé, jusqu'à avoir bouclé tout son travail en attente.

Beaucoup de ses clientes lui envoient, après la naissance, des photos des bébés arborant ses créations. Lénie à consacré un mur de son atelier pour les accrocher et se rappeler pourquoi elle aime tant son travail.

Elle me montre les derniers photos reçues, toutes plus belles les unes que les autres. Une pointe de nostalgie me saisie. J'ai toujours rêvé d'être maman mais je n'ai jamais trouvé chaussure à mon pied, comme on dit. Les yeux polaire de mon pompier apparaissent derrière mes paupières.

Je secoue la tête, ne pouvant me laisser à espérer que mon sauveur puisse un jour être celui qui me donnera un petit être à chérir. Je repose la photo d'un petit blonde en pyjama rose profondément endormit et sourie à Lénie.

- C'est vraiment génial, la meilleure des récompense, je la félicite.
- Des parents heureux, oui, je ne pouvais pas rêver mieux.

Je parle ensuite à mon amie de l'incendie. Je lui parle de Maryse allongée sur le sol qui me hante la nuit. Je lui parle de ce pompier qui m'a sortie couru après quand j'ai foncé en direction des flammes. Je lui parle de cet homme allongé sur le sol sous un tas de décombres, coincé. Je lui parle de son bras qui a quitté ma main une fois dehors. Enfin je lui parle de mon besoin de le retrouve. Je lui raconte ma journée et lui relate mes échecs répétitif.

- Peut-être que tu devrais écouter cet homme et regarder vers l'avenir, oublier celui qui t'a sauvé, me suggère-t-elle.

Je secoue la tête négativement. Je ne peux pas faire ça, je ne veux pas.

- J'ai besoin de le voir pour tourner la page Lénie...

Son regard se fait compatissant, comme tout ceux que j'ai vu dans les casernes.

- Pourquoi tu me regarde comme ça ? je lui demande du tac au tac.
- Quoi ? Non, rien... c'est juste que...
- Que quoi Lénie ? je la presse.

Mon amie pousse un soupir avant de finir par cracher le morceau.

- C'est triste de te voir t'attaquer à un fantôme... Peut être que lui ne veut pas te voir, tu y a pensé ?

Je me laisse tomber dans le fond de ma chaise, stupéfaite par la réponse de mon amie. C'est donc ça que pense tous ces gens ? Ils ont pitié de moi parce que je cours après un homme que je ne connais pas ?

- Je veux juste le remercier, pas l'épouser, je répond abattu.
- Tous ces gens que tu as vu, ils lui passeront le message Izy, avance maintenant.

Mon amie clos sa phrase d'un sourire réconfortant. Je ne peux pas faire ce qu'elle me demande mais hoche la tête pour lui faire plaisir, elle s'inquiéterait trop pour moi sinon.

Je relance la conversation sur un sujet plus léger, plus gaie, et lui demande de m'accompagner au mariage de Julie. Ma collègue a décidé de le fêter sous la neige, après tout, nous vivons à Annecy, c'est une bonne idée.

Lénie écarquille les yeux, tellement que je crains qu'ils ne tombent, puis pousse un cri entre le bébé capricieux et le chat à qui on aurait écrasé la queue. J'explose de rire, me tenant les côtes.

- OH OUI OUI OUI OUI ! s'écrit-elle en se levant et en fonçant dans sa chambre.

Je l'entend ouvrir un tiroir, un autre, une porte, jeter des choses, puis la vois revenir horrifiée.

- Izy ! J'ai rien à me mettre !

Je me marre de plus belle.

- T'inquiète, t'auras été opérée et tatouer, tu pourras mettre ce que bon te semble.

Son visage s'illumine comme un million de soleil.

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Où Que Tu Sois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant