Chapitre 5

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« Machinette, nous allons faire un jeu. » déclara subitement Chat Noir en évitant habilement la Pantoufle, lancée en plein vol à la simple évocation du surnom honni par Ladybug.

Il sentit les muscles de la fille qu'il tenait entre ses bras se tendre à cette idée, mais voilà : s'il subissait une minute de plus de ce silence bizarroïde qui s'était installé entre eux depuis son arrivée par les toits, à la nuit tombée, il allait devenir fou.

« Un jeu ? On est censés dormir, Chat Noir ! protesta Ladybug – enfin, Ladybug sans son masque – entre ses bras.

-Oui, depuis une demi-heure, fit remarquer le héros. Et puisque visiblement, compter les moutons ni aucune autre espèce animale en train de sauter par-dessus une barrière ne marche, je pensais juste qu'on pourrait tenter autre chose...

-Mais il fait noir, et je ne sais pas vraiment si ce serait bien raisonnable, et puis... »

Visiblement à court d'excuses, Ladybug soupira piteusement.

« Et puis... Et puis OK. Va pour un jeu. »

Ce ne fut pas Chat Noir mais bel et bien Adrien qui jubila intérieurement face à cette réaction. La dernière demi-heure qu'il venait d'affronter avait été particulièrement étrange.

Avant de venir, il avait répété sous le regard ironique de Plagg pendant deux bonnes heures. Il avait préparé des centaines d'excuses et tout autant de prétextes pour justifier l'absence qu'il allait probablement devoir imposer à sa Lady le lendemain. Pourtant, en dépit de toutes ses répétitions, de son assurance qui l'habitait normalement en tant que Chat Noir et de son professionnalisme de mannequin, lorsqu'il s'était faufilé dans la chambre de Ladybug, il avait été incapable de lui avouer quoi que ce soit. Comment aurait-il pu ? Chat Noir avait promis.

Malheureusement, Adrien, bien malgré lui, avait promis aussi quelque chose à quelqu'un d'autre – et ce quelque chose, à savoir la fameuse soirée pyjama où il était invité, s'avérait être ce dont il avait rêvé toutes ces années de solitude à ne pas pouvoir aller au collège. Il était déchiré entre deux alternatives aussi agréables l'une que l'autre, et ce déchirement rendait Chat Noir bien moins bavard que d'habitude. Après les politesses d'usages, il n'était tout simplement pas arrivé à trouver quoi dire. Il ne se reconnaissait plus.

Mais ce qui l'avait enfoncé encore plus, c'était que ce soir, pour une raison encore plus, Ladybug était presque aussi mutique que lui. Rien à voir avec l'adorablement mignonne et nerveuse version de sa Lady dont il avait fait la connaissance la veille ; ce soir-là, Ladybug lui avait dit bonsoir du bout des lèvres et n'avait pas ajouté grand-chose de plus.

A voir la façon dont sa partenaire super-héroïque avait cédé à son idée de jeu, il devinait non sans un certain soulagement qu'elle aussi se rattrapait à cette suggestion comme un parfait moyen d'enfin briser cette drôle d'ambiance, et il se sentit tout de suite mieux.

« Qu'est-ce que tu suggères, chaton ? fit Ladybug. On est dans le noir, alors je ne peux ni sortir de cartes, ni un Monopoly, ni un...

-Eh bien, si on faisait juste un jeu à l'oral ? Avec mes amis, je joue parfois à ce jeu où l'on doit dire deux vérités et un mensonge. »

C'était audacieux - et il n'y avait jamais joué qu'une fois, en réalité -, mais il n'avait pas d'autres idées. Dans le noir, ils ne pouvaient pas faire grand-chose de plus.

« Deux vérités et un... Mais on ne peut rien savoir l'un de l'autre, Chat Noir ! dit Ladybug.

-Qui a dit qu'on devait en dire beaucoup ? Par exemple, si je te dis que ma couleur préférée est le noir, que mon animal préféré est la coccinelle, et que j'arrive à me gratter derrière l'oreille avec la jambe, où est le mensonge ? »

Dans le noir - Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant