Chapitre 10

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Dans son repère, le Papillon se concentrait.

« Je suis Cracheur de Feu ! Puisque les parisiens ne veulent pas de mon ardente passion, c'est moi qui imposerai mon ardente passion aux parisiens ! »

Tout dans ce super-vilain était pratiquement un cas d'école : du monologue au costume, constitué d'un lasso enflammé et d'une veste incandescente, il était en somme toute un akumatisé comme Ladybug et Chat Noir en affrontaient chaque semaine.

A deux nuances près, cependant : sa capacité destructrice bien supérieure à la moyenne des autres akumatisés – qui avaient pourtant détruit plusieurs fois la Tour Eiffel - ; et la terreur qu'il inspirait chez une certaine personne. C'était le détail qui l'avait interpellé.

Le Papillon avait ressenti ce sentiment d'horreur pour la première fois chez cet anonyme, lors de la première akumatisation de Cracheur de Feu ; et n'avait jamais rien détecté de tel. Plus le sujet présentait un mélange de sentiments négatifs, plus le fait d'être akumatisé lui procurait un sentiment de soulagement – qui s'exprimait généralement par une obéissance aveugle au Papillon et une propension à semer le chaos. Ce jour-là, l'amalgame était idéal : terreur, haine de soi, rancœur, colère...

Par la suite, il avait senti cette étincelle couver quelque part, dans Paris, par intermittence. Il avait bien tenté d'envoyer un Akuma pour offrir du soulagement à cette âme intérieurement si terrifiée, mais ces sentiments négatifs si prometteurs s'acharnaient à disparaître au moment charnière. De plus, cette apparition si riche en promesses de victoires se faisait de plus en plus rare, s'espaçait de plus en plus. Alors cette fois-ci, le Papillon jouait le tout pour le tout.

Par les yeux de Cracheur de Feu, il scrutait chaque visage, guettait chaque larme, chaque blessé. Il attendait que le leurre fasse effet.

Il n'avait plus qu'à attendre.

Cet élément si prometteur, qui qu'il fût, finirait bien par se montrer. Et à ce moment-là, cet ultime super-vilain et le Papillon signeraient la fin de Ladybug et Chat Noir.

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« Marinette ! »

Le feu. L'odeur de brûlé qui donnait le tournis.

« Marinette ! »

La boulangerie en flammes, l'incapacité de contacter ses proches. Le feu qui engloutissait tout.

« Marinette, tu vas bien ? Reste avec moi ! »

La main d'Adrien serrant la sienne, ainsi que la voix paniquée du jeune garçon, la ramena à la réalité. Ah, oui. Les adieux. Le gymnase du collège. Et puis les flammes, les flammes, et encore les flammes...

Sans qu'elle ne s'en rende compte, Adrien l'avait emmenée dans une salle de classe déserte. Elle réalisa qu'elle ne sentait pas l'odeur de la fumée, mais une simple odeur de cire pour parquet. Cracheur de Feu n'avait fait que passer au-dessus du collège, mais l'établissement avait été épargné.

Tout n'avait pas sombré dans le feu comme elle se l'était figuré.

« Je vais aller alerter les secours, Marinette, lui dit Adrien. Reste ici, je reviens tout de suite, d'accord ? »

Des fragments de ce qui s'était passé avant Cracheur de Feu lui revinrent en mémoire – le baiser de Chat Noir, son arrivée au gymnase, son abandon officiel. Alors qu'Adrien tournait les talons pour sortir de la classe, Marinette se sentit avancer la main pour attraper son poignet.

« Marinette ?

-Je... »

Pourquoi est-ce qu'elle le retenait, au juste ? Elle ne l'aimait plus. Enfin, plus comme ça. Elle ne savait plus vraiment, en fait.

Dans le noir - Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant