Chapitre 2

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« Détransformation. »

Adrien se glissa en silence à l'intérieur de sa chambre, les rayons du soleil commençant tout juste à illuminer l'immense pièce où il était supposé avoir passé la nuit. Son Kwami apparut à ses côtés, et plaça ses pattes minuscules contre ses hanches d'un air sévère.

« Honnêtement, Adrien, je ne suis pas dû genre à vouloir te faire la morale, mais cette nuit était tout bonnement...

-...Formidable ? Romantique ? Réconfortante ? suggéra le garçon, encore un peu sous le choc.

-...J'allais dire déraisonnable. » répliqua Plagg.

Adrien ignora le Kwami et pressa le bouton « snooze » du réveil qui était censé le réveiller, s'il avait effectivement dormi dans son lit. Il passa une main sur son visage. Plagg ne le sermonnait pas souvent, mais il avait raison, il le savait.

Pourtant, il ne regrettait pas une seule seconde ses actes. Lui aussi, après la mort de sa mère, avait connu les nuits d'insomnie à lutter contre le sommeil pour éviter autant que possible les mauvais rêves. Lui aussi connaissait les joies d'être somnolent toute la sainte journée. Alors, lorsqu'il avait vu Ladybug se prendre cette cheminée par manque de sommeil, il devait en être sûr - voilà pourquoi il l'avait suivie. La suite, il manquait de superlatifs pour décrire à quel point il l'avait appréciée.

« Est-ce que tu te rends au moins compte qu'à tout moment, vous auriez pu découvrir vos identités respectives ? poursuivit Plagg. Ce serait la fin de tout !

-Tu as essayé de me le dire au moins quinze fois lorsque ma propre transformation est arrivée à son terme, cette nuit... » soupira Adrien.

Evidemment, au bout d'un certain temps, Chat Noir s'était détransformé à son tour. Ils étaient alors restés là, à sommeiller dans les bras l'un de l'autre dans l'obscurité la plus totale sous leurs véritables identités. Il avait encore peine à croire que lui, Adrien Agreste, tenait entre ses bras une Ladybug parfaitement vulnérable - la fille sous le masque, celle dont il était amoureux depuis si longtemps. C'était parfaitement irréel, et pourtant...

« En attendant, fit-il en voyant Plagg ouvrir la bouche pour répondre, je ne sais toujours rien d'elle. C'était juste pour l'aider, d'accord ? C'était... dans l'intérêt de la sécurité des Parisiens. »

En revanche, ce qu'il n'allait jamais dire à son Kwami, c'est que l'idée de découvrir son identité lui avait peut-être traversé l'esprit une ou deux fois au cours de la nuit. Allumer une petite veilleuse, ne serait-ce que pour éclairer la chambre et glaner des indices sur ce qu'était Ladybug dans le monde civil... Heureusement, le poids de sa partenaire contre lui l'empêchait de bouger et servait de garde-fou ; il n'avait osé se déplacer que vers six heures du matin, quand il s'était senti obligé de rentrer à cause de la lumière matinale qui risquait de tout dévoiler, et à cause de la réaction potentielle de Nathalie et de son père s'ils ne le trouvaient pas dans son lit.

Il défit les draps pour donner l'illusion qu'il y avait passé la nuit, avant d'ajouter pour sa défense :

« De toute façon, c'est parce que Ladybug était épuisée qu'elle a autorisé que ce genre de chose arrive. Ma lady est trop raisonnable dans son état normal pour que ça se reproduise. Ne t'en fais pas, ça n'arrivera plus jamais. »

Plus jamais, hein...

Son cœur se serra à cette idée, mais il n'eût même pas le temps d'imaginer ce que sa partenaire pouvait penser de cette nuit : la porte s'ouvrit en grand sur Nathalie, toujours tirée aux quatre épingles mêmes à des heures aussi matinales.

Dans le noir - Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant