Chapitre 12

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Alyssa

Cela faisait plusieurs jours que Natan avait disparu. Trois pour être plus précise. Trois jours passés à pleurer. Trois jours passés à espérer. Nous n'étions même pas sûrs qu'il soit en vie, et malgré le fait que Nolan essayaient de me rassurer, je le voyais devenir de plus en plus sombre. Wyatt avait abandonné. Pour lui, son meilleur ami était. Mort. Il n'avait pas confiance. Trois jours, cela pouvait paraître peu, mais on pouvait en faire des choses pendant ce temps. Beaucoup de choses. Trois jours, c'était aussi le temps qu'il s'était écoulé depuis l'évacuation du 7ème arrondissement pour, je cite : Exercice militaire. On avait connu de meilleures excuses non ? Mais moi qui vénèrais la vérité - donc Wyatt - pour une fois je m'en fichais. Je voulais juste que tout rentre dans l'ordre. J'aurais dû prier.

Nolan

Trois jours plus tôt :

Je regardais le ciel comme si il pouvait faire revenir Natan. Je ne voulais pas croire qu'il était mort. Ou du moins qu'il n'allait pas tarder à mourir. Il allait survivre n'est-ce pas ? Il me le devait, on avait encore plein de choses à faire. On se l'était promis. Tu tiens tes promesses, n'est-ce pas Natan ?

Je me fis tirer de mes sombres pensées d'une manière, pour être franc, peu agréable. Sofia, une Invocatrice qui avait préféré devenir infirmière me poussa sans ménagement vers l'entrée du bâtiment B. Il existait à côté du QG une autre tour, dévouée exclusivement à l'art de soigner des vies. Les accidents peuvent vite arriver. Je faillis trébucher. Ma jambe se plia par réflèxe et la douleur me dis perdre l'équilibre. Sofia essaya bien de me rattraper mais j'étais plus lourd qu'elle. Je lui tomba dessus. Vous savez, comme dans les films ! Sauf qu'elle ne rougit pas parce qu'elle avait la quarantaine et que moi j'étais gay, mais passons. Je me relevai tant bien que mal, enfin plus mal que bien et l'aidai du mieux que je pus à en faire de même. Elle me demanda donc poliment de bien vouloir la suivre, ne voulant pas me pousser de peur d'un nouvel incident. Quand je lui fis remarquer qu'il y avait sûrement des personnes plus dans le besoin que moi, elle me lança un regard étrange. Il ne restait plus que moi. Le ciel était donc si fascinant que j'en avait perdu la notion du temps ?

Fin du Flash Back

Après ? Après vint le temps des larmes. Après vint l'annonce des guerriers decèdés, leurs enterrements. Après vint les pleurs des enfants qui se mettent à comprendre qu'ils ne verront plus leurs parents, ceux qui leur avait donné un amour sans limite.
La tristesse résonnait dans chaque pièces, chaque couloirs comme une mélodie entêtante que l'on ne pouvait oublier. Après vint le temps du deuil.

Le deuil est quelque chose de sournois. Il mets du temps à s'installer. Il attend que tu comprennes. Que tu comprennes que tu ne les reverras jamais. Qu'ils ne sont pas partis en voyage mais qu'ils ont définitivement disparu. Quand tu as enfin compris, tu sombres. La mer sur laquelle tu vogues, elle qui est si calme bien que dérangée par les aléas de la vie, se transforme en tempête des plus violentes et tu ne peux résister ; tu coules. Car tout seul il est rien, le deuil entraîne avec lui le désespoir et à deux ils deviennent invincibles.

Je crois que le Clan est un bateau qui sombre. Mais moi j'espère. On dit que l'espoir fait vivre non ?

Wyatt

  - Souris, Wyatt. Mais dis toujours la vérité. Rassure les autres. Mais ne mens jamais. On m'a menti pour me mettre en sécurité. Me rassurer. Regarde ce que ça a donné. Le résultat est-il ce qu'ils voulaient ? Je n'espère pas. Ils m'ont gâcher ma dernière année sur Terre. N'oublie pas Nolan. Il n'y a que la vérité qui compte.

Je chassai sa voix de mes pensées. Elle était morte. Je n'avais plus à me soucier d'elle. Il fallait juste que je l'oublie.

Douleur. Tristesse. Déni. Désespoir. Dépression. Mort.

Mélange d'émotions qui tournait au-dessus de nos tête depuis trois jours. Rien n'était pareil. Tout avait changé et pourtant tout était comme avant. Nous avions juste perdu des pions de l'échiquier.

- Quand est-ce que Maman revient ?

Jamais ma petite. Elle est partie mais elle veille sur toi de là où elle est. Ne t'inquiète pas. Elle ne sera jamais loin. C'était ce que l'enfant voulait entendre. Il n'y a que la vérité qui compte.

- Jamais elle ne reviendra. Elle est morte.

Et je partis. Je fuis comme un lâche. Je n'arrivais pas à mentir. Je ne savais pas cacher la vérité. Remords, où étiez-vous ? J'avais fait du mal à quelqu'un. J'avais blessé un enfant. Pourquoi ne me sentais-je pas triste ? Pourquoi été t'ai-je fier de moi ? Finalement, était-ce mal de dire la vérité ? Je faisais du mal, mais n'empêchais-je pas la tristesse de la révélation, de la découverte de plus tard ? Où était Natan ? Était-il mort ? Était-ce trop demandé aux foutus dieux de garder nos proches en vies ? Vu les pleurs qui hantent nos nuits, la réponse devait être oui.

Solitude.

On est seul, entouré dans une bulle de tristesse, celle qui nous coupe du monde extérieur, notre remède. Elle nous enferme dans notre routine et nous nous noyons dedans de notre plein gré. Sauf que quand tout le monde se noie, qui dirige la barque ? Qui lance la boué ?

Moi qui dis toujours la vérité, là voilà celle de ces trois jours. Nous étions en train de creuser notre propre tombe, écrasé par le poids de la tristesse, de la colère et de la culpabilité. Aurions-nous pu le ou la sauver ? La réponse est non. On se dit souvent que l'on aurait pu faire mieux. C'est faux. Tu ne peux faire mieux qu'au moment présent. Et à ne pas l'accepter, on sombre.

Je m'étirai et me levai du fauteuil sur lequel je m'étais réfugié. Maintenant que la source du problème était trouvé, il me restait à la résoudre. D'habitude je confiais les résultats de mes recherches à Natan et faisais mes idioties à côté car il était plus doué pour ça mais là... Il allait falloir que j'agisse seul si je voulais qu'il soit fier de moi. Car il était mort ça c'était certain. Maintenant, j'allais faire bouger les choses.

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Coucou !
Dans ce chapitre, j'ai essayé de nouveaux points de vue. J'espère que vous avez apprécié... En tout cas j'ai bien aimé les écrire !
À la prochaine !

Invocation [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant