Invocation [EN PAUSE]

Chapitre 15

Natan

Il n'y avait personne. J'étais seul, dans l'infermerie du Clan à attendre que quelqu'un vienne, et le blanc m'étouffait. À trop vivre dans le noir, on oublie la lumière.

Je voulais refermer les yeux. Repartir dans ce monde si sombre mais que je connaissais sur le bout des doigts. Mais je me retins. Ce n'était pas la bonne solution n'est-ce pas ? Alors pourquoi était-elle la plus facile ? La lumière me paraissait si froide à cet instant.

Depuis que j'avais ouvert mes paupières, une boule de stress s'était déposée dans mon estomac. J'avais peur de leurs réactions, peur de ce que j'avais laissé.

Grand-Ma. J'avais oubliée sa mort durant cette période. J'avais oublié toutes les vies perdues dans cette guerre. J'étais égoïste.

La porte s'ouvrit doucement. Léo s'avança doucement et me sourit. Toujours calme. Il avait cet aura rassurante qui ne le quittait jamais. Jamais le trentenaire n'avait pu blesser quelqu'un, ça le repugnait. À la place il nous soignait avec Sofia.

《- Bonjour Natan. Peux-tu parler ?

Aucun son ne voulut bien sortir de la gorge. Bloqué. Je fis non de la tête.

- Ce n'est pas grave. C'est juste temporaire. On va y aller doucement d'accord ?

Un faible hochement de tête fut ma seule réponse. Et celle du mouvement, une migraine.

- Tu te souviens de tout ?

J'imaginai que oui... Mais même si des souvenirs manquaient, comment le savoir ? J'haussai difficilement les épaules. Et puis il se mit à parler. Il raconta tout ce que j'avais manqué. C'est comme ça que j'avais appris que les enterrements avaient lieux demain. C'est comme ça que j'avais appris que ma captivité, si longue elle m'avait paru durée, n'avait été que de seize jours. Et c'est comme ça que j'avais appris que ça en faisait deux qu'ils m'avaient sauvé. Il me cachait sûrement des choses vu le regard inquiet qu'il me lançait en attaquant quelques passages, mais ayant pas envie de me battre aujourd'hui et laissai passer.

Finalement, il sortit de la pièce, m'annonçant qu'il allait prévenir le Maître de mon réveil. Et je laissai mes yeux se fermer naturellement pour m'emmener une fois de plus dans le pays des songes.

***

J'ouvris les yeux calmement. Le blanc m'assaillit à nouveau mais cette fois j'étais prêt. Je savais où j'étais : en sécurité. Doucement je me redressais. Ma tête fit savoir son mécontentement mais à part ça je n'avais plus aucune douleur. Vive les progrès technologiques. Et assis sur mon lit car je savais que je ne pourrai pas me lever sans aide, j'attendis. Je ne savais pas quelle heure il était et je ne sus jamais combien de temps j'avais attendu, mais la porte s'ouvrit.

- Il faudrait vraiment qu'on mette une horloge dans cette foutue pièce, maugrai-je.

- Quel chaleureux accueil. Ça fait plaisir de te revoir également Natan.

Ma salive resta coincée dans ma gorge. De toutes les personnes du Clan il fallait que ça tombe sur le Maître, évidemment. J'avais fait quoi dans le passée pour que le karma se venge aussi activement ?

- Au moins il arrive à parler désormais.

J'assassinai Léo du regard. Il n'était pas obligé de m'enfoncer ! Et puis les deux hommes arretèrent de rire. Le sérieux était revenu. C'était à mon tour. Je racontai alors tout ce qu'y s'était passé ses seizes derniers jours. Tout ce que j'avais appris. Conclusion ? Rien d'extraordinaire.

- Je pense qu'il serait plus sûr de prévenir tous les membres du Clan de nos activités. Il a essayé de me manipuler avec ça. Si je n'étais pas déjà au courant je l'aurais rejoins sans hésiter.