Chapitre 3

602 46 7
                                    


Trois jours, cela faisait trois jours que Ren dormait et ne se réveillait pas. Quel idiot... Encore une fois, il était allé au-delà de ses limites. N'allait-il jamais comprendre qu'il fallait se ménager quand on était dans un moment de conflit ?

Je m'inquiétais pour lui, mais aussi pour notre chez nous. Je savais que jamais la Marine ne pourrait accéder là-bas, personne ne pouvait y accéder, mais cela ne m'empêchait pas de m'inquiéter. Était-ce une bonne idée d'y emmener autant de personne d'un coup ? Allaient-ils garder le silence sur l'existence de l'île où nous nous rendions après tout ça ? De plus j'angoissais. J'avais peur de me montrer sous mon vrai aspect, et même juste en reprenant ma couleur de cheveux naturelle. Je ressemblais beaucoup à, feu, ma mère, d'autant plus que notre peuple était censé être éteint depuis vingt ans maintenant.

J'étais sur le pont, en ce moment même, à le nettoyer. Je passais mes journées à nettoyer après le passage de tous les membres de l'équipage. Ils le faisaient exprès, il ne fallait pas être un génie pour voir que ma présence et celle de mon frère était indésirée. Je faisais donc de mon mieux pour nous intégrer et aussi pour ne pas m'énerver.

Je ne pouvais participer à aucun repas, après tout il était à chaque fois trop tard quand je finissais mes corvées pour y aller et les réserves m'étaient interdites d'accès, ce qui était logique. Je devais donc me débrouiller pour manger. Je pêchais donc ce qu'il me fallait pour manger, mais je savais que si je ne changeais pas mon régime alimentaire très vite ma santé allait en pâtir et celle de Ren aussi. J'avais peur qu'il lui fasse les mêmes crasses qu'à moi, il ne méritait pas ça, pas après avoir soigné autant de monde et sacrifié autant de son énergie pour eux.

Je n'avais pas d'endroit où dormir, je dormais donc à même le sol sur le pont, heureusement que je ne craignais pas le froid. Je ne pouvais voir mon frère qu'une fois la nuit tombée, je n'avais pas le temps avant. Je ne pouvais pas montrer que son état me préoccupait, après tout si je me montrais faible je leur laissais une ouverture.

J'étais fatiguée, j'avais faim et je me sentais sale, ne pouvant ni me laver avec autre chose que l'eau de la mer et à force de toujours porter la même tenue. Je devais puer... Il fallait que je trouve quelque chose à me mettre mais à qui demander ? Père ? Il allait crier sur son équipage s'il me voyait, je ne pouvais pas. C'est en grande partie pour cela que je passais mon temps à l'éviter. Les commandants ? Ils ne me faisaient pas confiance non plus, je me voyais donc mal leur demander des vêtements. J'étais dans une impasse.

- Tu as mauvaise mine, gamine, dit une voix dans mon dos me faisant sursauter et retourner précipitamment.

Je me retournais trop précipitamment pour mon corps, visiblement, car des points noirs apparurent assez vite dans mon champ de visions et je perdis un peu l'équilibre. J'avais moins d'énergie que je ne pensais. Je me rattrapais de justesse à la rambarde. J'avais la tête qui tournait, j'avais sûrement accumulé trop de fatigue, entre le nettoyage, les soins pendant que tous dormaient la nuit et la guerre, je n'avais pas pu récupérer.

- Houlà, ça va ? Me demanda le nouvel arrivant en posant sa main sur mon épaule gauche.

Elle était chaude et empli de tendresse, je pouvais sentir toute sa gentillesse et sa bonté.

- Ce n'est rien, ça va passer, dis-je en me redressant bien que les points noirs continuassent de voler devant ma vue.

- Assis-toi et repose-toi, tu es vraiment pâle, gamine.

Il appuya doucement sur mon épaule, me forçant à m'asseoir sur le sol et m'adosser à la rambarde. Je ne savais pas qui me parlait, ma vue étant bien trop perturbée, mais étrangement je me sentais en total confiance avec cette personne, je me laissais donc faire.

A vos côtésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant