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XV

Je mis mon plan à exécution. Quand j'arrivai dans le salon avec les deux assiettes dans les mains, il fit les gros yeux. Il fronça les sourcils puisqu'il vit que les pâtes n'étaient pas oranges mais toujours de leur couleur initiale puisque le beurre ne les avait pas teintées.

"- Pourquoi n'as-tu pas mis la sauce dans les pâtes ? On ne va pas les manger à l'eau, me dit-il légèrement énervé.

- Mais elles sont déjà saucées, mon amour, j'ai mis du beurre.

- Mais je t'avais dit de mettre de la sauce tomate ! T'es bête ou quoi ?

- Oups", dis-je en souriant.

Le dîner passait lentement et il était animé par les émissions de télévisions qui passaient dans la soirée. Eyden n'était pas content que je choisisse moi-même la sauce. J'essayais de lui faire entendre raison en lui disant que c'était moi qui avais cuisiné et que donc c'était normal que je la choisisse. J'avais oublié qu'il n'en faisait qu'à sa tête et qu'il n'écoutait pas les autres. Il ne voulait plus me parler et la raison pour laquelle j'étais ici n'avais plus de sens puisque je souhaitais le quitter. Je ne pouvais pas lui dire que c'était fini sil ne m'adressait pas la parole. Déjà qu'il n'était attentif qu'à ce qui lui plaisait, je ne pouvais pas lui dire quelque chose qu'il n'avait pas envie d'entendre.

Je tentais d'engager de nouvelles conversations mais il ne me répondait toujours pas. A un moment, je lui posai la question suivante : " Pourquoi ta maison n'est-elle pas rangée aujourd'hui alors que d'habitude oui ?". Il me regarda pour la première fois depuis un petit moment, finit de mâcher sa bouchée et me répondit calmement et clairement :

"- Tu vois, hier, tu ne me répondais pas alors ça m'a énervé. J'ai commencé à jeter des affaires à moi par terre pour me défouler. Ce n'est pas tout, après m'être calmé, je suis allé sur le merveilleux monde d'internet pour y regarder des vidéos, une d'elles me donna envie de visionner un film d'horreur que je n'avais pas vu depuis longtemps et que j'avais en DVD. Je l'ai donc cherché partout en jetant les affaires qui étaient sur le passage. Au final, je l'ai trouvé et j'ai le projet de le mater ce soir.

- C'est quoi le film ? demandai-je, curieuse et surtout j'appréhendais le titre qu'il allait me dire.

- Oh, c'est une surprise ma chérie" dit-il avec un air malicieux.

Il fallait savoir quelque chose sur moi, je ne supportais pas les films d'horreur. Je n'aimais pas la vue du sang sur l'écran, je craignais les cris des héroïnes ou des héros qui provoquaient de la peur chez moi. Et puis après la scène d'hier, je ne me sentais pas de regarder un film où des membres se tordent ou se déchirent. Non, non, non, c'est ignoble !

Cinq minutes après, Eyden partit chercher le DVD qu'il inséra ensuite dans son lecteur. Il le lança. La télévision afficha la page d'accueil du film, celle où l'on pouvait choisir la langue et les sous-titres, le chapitre auquel on voulait accéder et aussi démarrer le film. Je ne voulais pas en croire mes yeux, le film qu'il avait choisi était "saw III", vraiment la dernière chose que je voulais voir sur un écran de télévision. La saga saw était connue pour être très gore (et un peu nulle), vraiment tout ce que je détestais.

Je lui fis la remarque pour qu'il change de programme, mais à la place il se moqua de moi. J'aurai dû me douter que ça ne le dérangerait pas de mettre quelque chose qu'il ne me plaisait pas. Quel égoïste ! Voilà le mot qui le définissait bien, égoïste. Il y avait aussi égocentrique à ajouter dans sa liste de défaut dans la catégorie "mot qui commence par ego".

Les deux heures de visionnage furent une horreur. Dès que je me cachais les yeux ou que je me bouchais les oreilles, Eyden me forçait à regarder l'écran ou écouter leurs cris. Plus jamais je ne le visionnerai, plus jamais ! A cause de cela, j'avais cauchemardé toute la nuit. J'entendais les cris de Rachel et je la revoyais tomber sans rien pouvoir faire dans mes rêves, je revoyais son poignet se tordre au contact du goudron. Quand je me réveillai, je ne voulais plus me rendormir par peur de refaire des cauchemars. Mon manque de sommeil était causé par lui et ses merveilleuses idées.