Chapitre 16 : Trinquer avec le président

3 1 0
                                    

Palais de l'Élysée – 3ème semaine de juillet

À peine dix jours s'étaient écoulés depuis l'exécution de Monsieur Gigot et le Petit Garçon avait bien l'intention de laisser ces sombres souvenirs loin de son esprit. Habillé d'une nouvelle chemise blanche, il attendait seul dans le salon d'accueil de l'Élysée. Le président avait demandé à le recevoir en bonne et due forme afin de le remercier personnellement pour son courage et sa détermination qui sauvèrent des milliers de parisiens et peut-être même l'Europe entière.

Un majordome tiré à quatre épingles, lui fit signe avec un grand sourire :

- Par ici, jeune homme je vous prie, en lui indiquant une porte qu'il ouvrit pour le laisser passer. Le Petit Garçon entra dans le cabinet de travail du président de la République. La pièce était somptueuse, des étagères en bois sombre couraient sur toute la longeur du cabinet, remplies de collections de livres. Le parquet verni comme neuf l'éblouissait de ses reflets, une odeur réconfortante de cigare et de miel emplissait la pièce. Le président Mac-Mahon se leva de sa chaise et se dirigea vers lui pour l'accueillir. Derrière lui la baie vitrée emplissait la pièce de lumière, à contre-jour le président paraissait comme une ombre imposante, dont on ne voyait pas le visage.

- Mon jeune ami, quel plaisir de t'accueillir par cette merveilleuse journée, j'ai pensé à toi toute la matinée, figure-toi.

La voix du président était chaleureuse, une voix grave et profonde. Il était habillé avec goût, un foulard coloré à motif était noué autour de son cou, le reste de sa tenue était de couleur sobre et élégamment taillé. Il se baissa pour être à la hauteur du Petit Garçon. Un sourire franc fendait son visage, et ses yeux affichaient une expression amicale. Il tendit sa main pour saluer son hôte. Le Petit Garçon la saisit en lui retournant son sourire.

- Bonjour Monsieur le Président, dit-il timidement.

- Asseyons-nous, veux-tu ? dit Monsieur de Mac Mahon désignant un coin de la pièce où deux fauteuils se faisaient face.

Le Majordome apporta deux jus d'orange frais avec des glaçons qu'il déposa sur la table. Le Petit Garçon saisit le verre que lui tendit le président et trinqua avec lui.

- Je pensais te recevoir avec tes parents mais on m'a informé que tu vivais seul, c'est bien ça ?

- Oui, mes parents sont morts pendant la dernière guerre, après leur disparition j'ai travaillé un peu à l'usine et maintenant je vis en vendant mes carnets, dit-il simplement.

- C'est très courageux de ta part, la France a besoin de jeunes personnes entreprenantes comme toi. Et je dois dire franchement que je suis assez satisfait de tes produits, je parle en tant que client fidèle bien sûr, dit le président en allant chercher un carnet déposé sur le linteau de la cheminée.

- Vous achetez mes carnets ? Je ne savais pas, dit le Petit Garçon en rougissant.

- En fait pour être franc avec toi, quelqu'un les achète pour moi bien sûr, mais ça fait quelques semaines que je les utilise et j'en fais une consommation excessive, dit-il en rigolant, il montra une petite pile de carnets colorés posés sur le coin de son bureau. Je m'en sers la plupart du temps pour écrire ce qu'il me passe par la tête, des pensées, des réflexions, jamais rien de bien constructif mais l'exercice est plaisant, dit-il en se rasseyant.

- Je voulais te remercier de manière un peu moins formelle que la dernière fois. Tu nous as vraiment sorti d'une impasse diplomatique, c'est très courageux ce que tu as fait et très dangereux ! Comment as-tu su que le professeur Moriarty était derrière tout ça ?

Le Petit Garçon s'était préparé à cette question, évidement il ne pouvait pas raconter toute la vérité, mais il avait trouvé un moyen de raconter l'histoire d'une manière différente.

L'Héritier 1878 : le Rayon Vert de l'AdnutioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant