6

1.8K 122 17
                                    

Point de vue omniscient


Une heure passa et Lincoln et Octavia se décidèrent finalement à rentrer. Ce fut main dans la main que le trajet se fit, les deux amoureux échangèrent quelques mots de temps à autre mais la plupart du temps ils marchèrent dans le calme. La petite brune poussa la porte de l'hôtel en riant à la blague que son compagnon venait de raconter, mais son rire disparut progressivement au fur et à mesure qu'elle approchait du comptoir. Sur ce dernier était posée une simple feuille pliée en deux, surmontée par une clé dont elle connaissait bien le numéro. La clé numéro 7. Elle se hâta de déplier le papier et ne put s'empêcher de frissonner à la vue des tâches humides qui effaçaient les mots écrits à l'encre bleue. Dans cette lettre, Clarke la remerciait de son accueil et de tout ce qu'elle avait fait pour elle, en précisant que l'argent pour la chambre d'hôtel se trouvait dans la caisse. Octavia lâcha un léger rire à cette pensée, ce qui fit couler une larme sur sa joue. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi la blonde avait quitté les lieux aussi brutalement, elle avait pourtant l'air de se plaire ici. Attristé par les pleurs de sa petite amie, Lincoln la serra dans ses bras en se posant lui aussi des questions sur le départ de la nouvelle venue.

Le lendemain matin, le réveil fut difficile pour Octavia qui n'avait que très peu fermé l'oeil de la nuit. Les événements de la veille hantaient ses pensées et après une si longue nuit passée à réfléchir, une hypothèse se présentait à elle. Elle ne prit même pas le temps d'avaler un café et monta au troisième étage, puis toqua à la porte sans perdre de temps. Une brune encore somnolente apparut dans l'encadrement, le regard toujours aussi froid. Octavia nota cependant les cernes qui ornaient ses jolis yeux verts ainsi que la tristesse qui les habitait. La petite brune entra dans l'appartement en ne prenant même pas la peine de saluer son interlocutrice, et elle s'assit sur le canapé gris en passant rageusement sa main dans ses cheveux.

- Qu'est-ce que tu lui as fait hier soir, hein ? S'exclama Octavia.

La grande jeune femme baissa la tête vers le sol après avoir refermé la porte.

- Réponds moi Lexa ! ordonna-t-elle d'un ton autoritaire.

Elle n'obtint pas de réponse, ce qui la fit se lever afin de se poster devant la brune qui se tenait face à elle. Elle s'apprêta à lui hurler dessus une troisième fois lorsqu'elle s'aperçut que son corps tremblait. Octavia s'approcha lentement et la prit dans ses bras en lui caressant les cheveux d'un geste qui se voulait rassurant.

- Je suis désolée, sanglota Lexa.

La petite brune était sous le choc. La seule fois où elle avait vu Lexa pleurer datait d'il y a quelques années, ce n'était pas son genre de s'effondrer devant quelqu'un, y compris devant sa meilleure amie.

- Je m'excuse d'avoir été dure... C'est juste que je suis triste qu'elle soit partie et j'aimerais seulement comprendre les raisons.... Murmura Octavia.

- Je ne voulais pas la faire fuire, je te le jure... Je ne voulais pas... Paniqua la brune aux yeux verts.

- Chut, tout va bien, on va discuter de tout ça calmement d'accord ?

Lexa hocha la tête et lui expliqua tout. Son récit laissa Octavia sans voix, elle s'attendait à tout sauf à ça, et elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que sa meilleure amie était en train de changer. Oui, elle avait fait fuire sa nouvelle amie, mais elle avait enfin reconnu une attirance à l'égard d'une femme. Elle ne l'avait jamais fait, elle n'avait jamais fait un si grand pas vers une personne, c'était toujours les autres qui entraient dans sa vie et encore fallait-il qu'elle les laisse y entrer. Cette fois-ci était différente, elle avait pris l'initiative, certes maladroitement mais elle avait implicitement invité Clarke à faire partie de sa vie. Lexa était beaucoup trop bornée pour avouer et même se rendre compte qu'elle avait envie de connaître la brune depuis qu'elle avait débarqué dans son appartement et qu'elle lui avait suggéré d'ajouter du vermillon à son tableau. Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle reconnaisse cette attirance ou qu'elle la comprenne, mais Octavia y voyait là un bond en avant.

Au beau milieu de la nuit précédente, la blonde traînait ses affaires le longs d'une route de campagne. Elle ne cessait de se répéter que c'était dangereux et qu'elle aurait dû attendre le petit matin, mais elle avait agit désespérément et voilà qu'elle se retrouvait maintenant au beau milieu de nulle part, le vent frais la faisant frissonner continuellement. Des phares apparurent dans son champ de vision, provenant de derrière elle, et l'idée que ce soit un kidnappeur lui traversa l'esprit. Elle agrippa plus fortement sa valise et accéléra la cadence de ses pas, la voiture toujours à ses trousses. Sa respiration haletante se bloqua lorsque le véhicule la dépasse par la gauche et ralentit à sa hauteur. Elle osa y jeter un coup d'oeil et elle fut surprise de ne pas découvrir un homme.

- Qu'est-ce que tu fais ici en pleine nuit ? Demanda la conductrice.

C'était une jeune femme d'à peu près l'âge de Clarke. Cette dernière s'approcha d'ailleurs de la voiture, mais en restant toujours sur ses gardes.

- Je marche jusqu'au village le plus proche, répondit-elle.

- Monte, je vais t'y conduire puisque j'y habite.

La blonde jeta un coup d'oeil à la vieille voiture rouge de la jeune femme.

- Allez, je ne vais rien te faire, en revanche je ne te garantis pas que les prochains automobilistes soient aussi bienveillants que moi, annonça-t-elle en finissant de la convaincre.

Clarke soupira et ouvrit la portière arrière avant de jeter sa valise sur le siège. Elle s'installa à l'avant aux côtés d'une jolie jeune femme aux yeux bruns et aux cheveux de couleur identique attachés en une queue de cheval haute. Elle la remercia doucement en attachant sa ceinture, puis elle se tourna vers la brune.

- Raven, se présenta la brune en lui tendant sa main.

- Clarke.

Elle la lui serra, ce qui fit sourire la conductrice. La blonde lui rendit et bientôt l'habitacle qui était jusqu'à présent silencieux semblait reprendre vie grâce à la discussion qui venait de commencer entre les deux jeunes femmes.

La couleur de son âme (Clexa AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant