Chapitre 9

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La troisième caserne ne m'apporte pas plus d'information que les deux précédentes. Ils consentent à me dire que, non, mon pompier n'est pas non plus de chez eux, mais refuse de m'en dire plus. Je n'ai même pas droit à son prénom.

À la quatrième caserne, on me confit qu'un de leur collègue a bien été blessé pendant cette opération mais sont dans l'incapacité de me dire s'il s'agit ou non de celui que je recherche.

Enfin si, il peuvent, mais ils ne le veulent pas. Information confidentielle, paraît-il. Je n'y crois pas trop, je me demande si l'homme au cheveux grisonnant de la première caserne n'a pas prévenu ses collègues pour que personne ne me réponde.

D'ailleurs, quand je pénètre dans la cinquième et dernière caserne, l'homme qui m'accueil n'est absolument pas surpris de ma venu. J'en déduit que mon hypothèse est sûrement la bonne. Je ne sais pas qui est cet homme que j'ai vu mais visiblement il ne veut pas que je retrouve mon héros, bien décidé à me mettre des bâtons dans les roues.

Dans cette dernière caserne, j'apprends que le troisième soldat du feu blessé venait d'ici. Eux acceptent de me dire que, oui ils ont eu un blessé mais, non ce n'est pas celui que je recherche.

À chacune de mes visites, je remarque la même réaction chez mes interlocuteurs. La même compassion se peint sur leur visage et les voir éprouver de la pitié pour moi me mets de plus en plus en rogne.

Je sors en claquant presque la porte. Le pauvre homme a accepter de m'en dire plus que les autres et c'est avec lui que je réagis le plus mal. J'hésite à y retourner et m'excuser, lui dire que je suis juste à bout de nerf, mais je renonce. Il a peut être accepté de me dire que l'homme que je cherche n'est pas de chez lui mais il n'a pas consentit à m'en dire plus. Et je sais qu'il en savait plus, je le voyais sur son visage gêné.

Je décide de rentrer chez moi après cette longue journée de recherche. Je n'ai même pas pris le temps de manger ce midi, bien trop absorbée par ma quête.

Mon ventre gargouille, réclamant de l'attention. Je change donc d'itinéraire pour m'arrêter prendre un pain au chocolat dans une boulangerie. Je me gare dans la première place libre que je trouve et finit le chemin à pied. Je marche doucement, appréciant l'agitation de la rue mêlée au calme du lac non loin. Je regarde sa surface miroitante et les montagnes en arrière plan. La vue est vraiment splendide et redonnerait le sourire à n'importe qui.

Lénie venait souvent sur la berge se ressourcer pendant son traitement. Je l'accompagnais toujours craignant qu'elle ne fasse un malaise si près de l'eau.

Tête tournée vers la belle eau bleue, je manque de peu de rentrer dans quelqu'un. Mon sac à main m'échappe et je le rattrape de justesse. Je me retourne vers l'homme que j'ai bien faillit renverser mais celui-ci s'éloigne déjà, levant juste la main face à mes excuses, sans même se retourner.

À l'intérieur de la boulangerie, l'odeur alléchante me donne envie de tout prendre, de tout manger. Finalement, je repars avec bien plus de viennoiseries que je ne pourrais en avaler. Je décide, du coup, d'aller chez Hélène avec mon butin. Je remonte en voiture, pose mon précieux paquet sur le siège passager et reprend la route.

À peine me suis-je insérée sur la voie que le feu passe au orange. J'ai le temps de passer mais, en bonne conductrice que je m'efforce d'être, je ralentit et m'arrête. Une voiture vient me rejoindre à ma gauche et une moto s'arrête entre nous.

Je tourne la tête pour regarder sa bécane en même temps que lui tourne son casque vers moi. Je lui souris mais sa visière est teintée, impossible pour moi de savoir s'il répond à mon salut silencieux. Le motard tourne la tête vers la route avant de pivoter à nouveau son casque dans ma direction.

Je ne comprends pas bien pourquoi est-ce qu'il a brusquement changé d'avis et lève un sourcil interrogateur. Je le regarde avec plus d'attention et constate qu'il s'agit d'un homme vu sa carrure large. Il semble assez musclé vu le diamètre de ses bras et la finesse de ses hanches. Il porte un casque noir, un manteau coqué également noir, des gants de la même couleur ainsi que des bottes. Le seul touche de couleur est son jean qui lui moule les cuisses comme une secondes peau. Enfin, couleur... c'est un jean brut, autant vous dire que niveau nuance, on repassera.

Je relève les yeux vers son casque dans lequel je ne vois absolument rien. Il est toujours tourné vers moi, refusant de me quitter des yeux. Qu'ai-je bien pu faire pour attirer son attention à ce point là ?

La voiture à côté de lui redémarre et me sors de ma bulle. Je regarde le feu et constate qu'il est repassé au vert. Je passe la première vitesse tandis que le motard s'éloigne rapidement de moi dans un vrombissement caractéristique. Je ne comprends pas ce qu'il lui a prit et remarque seulement maintenant que mon cœur bats la chamade. Mes mains sont engourdies et mon corps parcouru de centaine de frissons. Mon épiderme cherche à suivre ce motard déjà trop loin pour moi pendant que mon cerveau pédale dans la semoule pour faire fonctionner tous mes membres correctement. Quelque chose chez cet homme m'a totalement subjuguée, paralysée, fascinée.

Je roule de façon automatique jusque chez Lénie, ne me rappelant absolument pas du travers une fois mon frein à main tiré. J'aurais pu me téléporter jusqu'ici tant je n'ai aucun souvenir du chemin que je viens de parcourir.

Je sonne à l'interphone de mon amie qui me répond très vite. Elle travail de chez elle, s'étant reconvertit dans la couture après sa maladie. Coudre c'est révèle être une véritable thérapie pendant les moments les plus durs. Depuis, elle a aménagé son bureau en salle de travail et confectionne tout un tas de matériel pour bébé, allant de la couverture au doudou, en passant par la serviette ou le tour de lit. Elle fait des choses vraiment magnifique !

- Izy ! s'exclame-t-elle ravie de ma visite surprise. Monte vite, il fait froid !

C'est vrai qu'avec le début de l'automne les températures ont bien chutées mais le froid ne me dérange pas, je l'apprécie même.

Je m'exécute malgré tout, heureuse de revoir ma meilleure amie pour la première fois depuis mon hospitalisation, depuis l'incendie, depuis qu'Il est devenu une véritable obsession. Et puis, je meurs de faim !

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Où Que Tu Sois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant