Chapitre 7

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Mes parents m'ont toujours appris à être une fille sage et respectueuse. Dire bonjour, s'il vous plaît et merci. Ne pas m'assoir sans autorisation face à un supérieur. Mais surtout, surtout, ne jamais entrer dans un endroit où je n'ai pas été invitée, c'est impoli et irrespectueux.

J'ai été élevée de façon souple mais ferme. Je pouvais faire ce que je voulais du moment que je ne provoquais pas de vague. Au moindre dérapage, c'était les punitions les plus pénalisantes qui m'étaient infligées. J'étais privée de téléphone, de rasoir ou même de pince à épiler. Si, si, je vous jure, de pince à épiler. Vous n'imaginez pas à dix-sept ans comme on peut déplorer l'absence de ce petit objet. Ma photo de classe et mes sourcils broussailleux s'en souvient encore...

C'est donc en allant à l'encontre de tous mes principes, de tous ce que papa et maman m'ont inculqués pendant toutes ces années, que je pénètre dans la caserne. Je me sens mal, anxieuse, stressée. Tout un mélange d'émotions provoqués par mon entrer dans un lieu aussi sacré sans autorisation mais aussi par la possibilité de Le retrouver.

- Hey ho ? Il y a quelqu'un ? j'appelle dans le grand espace vide.

Ma voix résonne, rebondie sur les murs, me revenant assourdie aux oreilles. Je regarde autour de moi, admirant l'espace. Je suis dans un hall immense. On pourrait y faire entrer au moins trois de leur plus gros camions. La hauteur sous plafond est vertigineuse. J'admire le toit en tole percé de nombreux puit de lumière, éclairant l'endroit d'une lumière chaleureuse et réconfortante.

À ma droite se trouve un escalier en fer sécurisé d'une rambarde rouge flamboyante. À son sommet, une passerelle mène au delà des murs qui encadrent cet endroit, passant au travers comme s'il n'était que poussière.

Tête toujours levée vers le ciel, j'entends une voix masculine me parvenir aux oreilles.

- Je peux vous aider ? me demande un pompier.

Je ferme les yeux une fraction de seconde, me remémorant ce regard d'un bleu si particulier, priant pour qu'il soit face à moi quand je rouvrirais mes yeux.

Je fixe l'homme qui avance dans ma direction, il est vêtu de bleu marine de la tête au pied. Une bande rouge enserre ton torse et sa fonction est inscrire en lettre blanc brodées. Ses boots claquent sur le carrelage à chacun de ses pas.

Je plonge mon regard dans le sien, essayant d'y déceler quelque chose, n'importe quoi.

À ma grande déception, l'homme ne réagit pas en me voyant. Je lui suis, visiblement, totalement inconnue. Aux vues de sa réaction, j'espère ne pas retrouver les yeux que je recherche dans les siens tout d'un coup. Ce regard me hante tellement que je serais profondément blessée qu'il ne me reconnaisse pas.

Ce jour là, lui a très bien vu à quoi je ressemblais. Je ne connais que ses yeux mais lui saurait me reconnaître en me voyant.

Le soldat du feu s'arrête une fois arrivé à ma hauteur et m'envoie un sourire chaleureux auquel je répond avec plaisir. Ce n'est pas l'homme que je cherche, je vois ses yeux et ce ne sont pas ceux que je suis venue trouver.

- Bonjour... je dis timidement.

Maintenant que je suis face à lui je ne sais pas quoi lui dire, comment lui poser mes questions. Que dois-je dire pour ne pas passer pour une folle ?

- Vous recherche quelque chose ? me demande-t-il. Quelqu'un peut être ?

Je sens mes joues s'enflammer à cette seconde question. Oui, je cherche quelqu'un...

- Eh bien, à vrai dire, oui...

Je ne trouve pas mes mots, impressionnée de me retrouver si proche d'un pompier. Ils sont les supermans de la vraie vie. Ces héros trop souvent négligés. Pas assez souvent admirés. Trop peu remerciés. Beaucoup trop oubliés.

- Oui... quoi ? me demande-t-il avec un sourire encourageant.

Je prend une grande bouffé d'air et attrape mon courage à deux mains.

- Je recherche quelqu'un.

Le pompier hoche la tête et m'invite à poursuivre.

- Il y a eu un incendie la semaine dernière, avenue de la république. Êtes-vous intervenu dessus ? je réussis enfin à demander.

Son sourire se fait compatissant, comme s'il lisait en moi. Quelle image puis-je lui renvoyer pour provoquer un changement pareil chez lui ?

- Oui, nous sommes intervenu, comme toutes les caserne de la ville ainsi que des collègues disponibles dans les villes voisines. Qui recherchez-vous ?

Merde... "Des collègues disponibles dans les villes voisines". Jusqu'où sont-ils aller chercher de l'aide ? Comme si cinq casernes n'étaient pas suffisantes, je dois en plus aller à la pêche de quelque pompiers, par ci par là, venu en renfort...

- Je recherche... je commence hésitante.

Je ne sais plus trop si je dois aller jusqu'au bout. J'ai, soudainement, l'impression de rechercher une aiguille dans une botte de foin. À part avec un détecteur de métaux, je ne vois pas comment arriver à mes fins....

- ... un pompier qui m'a sauvé, je finis quand même par dire.
- Pour ? me demande l'homme face à moi.
- Le remercier, je lui répond surprise.

Pour quoi d'autre voudrais-je le voir ? Il m'a sauvé, je l'ai mit en danger. Je dois m'excuser également...

- Je suis sûr qu'il sait que vous lui êtes reconnaissante, tente-t-il de me rassurer.
- Ce n'est pas suffisant, j'ai besoin de le lui dire...

L'homme me regarde avec attention puis tourne la tête en direction d'une grande porte qui s'ouvre au même moment. Trois nouveaux pompiers nous rejoignent. Je les détails avec attention, espérant trouver mon aiguille mais tout ce que je vois, c'est de la paille...

- Un problème ? demande le plus âgé.

Ces cheveux grisonnant lui confer un aspect de nounours. Je pourrais lui confier ma vie sans hésiter.

- La demoiselle cherche un collègue.

Ils se regardent tous les quatre, semblant communiquer silencieusement, jusqu'à ce que le nounours prennent la parole.

- Nous ne pouvons pas vous donner d'informations personnelles sur celui que vous chercher, toutes les excuses mademoiselle.

Comment ça ? Je ne veux pas ses numéros de sécurité sociale ou de son compte en banque, je veux lui dire merci !

- Vous ne pouvez même pas me dire si l'homme que je cherche fais partie de votre brigade ou pas ? je demande désespérée.

Après un soupir, l'homme nounours finit par céder et accepte de me donner cette toute petite information. Je lui explique alors ce que mon pompier a fait pour m'aider, je lui parle de l'effondrement du plafond et de notre sortie juste tous les deux.

Le regard de l'homme face à moi ce voile, comme s'il revivait un moment de son passé. Il sait de qui je parle, il le connaît, mais il ne me dira rien...

- Il n'est pas de chez nous mademoiselle, je suis certain qu'il sait que vous lui êtes reconnaissante et il l'est très certainement également envers vous, m'indique l'homme au cheveux poivre et sel.

C'est tout ce que j'aurais visiblement alors je le remercie et rebrousse chemin, repassant la porte dans le sens inverse. Dans l'encadrement, je me retourne et leur jette un dernier regard.

- Vous devriez penser à votre avenir mademoiselle, pas au passé. Vous êtes en vie, alors avancez...

Je hoche la tête puis sors. Pourquoi m'a-t-il dit ça ? Je ne pourrais pas avancer sans avoir retrouvé cet homme, c'est impossible...

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Où Que Tu Sois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant