Chapitre 12 : Un peu d'eau dans son vin

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Xavier

Ma langue claque contre mon palais et Sultan passe aussitôt du trot au galop. Le sable vole contre ses sabots alors qu'il parcourt le rond de longe avec une aisance digne des plus grands étalons. J'expire et un sentiment de bien-être m'envahit. Bien que Pierrick soit notre ouvrier chargé particulièrement des écuries et de leurs pensionnaires, j'apprécie venir m'occuper d'eux. Ils dégagent à la fois force et douceur, un mélange dans lequel je me retrouve par moment.

L'exercice terminé, nous retournons du côté des boxes et je prends le temps de bien bouchonner mon équipier du jour. Je cure ses sabots pendant qu'il tente de grignoter mon tee-shirt et lui douche les membres afin de le rafraîchir après l'effort. Enfin, je le relâche dans un pré où il court rejoindre le reste des équidés qui, occupés à brouter l'herbe, ne relèvent qu'à peine l'encolure à son arrivée. Madame Chambriain nous a confié son hongre pour deux mois. En effet, sa fille se marie à l'autre bout de la terre et elle en profite pour prendre un peu de temps à explorer les États-Unis. Désireuse de laisser son cheval entre de bonnes mains, elle est venue plusieurs fois avant son départ pour s'assurer que notre ferme était l'endroit idéal. Je ne sais pas si c'est la qualité de notre travail ou les plats que lui a concoctés mon père lors de ses visites, en tout cas elle n'a pas hésité une seconde et c'est un réel plaisir de partager pour un temps la compagnie d'animaux de passage et de s'en occuper comme si c'était les nôtres.

— Hey, Boss !

Je me retourne et avise Pierrick qui avance à grandes enjambées dans ma direction. Arrivé à sa hauteur, je lui accorde une poignée de main avant de lever des sourcils interrogateurs.

— Faut faire les papiers du p'tit Thomas.

— Blessure ?

Sa bouche se tord en un rictus mécontent.

— Nah, démission. Le gosse a pas tenu le rythme. Sa mère a appelé toute agitée en disant que ce n'était pas humain de les faire travailler par cette chaleur... Enfin, tu vois le genre...

— Ouais, fils à maman qui a du mal à se sortir les doigts du cul pour toucher trois ronds !

— T'as tout compris, Chef !

— Du coup tu as besoin que je passe une nouvelle annonce de saisonnier ?

Pierrick se frotte la tête et se balance sur ses pieds. Je retiens un rire. Il est toujours drôle de voir ce grand gaillard de près de deux mètres aussi gêné et intimidé à l'idée de me demander quelque chose.

— C'est que... je pensais...

— Accouche, Pierrick, j'aimerais bien aller prendre une douche !

— Bien, voilà. Mon neveu est là pour l'été. C'est un bosseur et il aurait bien besoin de gagner quelques sous pour se payer une voiture.

— Bien tu lui dis de venir dans mon bureau demain à la première heure avec tous les papiers, carte d'identité, vitale... bref tu connais la musique.

— Merci, Xavier ! Promis, il ne te décevra pas.

Je lui offre une tape sur l'épaule puis je m'en vais en direction de la ferme. La matinée est bien entamée, mais j'en ai fini pour aujourd'hui. J'ai un petit moment de battement avant mes obligations de midi pour un déjeuner avec des fournisseurs. Le temps de passer à la salle de bain et, pourquoi pas, me poser pour un café avec mon père.

— Déjà rentré ? me demande-t-il à peine ai-je poussé la porte.

— Ouais, j'ai des rendez-vous en ville, c'est Thomas qui gère l'exploitation pour le reste de la journée.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 24, 2020 ⏰

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Nuit d'orage et petites complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant