Palais du Trocadéro - 2ème semaine de mai
Vendredi matin
La voiture à cheval s'arrêta au pied des jardins du Trocadéro, le Petit Garçon et son chat descendirent, ouvrant grands leurs yeux pour embrasser d'un seul regard le spectacle qui s'offrait à eux. Le tout donnait l'impression d'une belle partition orchestrée d'une main de maître. Le palais du Trocadéro rayonnait de majesté au milieu de son écrin naturel : les parterres de fleurs colorés attiraient les oiseaux qui célébraient leur nouveau terrain de jeux par des chants mélodieux. Notre duo s'avançait entre les carrés d'herbes rasées et les buissons taillés que les petits enfants prenaient pour les murs d'un labyrinthe.
- C'est grandiose, dit le Petit Garçon exalté par ces nouveaux paysages.
- Ils ont vraiment fait un effort sur la mise en scène, admit le chat.
- Candice doit être déjà là-haut, dit le Petit Garçon.
Je suis content qu'elle ait pu se libérer ce matin, ajouta-t-il.
Le Petit Garçon remontait les jardins, dépassant les splendides statues de pierre et de fer. Des gens de tous horizons déambulaient dans les allées. Les femmes portaient à la main des ombrelles pour se protéger du soleil, qui ne tarderait pas à frapper fort. Le chat courait rapidement dans les bosquets de fleurs à la poursuite d'un papillon qui ne voulait décidément pas se laisser attraper. En face d'eux le palais formait une masse de pierre blanche arrondie, flanquée de deux hautes tours carrées desquelles partaient deux allées couvertes, soutenues par des colonnes de pierre.
Arrivé en haut d'une extrémité du palais, le Petit Garçon prit l'une des allées couvertes, rejoint par son chat trottinant sur la balustrade. Vu d'en haut le pavillon de la Norvège, ressemblait à un chalet, dont les façades blanches étaient décorées de poutres en bois sombres. À côté, le pavillon chinois ne désemplis-
sait pas, il en émanait tout sorte de bruit et d'agitation. À l'opposé le pavillon de l'Algérie attirait les passants par l'odeur sucrée de ses desserts au miel, une terrasse accueillait ceux qui désiraient associer cette belle matinée ensoleillée au parfum d'un thé à la menthe.- On a tellement de chance de pouvoir être là, c'est merveilleux que tout soit ouvert au public, tu ne trouves pas ?
- Je pense que les travaux ont du coûter des millions de francs et je ne sais pas très bien où le gouvernement a pu trouver cet argent quand tu vois le nombre de personnes sans travail ou qui crèvent de faim à quelques kilomètres à l'est. Je pense que cet argent aurait pu être mieux employé.
- Ahah ! Tu me fais rire, depuis quand tu te soucies du bien-être des autres ? répondit le Petit Garçon. Je te rappelle que cette Exposition est certainement le meilleur moyen de montrer que la France est toujours une grande puissance. Je pense qu'on en a bien besoin vu ce que nous a coûté la guerre contre la Prusse.
- Notre pays doit relancer la dynamique industrielle, et c'est grâce à Papa Flamingo qu'on va y arriver... dit le chat d'un sourire plein d'ironie.
Le Petit Garçon ne préféra pas relever.
- Allez viens on est déjà en retard.
À l'entrée du palais du Trocadéro attendait sagement une jeune fille assise sur un muret de pierre. Elle avait de beaux cheveux roux, des yeux bleus comme le ciel clair du matin. Le Petit Garçon l'appela en lui faisant un signe de la main. Un sourire merveilleux apparut sur le visage de Candice et fit vaciller le cœur de notre jeune ami. Sa robe légère fit naître quelques beaux mouvements lorsqu'elle descendit de la rambarde. Elle ressemble à un ange, pensa le Petit Garçon. Il s'approcha et d'un grand sourire souhaita le bonjour à son amie. Il ne savait pas très bien comment la saluer, un baiser sur la joue, une tape dans le dos ou un simple hochement de tête... Mieux valait éviter les gestes de camaraderie. Trop tard, le chat l'avait devancé, sautant dans les bras de Candice il déposa sur sa joue une léchouille affective avec un miaou discret dans le creux de son oreille.
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L'Héritier 1878 : le Rayon Vert de l'Adnutio
AdventureParis, mai 1878 En plein cœur de l'Exposition universelle le professeur Moriarty dévoile l'Adnutio une machine révolutionnaire conçue pour éradiquer la pollution de l'air parisien grâce à son rayon vert. Non loin de là, sous les toits de Montmartre...