Chapitre 3:4

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Balian et Torr se retournèrent brusquement vers l'arbre où ils avaient laissés les prisonniers.
Là, sous le chêne, ils virent Thruz, toujours les mains liées dans le dos, les yeux grands ouverts et un air sombre s'affichait sur son visage.

Balian, tout en tirant son épée, lui demanda :
—Qu'est-ce que tu veux dire par là Thruz ?
Thruz secoua la tête.
—J'avais beaucoup entendu parler de toi dans le camp, tes meurtres, tes ennemis, tes voyages. Pour nous tu étais un monstre sanguinaire tueur d'orc...

Balian lui coupa la parole.
—Ces meurtres étaient justifiés, vous êtes des monstres sanguinaires tueurs d'hommes !
Thruz commença à être impatient.
—Tout ce que je voulais dire c'était que tuer le Démoniste est la meilleure personne que tu peux tuer dans ce monde.
—Si l'on peut appeler le Démoniste une « personne »... Marmonna Torr dans sa barbe.

Balian se rassit, le visage dans les mains, probablement en pleine intense réflexion.
Torr s'adressa à l'orc.
—Ce que tu dis est juste mais cette décision est un peu prise à la légère, les Démons pillent et tue depuis des centaines d'années, ils sont peut-être un peu plus agressifs ces temps-ci voilà tout. Il n'y a pas de quoi s'engager dans un périple affreusement long pour tuer un être démoniaque si je puis dire.

Une lueur étrange s'alluma dans le regard de Thruz.
—Ils m'ont pris ma femme et mon fils. Ils ont détruit ma tribu. Et toi nain... que t'ont t-ils pris ?
Thruz avait touché un point sensible.
Torr s'en souvenait comme si c'était hier, le lord du clan des Minesombre l'avait banni pour un soi-disant complot avec les Démons... cette sanction lui avait laissé une marque indélébile. Il ne s'en remettrait sûrement jamais. Il répondit tristement à l'orc.
—Oui... moi aussi ils m'ont prit... mon clan.
—Tu vois ! Ce sont des horreurs qu'il faut éliminer à tout prix !

À ce moment-là, Balian se redressa et regarda Torr fixement.
—Non... dit-il dans un souffle. Ça n'est pas normal justement.
—Pardon ? Demanda Torr.
—Tu as dis qu'il était normal que les Démons soient agressifs de la sorte mais en aucun cas ! Les Démons sont censés être contrôlés par le Démoniste, or ils étaient bel et bien déchaînés... hors de contrôle !

Torr soupira.
—C'est sûrement le Démoniste qui a voulu cela...
—Bien sûr que non, même si les Démons sont cruels ils n'attaqueraient pas deux villages d'affilé, surtout si cela ne leur sert à rien. Le Démoniste est stratégique il n'attaque pas, ou rarement pour le plaisir.

—Et de plus ils sont descendus extrêmement bas, ils ont l'habitude de rester vers le nord, vers Al-Taris. Rajouta Thruz.

Le nain restait interloqué. Pourquoi se mettaient-ils tout à coup à vouloir prouver avec certitude que les Démons agissaient de leur plein gré.
Mais avec tout ce qu'il avait lu sur les Démons il ne pouvait nier qu'il se passait quelque chose d'étrange.
Aux dernières nouvelles, le Démoniste habitait les montagnes près de la capitale d'Al-Taris, d'ici, il pouvait aisément contrôler les Démons dans le monde entier, cependant il se contentait d'attaquer des forteresses militaires ou des points stratégiques de la sorte.
Et il était vraisemblablement impensable que les Démons puissent penser et attaquer par eux même dans le seul but de s'amuser, ce n'était que des créatures sans âme, sans libre-arbitre qui se contentaient d'obéir aux ordres d'un chef.

Mais cette discussion le rendait las. Il ne voulait pas partir en croisade contre des ennemis trop puissants, et trop éloignés qui plus est.
Il décida donc de couper court.
—De toute façon que pouvons-nous faire ? Nous ne sommes pas à la hauteur d'affronter un simple Démon alors le Démoniste... nous ne sommes pas prêts de le voir...

Thruz secoua la tête, pensif...
—Le Démoniste non... mais un de ses généraux oui...
—Un général ? Demanda Balian.
—Comme il ne peut pas diriger les Démons partout dans le monde il a nommé des généraux pour le faire à sa place. J'en ai vu un alors que je faisais un raid sur un village. C'est une banshee...

—Voilà qui n'arrange pas les choses. Grogna Balian... Une banshee peut tuer un homme avec le simple son de sa voix...
—Justement Balian... tu n'es pas un homme, tu es un... mort-vivant ? Un spectre ? Torr... toi tu n'es pas non-plus un homme, tu es un nain... moi : un orc et Elena... une femme, assassine qui plus est. Je serai prêt à oublier ma rancune contre vous si on peut lui donner une leçon au Démoniste en exécutant sa banshee.

Ces paroles jetèrent un froid sur le groupe. On entendait juste le crépitement du feu et le vent dans les arbres.
Torr prit enfin la parole :
—Comment se nomme-t-elle cette banshee, et où se trouve-t-elle ?
—Je ne sais point où elle se trouve. Répondit Thruz. Mais son nom... elle s'appelle... Aube !

TerraMania : T1 :AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant