Chapitre 6

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J'ai les yeux grands ouverts bien avant que mon réveil ne sonne. Je ne sais pas bien pourquoi je l'ai laissé, par peur de prendre de mauvaises habitudes sûrement. Ces vacances forcées sont bienvenues mais je me connais et sais que je vais finir par tourner en rond dans mon petit appartement, comme un lion dans sa cage, un poisson rouge dans son bocal. L'idée me provoque un frisson dans le dos et m'incite à sortir de mon lit douillet.

Au moment de poser le pied par terre, le bruit strident de mon téléphone, m'alertant sur l'heure, me vrille les tympans. Comment je peux supporter ce vacarme tous les matins sans être de mauvaise humeur pour la journée après ? Il faut que je pense à changer ça pour mettre une musique douce.

Je me fais couler un café et allume la télé. Ladybug fais des pirouette à l'écran et je m'empresse de changer de chaîne. Je n'ai pas d'enfant, je vais donc m'éviter la souffrance d'endurer des dessins animer au saut du lit.

Je zappe sur les chaînes musicales tandis que ma cafetière fait un bruit de marteau piqueur. Aucune chanson ne me plait, ne m'inspire. Je lance alors Netflix et fouine dans ma liste à la recherche d'un truc sympa à regarder devant mon petit déjeuner.

Je fais défiler les icônes, me demandant par moment comment j'ai pu ajouter certains films à ma liste, je devais être bourrée, sans aucun doute...

Mon choix s'arrête sur Umbrella Academy. J'attrape ma brioche, ma pâte à tartiner, mon café et un verre de jus d'orange pendant que l'épisode charge. Je pose mon fessier quand les premières images apparaissent.

Je réussi à rester concentrer pendant les deux tiers de l'épisode. Le reste est assez flou, perdue entre ce que mes yeux voient et ce que mon cerveau se remémorent. Ces yeux... bleus, si bleus. Je n'en avais jamais vu d'aussi clair, s'en est perturbant.

Je range mon bazars, fais le peu de vaisselle que j'ai utilisé et fonce dans ma chambre me préparer. J'attrape un jean skinny noir, un pull fin de la même couleur et une paire de bottines à boucles et clous. Eh oui, malgré mon interdiction de toucher une moto, le style rock, motard, m'a toujours attiré et déteint sur mes vêtements.

Devant le miroir, je me nettoie le visage et m'applique une poudre unifiante. Je fixe mes yeux en amande, héritage de maman qui est japonaise. Je passe un coup de crayon noir à l'intérieur de mes yeux pour les mettre en valeur. Il paraît qu'ils sont magnifiques. Un peu de mascara et j'en ai finis avec mon maquillage. Je ne suis pas du genre à en mettre beaucoup, préférant le naturel.

J'attrape mes clés de voiture, une veste en cuir et sors de chez moi. La liste des casernes dans mon sac, je dévale les marches pour arriver au parking. Ma voiture jaune poussin est visible à un kilomètre à la ronde, je marche dans sa direction, l'ouvre et entre. J'installe mon téléphone sur son support et entre l'adresse de la caserne la plus proche de chez moi. 

- Mais non, c'est celle près du boulot que je dois mettre, je m'exclame à voix haute.

J'efface l'itinéraire et regarde sur internet laquelle est à proximité de mon ancien travail. J'entre ensuite la nouvelle adresse et démarre ma voiture.

Conduire à toujours été une passion pour moi. Être au volant me donne l'impression de laisser mes problèmes sur le trottoir. Je me sens libre, maître de moi. C'est un sentiment particulier que tous les conducteurs ne partage pas. Pour moi, conduire est plus qu'un moyen de me rendre d'un point à un autre, c'est un véritable plaisir.

Je m'engage sur une rue assez fréquentée, m'insérant au trafic toujours chargé à cet endroit. Au loin, un moteur de moto attire mon attention. J'en cherche l'origine dans mes rétroviseurs jusqu'à le trouver, cinq voitures derrière moi. Il tente de passer entre deux véhicules bien trop proche pour lui permettre le passage. Un coup d'œil sur la route devant moi puis retour à mon rétro, le mortar à disparu. Je cherche à droite, à gauche, le voilà. Il a contourné le problème et passe sur la file à côté de la mienne.

Quand il passe à ma hauteur son rouge rutilant reflète les rayons du soleil et son moteur fait vibrer mon cœur. Je le suis du regard jusqu'à ne plus le voir du tout, engloutit par la marré automobile.

La voix électrique de mon GPS m'ordonne de tourner à droite, je suis donc docilement ses indications. Je veux retrouver cette homme aux yeux de glace. Je veux lui dire combien je lui suis reconnaissante de son aide, combien je suis désolée de l'avoir mit en danger et combien je suis rassurée qu'il aille bien.

Quand enfin le bâtiment apparaît devant moi, je me gare et l'observe. De grandes portes de garages très hautes occupe toute une façade de l'édifice. L'une d'elles est ouverte et un camion rouge est visible à l'intérieur, une échelle repliée sur le toit.

Penchée sur mon volant, le tenant dans mes bras pour être au plus près du pare brise, j'admire la vue, fascinée. Comment une simple caserne de pompier peut autant me captiver ? Je ne suis même pas sûre de trop mon hero ici.

Un dernier coup d'œil et je saute hors de ma voiture. Je marche d'un pas lent jusqu'à l'entrée de la caserne, envahi soudainement par le stresse.

Je pensais que l'entrée serait protégée par une grille, un interphone, un vigile, un chien de garde. Rien. Absolument rien n'empêche l'accès. N'importe qui peut entrer ici. Et si quelqu'un de malveillant voulait leur faire du mal ? Cette idée me glace le sang. J'entends tellement parler de pompiers recevant tout un tas de projectiles après avoir été appelés pour éteindre des feux criminels. Quel est l'intérêt franchement ? Ces gens ont consacré leur vie à sauver celle des autres, pourquoi leur vouloir du mal ?

Devant la porte, j'hésite. Que dois-je faire ? Frapper ? Entrer ? Attendre que quelqu'un me voit ?

Je tente donc la première option, attendant une bonne minute avant d'abaisser la poignée et d'entrer dans la caserne.

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Où Que Tu Sois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant