EPILOGUE : Un nom pour le Petit Garçon

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Montmartre – dernière semaine de juillet - lundi midi

Le Petit-Garçon déjeunait sur les toits avec son chat. Il avait installé une petite nappe sur laquelle des carottes bien épluchées côtoyaient de longs radis rouges. Il avait déposé dans un petit bol du sel de guérande et sur une assiette du beurre frais. Il faisait doux pour une journée d'été. Il avait plu dans la nuit, un gros orage d'été, et la matinée n'en avait été que plus belle et rafraîchissante. Le chat se régalait d'une sardine achetée le matin même au marché, dans ces instants là, il était content d'être un chat et il oubliait le temps d'un instant les manières civilisées qu'aiment prendre les êtres doués d'une intelligence supérieure.

Adossé à un conduit de cheminée, le Petit Garçon admirait l'océan de zinc et d'ardoise qui lui faisait face et goûtait au plaisir simple du soleil chaud sur son visage. Il allait s'assoupir quand tout à coup il entendit des cliquetis comme des pattes d'oiseaux qui se posaient près de lui. Nos deux amis se retournèrent vivement et à leur grande surprise, ils découvrirent leur mystérieux ami venu les visiter une nouvelle fois. L'Héritier, majestueux, rayonnait de couleurs et de grâce. Il les salua avec élégance.

- Bonjour ! se précipita le Petit Garçon en se levant. Il courba la tête pour saluer la créature divine. Le chat laissa tomber la sardine de sa bouche et en quelques élans rapides se percha sur le rebord d'un toit pour être à la hauteur de leur visiteur. Il était encore plus troublé que son maître de voir un être à l'apparence animale qui défiait encore plus que lui les lois naturelles. Il se courba avec déférence pour saluer l'être à qui il devait tant.

- Mes bons amis dit l'Héritier d'une voix chaleureuse, je suis venu vous remercier. Vous avez fait preuve de tant de courage et d'intelligence. Il se tourna vers le Petit Garçon : Je t'avais confié un bien très précieux et tu l'as utilisé brillamment. Le mal qui s'est abattu sur Paris n'était pas le fruit d'une force humaine mais plutôt la machination d'un ennemi bien plus puissant et dangereux. Le scientifique qui a enfouit Paris dans la tourmente, n'était qu'un pantin. Il s'est fait manipuler par un Héritier. Lors de notre première rencontre je vous avais expliqué que les Héritiers étaient nombreux. Une tragédie est survenue dans notre royaume et nous a divisés. Aujourd'hui nous luttons les uns contre les autres, c'est un combat auquel les hommes ne peuvent échapper car ils en sont la source. De nombreux Héritiers veulent la perte des Hommes. Reiyel était l'un d'eux, il a toujours été attiré par le pouvoir et la destruction. En utilisant le professeur Moriarty pour répandre sa magie sombre, il allait déclencher un chaos dont l'Europe ne se serait peut être jamais remise. Hélas je ne pouvais pas me battre sur deux fronts, c'est pourquoi j'ai décidé de choisir un humain en qui avoir confiance pour garder le mal à distance. J'ai l'impression d'avoir fait le bon choix. En arrêtant Moriarty et en détruisant sa machine vous avez annihilé Reiyel, c'était la première fois qu'un humain détruisait un Héritier. Vous avez fait sensation auprès de nombreux de mes amis, dit l'Héritier dans un air de compliment.

- Oui c'est vrai, quand j'y pense je suis assez surpris qu'on ait réussi à déjouer les plans de Moriarty tous les deux. Mais ce n'était pas un peu risqué ? demanda timidement le Petit Garçon, après tout je suis encore assez petit. Est-ce qu'une personne plus âgée n'aurait pas été plus capable que moi ?

- Ahahaha, qu'est-ce que l'âge mon ami ? Un concept qui a assez peu de valeur là d'où je viens.

Le Petit Garçon sourit car intimement il avait la même opinion que l'Héritier à ce sujet.

- Et j'ai été agréablement surpris de ton compagnon. Attaquer le pavillon de Moriarty avec une armée de chats était une idée originale et sans précédent, j'ai été impressionné.

Le chat fit un signe de tête en guise de remerciement.

- Et bien sûr, ça a coûté la vie à la plupart de tes compagnons. Tu es bien surprenant pour un petit chat, évidemment tu n'es pas vraiment un simple animal puisque tu parles maintenant.

Le chat saisit cette occasion pour confier à l'Héritier les questions qui le taraudaient depuis si longtemps.

- Que va-t'il advenir de moi ? Depuis que je parle, je fais des rêves et parfois je ne sais plus si je suis vraiment un chat ou si je suis un humain, j'ai peur de la mort et je cherche à savoir ce que je suis censé faire, quelle est ma mission...

- Ta mission sera d'accompagner ton maître et de veiller sur lui, il en a bien besoin au vue des aventures qui l'attendent. En ce qui concerne la Mort, ça n'est pas de mon ressort de vous expliquer à l'un ou à l'autre ce qu'il adviendra de vous à la fin de votre vie. C'est un mystère qu'il vous faut embrasser pleinement pour goûter aux subtilités de la vie, dit l'Héritier en fixant le chat dans les yeux.

- J'ai récupéré ce petit livre qui appartenait au professeur Moriarty, je pense qu'il s'en est servi pour rentrer en contact avec Reiyel, le Petit Garçon sortit de sa poche le petit livre en cuir marron qu'il ne quittait jamais.

- Je connais cet ouvrage, c'est un des rares qui parlent des Héritiers. Il raconte une partie de notre histoire, mais tu n'y trouveras rien qui relate des récents événements qui animent notre Royaume.

- Il y a aussi une liste de tous les Héritiers.

- Tu dois faire attention à ne pas t'en servir de manière irréfléchie, c'est un outil très dangereux. Je ne peux pas t'interdire de l'utiliser car tu es libre de tes propres choix, mais je préfère te mettre en garde. Tu y trouveras peut être un moyen pour communiquer avec moi.

- Entendu, dit le Petit Garçon en rangeant le livre dans sa poche. Avant de mourrir le professeur Moriarty m'avait donné votre nom, c'est Raziel il me semble n'est-ce pas ?
- C'est exact ! Je me nomme Raziel, Héritier des Couleurs et de la Lumière. Quant à toi pour te récompenser de tes exploits, je te nomme Asriel, cela signifie Je serai Prince de Dieu, ainsi en m'aidant dans ma mission tu fais la volonté de Dieu.

- Je suis très honoré, dit Asriel, si fier d'avoir été baptisé par Raziel. Le fait d'avoir maintenant un nom le rendait puissant et rempli d'assurance.

- Qu'est-ce que vous attendez de moi maintenant ? demanda Asriel.

- Tu vas poursuivre le développement de Papa Flamingo, à ce propos je suis touché que tu aies pensé à moi pour le nom dit-il chaleureusement, et bientôt je ferai de nouveau appel à toi car les choses se précipitent dans mon Royaume et c'est possible qu'il faille se préparer à une seconde attaque. Je vous laisse mes amis, vous avez mérité tous les deux de vous délecter de cet après-midi si riche en couleurs.

Raziel s'envola dans un éclat de lumière coloré, Asriel et son chat admirèrent les reflets de ses plumes jusqu'à ce que l'Héritier disparaisse dans le ciel d'un seul coup comme par magie.

Nos deux amis regardèrent Paris du haut des toits, rayonnant de lumière et de couleurs. Définitivement tournés vers les mystères que leur réservait l'avenir, ils eurent la grisante sensation de participer à une mission qui les dépassait pleinement. Avec une assurance débordante, ils sentirent qu'à eux deux tout était possible !




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Retrouvez bientôt la suite des aventures d'Asriel dans le 2nd tome de l'Héritier.

L'Héritier 1878 : le Rayon Vert de l'AdnutioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant