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"- Dans 5 minutes tu as 17 ans !" Me dit Rachel.

Je décidais qu'elle reste chez moi dormir, histoire de ne pas attendre minuit toute seule. Et je savais pertinemment que je ne dînerais pas avec elle demain soir, alors je profitais quand même d'une soirée avec elle pour mon anniversaire. Il y avait des emballages de cochonneries étalés sur mon lit (il y avait beaucoup trop de sucreries, je ne pouvais résister à les manger ! Et puis si je devais être honnête, Rachel ne s'était pas tellement privée non plus). Nous passions la soirée à grignoter, à parler, à chanter. Ce n'était pas les soirées des séries américaines avec de l'alcool qui coule à flot, de la drogue disponible et de la poudre étalée sur la table. C'était quelque chose de plus simple, plus réel (franchement à deux on ne se siffle pas une bouteille de vodka). Et je ne comprenais pas l'intérêt d'être soûl ou sous l'emprise de n'importe quelle substance illicite. Remarquez, ce n'est que mon avis, néanmoins, il est bon à entendre.

Mon téléphone affichait 23h59, nous guettions le moment où il afficherait 00h00.

"- Joyeux anniversaire !" Cria-t-elle, très enthousiaste. Elle porta les mains à son cur et ajouta : "je tiens quand même à dire que je suis la première à te le souhaiter, si ça ne prouve pas que je suis la meilleure des amies, alors je ne comprends plus rien !

- J'ai connu plus rapide ai-je dit pour l'embêter.

- Alors toi !"

Elle m'attrapa par le cou et frotta vivement mon crâne. Quand je l'observais, je me disais que c'était seulement avec moi qu'elle était heureuse. Je savais que c'était très narcissique ou égocentrique de croire ça, mais je le pensais vraiment.

Mon anniversaire commençait agréablement bien. Je recevais déjà des notifications des personnes toujours pas couchées, mais ce nétaient pas forcément les personnes que j'aimais le plus. Ils étaient alertés par les applications du style Facebook ou Snapchat qui indiquaient lanniversaire du ou de la concernée jour j. Je ne cherchais pas à mettre une fausse date de naissance, mais je savais pertinemment que la moitié des personnes savaient que c'était mon anniversaire grâce à ces applications. En revanche, mes parents, ma famille en général devaient bien se souvenir sans les alertes. Je répondais simplement "merci" avec un petit smiley qui suivait. Je ne pouvais pas tenir éternellement éveillée, une grande journée m'attendait le lendemain, et je l'attendais aussi. Rachel s'endormit, mais je restais encore un peu sur mon téléphone.

Jallai sur Twitter et je regardais les tendances. Un nouvel hashtag montait en flèche : #BalanceTonPorc. J'essayais d'y voir plus clair ; c'étaient des femmes qui sétaient faites sexuellement harcelées qui avaient lancé ce mouvement. Certaines se plaignaient de s'être faites touchées, agressées au travail ou dans les transports. Et comme ces femmes se taisaient, les "porcs" en profiter. Je disais les femmes, mais il y avait aussi des hommes victimes qui se révoltaient, qui incitaient les personnes à ne pas se refermer sur elles-mêmes si elles étaient victimes de harcèlement. J'étais stupéfaite. Des victimes expliquaient que c'était compliqué d'avouer et de témoigner pour ce genre de choses, histoire de garder sa réputation intacte, et de ne pas recevoir sur le dos de la haine, de la pitié, du mépris, du dégoût et d'autres sentiments négatifs. Mais depuis ce hashtag, elles se libéraient de ce poids et affichaient leur témoignage parmi tous les milliers déjà inscrits. Elles savaient qu'il fallait en parler, mais cela leur était difficile. Des inconnus les soutenaient en retwettant leurs messages, ils commentaient avec bienveillance. Ils étaient gentils tous ces gens sur internet, ils ne les enfonçaient pas.

"Joyeux anniversaire !". C'étaient les paroles de mes parents ce matin en me levant, les paroles des membres de ma famille au téléphone et les paroles de mes amis par message. Ce jour-là était ma journée, les vingt-quatre heures qui n'appartenaient qu'à moi. Sauf que déjà dix heures s'étaient écoulées. Le petit-déjeuner se passait sans encombre. Je reçus un petit paquet d'argent comme je l'avais prédit précédemment. Il servira à mes futurs achats indispensables ; je pensais notamment à des nouvelles fringues, elles ne métaient pas nécessaires à proprement parlé mais elles contribueront à mon bonheur, et cela n'avait pas de prix. Ou peut-être une nouvelle paire de chaussures ? Oh mais j'avais tout le temps pour y réfléchir (le temps de récolter encore un peu d'argent). Je demanderai à Rachel son avis, elle me conseillera bien.

Balance Mon YouTubeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant