Chapitre 7

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"Il n'y a pas une de mes journées que tu n'aies pas habitées, pas une de mes nuits que tu n'aies pas hantée." - Alice

"Qu'est-ce-qui t'arrive Maman ?" - Lauren

P.d.V Alice :


J'étais assise dans la cuisine, en train de déjeuner. Mon humeur était à l'image du temps qu'il faisait dehors : Gris. J'avais passé une nuit horrible. Je m'étais endormie vers quatre heures du matin pour me réveiller une demi-heure plus tard en larmes. À mon réveil, j'avais trouvé Margaret à mes côtés, soucieuse. Elle m'avait dit qu'elle s'était permis d'entrer à cause des cris qu'elle m'avait entendu pousser. Je l'avais rassuré tant bien que mal en disant que j'avais simplement fait un cauchemar. Elle m'avait proposé de rester avec moi jusqu'à ce que je me rendorme. J'avais refusé car je savais pertinemment que je n'allais pas me rendormir. J'avais ainsi veillé pendant quatre heures, les bras le long du corps et les yeux rivés au plafond. La douleur dans ma poitrine s'était faite insoutenable. Cette fois-ci, mon cauchemar m'avait semblé plus réel que jamais. Je pouvais encore sentir l'odeur de café cramé qui régnait dans la maison, le bruit de la machine à laver qui tournait à plein régime depuis que mes deux frères étaient revenus. Je revois encore Simon qui...non, non ça s'était trop dur je voulais pas m'en souvenir, je voulais pas. J'avais attendu d'entendre Margaret se lever pour en faire de même. 

 
-Tu n'as pas réussi à te rendormir ? M'avait-elle demandé en me voyant entrer dans la cuisine.
 
Inutile de mentir, mes cernes parlaient d'elles-mêmes.
 
-Non. Lui avais-je simplement répondu en m'asseyant.
 
Elle avait posé devant moi une tasse de café fumant et deux tartines. Je l'avais remercié d'un simple mouvement de tête.
J'entendis des pas dans l'escalier, quand je me retournai je vis Mimi, enroulée dans un plaid, les yeux mi-clos.
 
-Tu as bien dormi Mimi ? S'enquit Margaret.
- Pas tellement non. Alice je sais pas ce qui t'es arrivé mais tu m'as réveillée !
 
Je baissai la tête, sans rien dire, peinée de faire subir mes insomnies à Margaret et Mélissa. Je sentais le regard de ma tante sur moi, mais je ne relevai pas les yeux pour l'affronter. J'en avais ni la force, ni l'envie. Je finis mon déjeuner et montai rapidement dans ma chambre. J'ouvris le tiroir de mon bureau, y prit mon journal ainsi qu'un stylo et entamai une nouvelles page.

« Sydney, le 7 juillet 2014
Simon,

109 jours.
109 jours que ma vie s'est arrêtée. Il n'y a pas une de mes journées que tu n'as pas habitées, pas une de mes nuits que tu n'as pas hantée. Ta mort est entrée en moi comme le froid qui s'engouffre dans une maison au début de l'hiver. Brutalement, sans prévenir. Je me souviens du jour où tu m'as dit que quoi qu'il arriverait on serait toujours là, l'un pour veilleur l'un sur l'autre . Si de là-haut tu pouvais m'envoyer la force qu'il me manque je t'en serais extrêmement reconnaissante. J'ai essayé mais sans toi j'y arrive pas, j'y arrive plus. La douleur dans ma poitrine est toujours là, me détruisant un peu plus chaque jour. J'aimerais pouvoir m'en délaisser, ne serait-ce que pour un seul jour. Mais ce qui me fait encore plus mal c'est que j'entraîne d'autres personnes dans ma chute. Mélissa a passé une mauvaise nuit à cause de moi, et quand elle me la reproché ce matin, je m'en suis tellement voulu. Elle est si mignonne. Elle me rappelle Émilie, tu l'adorerais j'en suis sûre. Je me sens tellement coupable, la seule image que j'ai de moi-même est celle d'une sale égoïste. Mais après tout c'est bien ce que je suis n'est-ce pas ? Une sale égoïste. Si ça n'avait pas été le cas, Émilie serait encore là, et donc toi aussi. Et Paul qui ne donne toujours pas de nouvelles... En même temps il n'en a jamais vraiment donné. J'avais imaginé qu'on aurait pu traverser cette épreuve ensemble, main dans la main, mais il n'en est rien.

Cause I'm Not Fine At AllOù les histoires vivent. Découvrez maintenant