Cours : Le libertinage du XVIIIe siècle

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La passion amoureuse, ou l'antagoniste du libertinage :

Il ne faut pas confondre passion amoureuse et libertinage : au XVIIe la passion est l'objet des tragédies raciniennes et ce contre quoi les moralistes mettent en garde le lecteur : on peut citer parmi les œuvres ayant pour objet centrale cette dernière La Princesse de Clèves, par Madame de Lafayette, ou encore Phèdre de Racine.

« Passion » vient de patior = je souffre ; on peut se référer à la passion du Christ.

= Il s'agit d'un sentiment amoureux tellement fort qu'il en devient destructif.

Elle se manifeste par des troubles, elle née souvent d'un simple regard, un coup de foudre et la raison faiblit, submergée par nos pulsions : on confond alors le désirable et le raisonnable. On lui attribue plusieurs caractéristiques :

Ø L'interdit va de pair avec : l'être désiré est inaccessible, ce qui le rend encore plus désirable

Ø Elle s'accompagne d'un vertige : un mal horrible, on se fabrique son propre enfer par le sentiment de jalousie inévitable

Ø Un désir de possession absolu de l'être aimé : une véritable tyrannie car la liberté de l'autre en devient insupportable

-> « Oenone, qui l'eût cru, j'avais une rivale » - Phèdre

Le seul bonheur est lors du partage de cette passion et le bonheur d'avoir aimé véritablement ; mais Phèdre ne recueillera jamais le fruit de cette passion.

-> « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps, et transir3 et brûler. Je reconnus Vénus et ses feux redoutables » - Phèdre

Dans Les Liaisons Dangereuses, Madame de Tourvel est un personnage du XVIIe et meurt de chagrin.

Un séducteur cruel :

A l'opposé se trouve la séduction, ce goût de la conquête et la quête du plaisir ; se détache alors le personnage du séducteur : un homme à la mode, à l'égo surdimensionné et faisant la liste de ses conquêtes.

Lors de la Régence, le séducteur est un personnage cynique, tacticien et cruel envers ses proies : on le nomme « roué » car digne du supplice de la roue, en somme un homme particulièrement redoutable.

La Marquise de Merteuil, elle, joue à ne pas l'être, c'est « la Tartuffe femelle » selon Baudelaire. Les lieux de séduction de prédilection sont : le théâtre, les lieux du paraître en général, les salons, lieux de réception, les boudoirs pour les femmes ou encore les petites maisons pour les hommes ; où le séducteur pratique son art de la conversation.

= On retient le raffinement exigé des décors ou de leur toilette, il tire parti de la beauté de son habit : tout est alors au service de la vanité.

Et lorsque la Marquise finit défigurée on dit que « son âme était sur sa figure ».

Le mouvement libertin :

Il se développe au XVIIe siècle dans sa première forme : le libertinage de pensée, le libertin se présente comme « esclave affranchi », contestant dogmes ecclésiastiques, interdits et superstitions en tant qu'esprit fort, à la limite-même de l'hérésie.

C'est au XVIIIe qu'une nouvelle forme de libertinage apparaît au sein des mœurs : une volonté de libération se détache en même temps qu'un certain culte des plaisirs, à la dimension sexuelle et subversive.

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