Chapitre 9 - Un dernier verre de vin

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Léonore

Plus de trois semaines ont passé depuis l'événement du gîte. Près d'un mois où je me suis employée à me faire pardonner par Olivier, mais également à faire évoluer les choses dans notre couple. Malheureusement, si la première tâche ne s'est pas révélée très compliquée : mon chéri ayant horreur des conflits a eu vite fait de faire table rase de mon incartade, la seconde s'avère bien plus ardue, voire impossible. J'essaye de ne pas trop pousser – si lui a rapidement mis de côté ma nuit avec Xavier, ce n'est pas aussi évident pour moi. Je me sens néanmoins encore coupable des difficultés dans lesquelles nous sommes embourbés. Toutefois, un constat se dessine un peu plus chaque jour. Olivier n'a aucune envie de changement. Au contraire, il ne cesse de me « rassurer » en me disant que notre couple lui convient tel qu'il est, sans se rendre compte que ce n'est plus mon cas.

Toutes mes tentatives ont été infructueuses jusque-là. Quand j'ai proposé une sortie au restaurant, il a préféré une livraison à domicile. L'achat d'un week-end mystère de dernière minute : impossible, il serait trop fatigué à son retour au boulot, « il faut prévoir ce type d'escapade à l'avance afin que je puisse poser quelques jours de repos » m'a-t-il asséné.

Je l'ai même attendu en sous-vêtements pour l'émoustiller. Après tout le sexe n'est pas réservé à la publicité entre les deux films du soir ! Mais là encore, chou blanc, il a cru que je sortais de la douche et m'a conseillé de m'habiller rapidement si je ne voulais pas affoler le voisinage à travers les fenêtres. C'est lui que je souhaitais affoler, quitte à avoir des dizaines de paires d'yeux perverses braquées sur nous ! Je n'ai toutefois pas insisté, peut-être n'était-il pas prêt après tout.

Cependant, la nuit suivante, lorsqu'il a enroulé son bras autour de moi et m'a collé contre lui, je n'ai eu aucune envie de faire l'amour avec lui. Moi qui me suis évertuée pendant des jours à faire naître la passion, je ne l'éprouve pas du tout. Peut-être est-ce trop tôt ? Le souvenir est encore trop brûlant dans ma mémoire et perturbe tout ce que je ressens. Bien que je sois en couple depuis des années avec Olivier, j'ai la sensation que la prochaine fois que je coucherai avec quelqu'un, j'effacerai Xavier de mon corps, comme si finalement ce serait lui que je tromperai. Je deviens tarée ! Par chance – si on peut dire – une vilaine intoxication m'a fait quitter le lit et m'a permis de me soustraire à mon devoir conjugal. Mes vomissements répétés ont joué en ma faveur, Olivier a préféré m'éviter depuis lors, craignant que j'aie contracté la gastro et non ingéré un mauvais aliment !

Encore barbouillée, je profite de mon état semi-vaseux pour faire le point sur la situation. Olivier travaille et je végète devant l'ordinateur, répondant à un des nombreux mails qui s'accumulent dans mes diverses boîtes de réception. Lassée, je m'empare de mon smartphone et compose le numéro de Marjorie. Depuis notre soirée au bar, nous avons gardé un contact régulier que ce soit par téléphone ou via les réseaux sociaux. Elle est devenue ma confidente et moi la sienne. Une sonnerie, puis deux et elle décroche :

— Salut ma belle !

— Salut...

— Oulah, ça ne va pas mieux toi ! s'exclame-t-elle en entendant le son de ma voix. Toujours malade ?

— Plus ou moins. Disons que je n'ai pas vomi depuis deux jours, mais je suis épuisée comme si un semi-remorque m'était passé dessus, en marche avant et en marche arrière !

Elle rit et ces éclats cristallins me mettent du baume au cœur.

— Et toi quoi de neuf ?

Pendant plusieurs minutes, elle me raconte les derniers potins de son travail, se plaint de l'une de ses collègues qui pourrit l'open space et me vante la nouvelle boutique qui s'est ouverte non loin de la rue Saint Rome. Enfin, quand elle a fait le tour de son quotidien, elle en revient au mien.

Nuit d'orage et petites complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant