Chapitre 7 : Amies, tapas et épiphanie

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Léonore

Je m'extirpe du lit vide, anxieuse, attentive à l'ambiance de ce premier jour dans « l'après ». Je sais bien que notre couple ne va pas se relever indemne et un claquement de doigts, mais je prends la température. Olivier est-il toujours déterminé à donner une seconde chance à notre histoire, à me donner une seconde chance ? Ou bien a-t-il fait preuve de clémence sous l'emprise de l'alcool ? Je pénètre dans la cuisine sur la pointe des pieds. Il lève la tête et j'avise les cernes sous ses yeux, témoins du manque cruel de sommeil dont je suis la cause. La culpabilité me revient à nouveau en pleine face, mais je serre les dents, je dois assumer mes erreurs.

— Café ? me propose-t-il, un doigt sur la machine à capsules.

J'opine du chef tandis qu'un soupir quitte mes poumons : il me parle ! Premier bon point. J'attrape la tasse qu'il me tend et savoure l'odeur de la boisson chaude.

— Olivier ? l'interpelé-je.

— Oui ?

Je marque une pause, ne sachant comment présenter la chose.

— Tu crois qu'il faudrait qu'on discute de... tout ça ?

Il se crispe, je perçois le muscle de sa mâchoire se serrer sous ses joues impeccables. D'ailleurs, je ne me souviens pas l'avoir vu sans se raser plus de deux jours... Contre vents et marées, même lorsque notre couple est dans la tempête, il arbore ce look irréprochable qui m'avait fait succomber de prime abord. Cette pensée me ramène à Xavier, à la sensation de sa barbe contre ma peau... Je rougis et chasse cette image loin du présent. Si je veux recoller les morceaux, il faudrait déjà que cet homme sauvage arrête de se pointer dans ma tête sans prévenir ! Confondant mon malaise avec de la gêne, mon cher et tendre se détend et après un soupir, pose sa tasse sur le comptoir.

— Je ne souhaite plus en discuter, dit-il enfin, mettant fin au suspense. Inutile de remuer le couteau dans la plaie. Reprenons le cours de nos vies tranquillement, d'accord ?

J'acquiesce sans savoir si je suis soulagée qu'il veuille faire table rase ou si je suis frustrée de ne pas le voir se fâcher plus que ça. Si j'avais appris qu'il avait passé la nuit avec une autre femme, j'aurais sans doute demandé tous les détails, quitte à me faire du mal, j'aurais pleuré, crié, menacé de rompre, engagé un tueur à gages et pour finir j'aurais pris une cuite mémorable avec mes copines avant de retourner dans ses bras et tout lui pardonner. Son absence de réaction me choque, mais je dois avouer que je suis soulagée d'une certaine façon.

Alors qu'il part travailler, je me glisse dans mon bureau. Aussitôt, l'ambiance de cette pièce parvient à me détendre. Certes, elle n'est pas très grande, à l'image de notre appartement toulousain, mais j'ai eu un tel plaisir à l'emménager qu'elle demeure mon endroit préféré. Sur les murs blancs, j'ai accroché des paysages sublimes, pris par des photographes célèbres.

Tantôt un panorama d'océan déchaîné, tantôt une forêt de sapins se déroulant à l'horizon... Rien de mieux pour s'évader en un instant. Sur mon bureau, un double écran, du matériel pour filmer quelques lives et tout un tas de babioles dénichées ici et là lors de mes visites, dans des boutiques ou des salons. Une tasse à l'effigie de l'un de mes dessins animés préférés sert de porte marque-pages, chinés au gré de mes incursions dans la librairie du quartier.

En m'installant sur mon gros fauteuil de cuir, je me félicite d'être si organisée côté boulot. En effet, je veille à toujours programmer des « posts » sur mes réseaux en avance, de façon à anticiper le moindre imprévu. J'avais mis cela en place après avoir été clouée au lit par une vilaine grippe, sauf que là, c'est Xavier qui m'a « clouée » au lit, me tenant à l'écart de mon ordinateur. Si la première fois j'avais tenté tout de même de faire acte de présence sur les médias, cette fois, je n'ai même pas eu une pensée pour mes followers.

Nuit d'orage et petites complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant