Chapitre 2:4

12 3 0
                                    

Elena courait avec agilité parmi les buissons, suivit de Torr qui peinait à la rattraper.
Elle avança ainsi pendant plusieurs minutes, portant à la fin le nain sur son dos. Enfin, après une course éreintante à travers les taillis, elle et Torr arrivèrent devant un paysage macabre et apocalyptique.
Partout gisaient des corps d'orcs, aucun de Démons, les tentes étaient éventrées et déchirées, des haches brisées jonchaient le sol et partout on retrouvait plusieurs fragments de corps d'orcs, éparpillés dans le champ de bataille.
« Les Démons sont impitoyables » pensa Elena. Même si la mort des orcs ne l'affectait pas beaucoup, elle pensa à tous les dégâts que les Démons pourraient causer chez les humains si un pareil carnage se reproduisait.

Torr s'avança prudemment en premier dans le camp, son fusil sur l'épaule. Il enjamba plusieurs corps d'orcs et passa la tête derrière les ruines d'une tente. Puis il se redressa et déclara d'une voix forte :
—Tu peux venir, les Démons doivent être partis depuis plusieurs minutes et ils ne reviendront pas, ils ne reviennent jamais sur les lieux de leurs crimes...
Elena lui lança un regard étonné.
—Comment sais-tu qu'ils sont partis ?
Pour toute réponse, Torr montra son nez proéminent.
—L'odorat est extrêmement développé chez moi.

Elena et Torr s'engagèrent donc dans le camp où régnait maintenant la mort.
Elena regardait chaque cadavre étendu dans l'herbe craignant de voir un humain. Si le Spectre était mort, elle n'avait plus aucun moyen de se racheter envers l'Empire.
Alors qu'ils entraient dans une tente, un bruit métallique se fit entendre dans le campement.

Elena et Torr sortirent précipitamment de la tente, dagues et fusil en main.
Torr lui chuchota à voix basse :
—Ça vient de la fosse, de l'arène... Dit-il en désignant une sorte d'amphithéâtre logé dans la terre.
Tout deux s'avancèrent très lentement près de l'arène. Là, un morceau de gradin détruit donnait accès sur un couloir agrémenté de geôles.

Elena sauta avec agilité dans le couloir tandis que Torr se contorsionnait pour faire passer sa carrure imposante dans la mince brèche de pierre.
Une fois dans le couloir, ils entendirent des voix qui résonnaient dans les geôles, l'une était grave et rauque, elle avait un ton suppliant. L'autre était claire, et s'exprimait avec un ton claironnant, presque moqueur.
Cette voix, Elena l'avait reconnu... le Spectre, le Spectre se trouvait dans le camp orc.

*

Le sang d'Elena ne fit qu'un tour et elle se précipita dans le couloir.
Arrivé devant la geôle d'où venait les voix, elle s'arrêta net.
Un orc, imposant, terrifiant se tenait devant elle, accroché aux barreaux d'une prison. Des entailles parcourait son corps meurtris sans doute par les Démons.

À côté de l'orc, dans la geôle, se tenait un homme portant une fine armure et était recouvert de fourrure. Des longs cheveux blancs et lisses pendaient sur son cou. Le Spectre, Balian.
Balian se tourna vers Torr et Elena et sourit de toutes ses dents.
—Torr ! Ce cher nain ! Cela fait bien trois jours que l'on ne s'est pas vu. Et... oh mais oui... Dit-il à voix basse quant il aperçu Elena. C'est cette chère assassine ! Alors ? Toujours envie de me tuer ? Si c'est le cas tu devras d'abord passer sur le corps de... Thruz c'est ça ? Il semble bien décidé à me demander de faire une promesse.

Elena resta de marbre. Pas à cause de Balian qui semblait prendre sa mort, sûrement proche, à la légère. Mais à cause de l'orc, vraisemblablement du nom de Thruz, qui lui barrait le passage. Même si il avait l'air très mal en point, il restait un orc et non moins dangereux.

Ses soupçons se retrouvèrent confirmés quand l'orc se retourna vers elle.
Il se redressa et ouvrit sa bouche remplis de crocs gigantesques, puis il brandit une énorme hache au dessus de sa tête et l'abaissa d'un coup en direction d'Elena.

TerraMania : T1 :AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant