II.

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Ce jour-là, la journée avait été particulièrement chaude et éreintante, mais les examens de fin d'année étaient enfin finis et deux mois de liberté l'attendaient. Dès la sortie des cours, MJ enfourcha son vieux vélo rouge et roula pendant un quart d'heure en direction d'une crique connue par elle seule, découverte six ans auparavant lors d'une balade solitaire. Une cascade se déversait en flot ininterrompu dans un petit bassin d'eau douce bleu ciel où se reflétaient les rayons du soleil. Cette calanque verdoyante donnait sur une petite plage de galet, invisible de l'extérieur, et abritait une grotte, dissimulée sous la chute d'eau. On aurait dit un bout du paradis. Au fil des années, ce lieu était devenu son refuge, un coin pour réfléchir et décompresser. Toutes sortes d'ornements et d'installations étaient venu habiller la grotte nue, tels un hamac, de vieux tapis indiens, des guirlandes lumineuses, des rubans multicolores accrochés partout où on pouvait en accrocher, de vieilles lanternes récupérées dans un hangar abandonné au port. De nombreux paquets de gâteaux et sodas avaient trouvé leur place dans une alcôve de la grotte (la réserve commençait à s'épuiser).

Après avoir fait le tour pour vérifier que rien n'avait bougé, MJ alla s'assoir sur les galets tièdes au bord de l'eau. Elle ferma les yeux. Progressivement, elle quitta ce monde et son esprit, libre, s'envola comme un cheval au galop. Elle ressentait, entendait, respirait. Les gazouillements des oiseaux, le chant apaisant des vagues, le frétillement des poisons batifolant dans l'eau, le hurlement puissant de la cascade, le chuchotement du vent se glissant, élégant et fuyant, entre les feuilles et les fleurs, le soleil lui réchauffant le corps et l'âme. Tout cela lui apparaissait limpide et scintillant, comme si son cœur et celui de Dame Nature battaient à l'unisson.

La jeune femme se leva, et, cheveux au vent, se mit à marcher à proximité de l'océan. Soudain, son œil fut attiré par un déchet. Etrange, il n'y avait jamais eu d'ordure ici avant... Elle s'approcha, intriguée, et se rendit vite à l'évidence : ce « déchet » n'en était en fait pas un, mais plutôt une lettre.


HéritièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant