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- Clarke ! hurla ma génitrice, reviens tout de suite ! Je ne le répéterai pas !

J'accélérai la cadence de mes pas sur le trottoir, traînant ma valise qui faisait d'ailleurs beaucoup de bruit, contrastant avec le calme habituel qui régnait dans mon lotissement à l'aube. J'ignorai les jurons que lançait toujours ma mère derrière moi.

- Si tu pars, ce n'est même pas la peine d'essayer de revenir ! Lâcha-t-elle finalement.

Je stoppai mon avancée afin de me tourner vers elle. Je pensais avoir halluciné, mais elle venait bel et bien de prononcer cette phrase à mon encontre.

- Et la faute à qui, hein ? Demandai-je sèchement même si je connaissais la réponse, tu as dépassé les limites en m'inscrivant dans cette fichue faculté de médecine !

Je l'aperçus froncer les sourcils malgré la distance me séparant d'elle, cela me fit entrer dans une colère noire.

- D'abord tu saccages mes toiles afin que je ne puisse pas participer à mon concours, puis tu sabotes mon dossier pour l'école d'art de la ville ! Criai-je. Je ne compte pas reprendre le flambeau de ton très cher cabinet, alors tu vas devoir t'y faire.

Elle posa ses poings fermés sur ses hanches, signe qu'elle allait riposter assez violemment cependant je ne lui en laissai pas le temps.

- Cabinet qui, soit dit en passant, est plus important que le bonheur de ta propre fille, lâchai-je d'un ton cinglant. Dans ce cas, on ne se reverra pas de si tôt puisque je ne compte en aucun cas remettre les pieds ici.

Je poursuivis ma direction initiale qui était le centre ville, ma mère ne tenta même pas de me retenir. Je ris jaune, c'était bien la preuve de l'importance qu'elle m'accordait. Je marchais depuis bien une vingtaine de minutes avant d'enfin apercevoir la gare routière, où je me hâtai d'acheter un billet pour Kaycee, ville située à un peu moins de 5h de route d'ici. J'avais choisi cet endroit de manière totalement aléatoire, du moment que je me trouvais loin de ma mère c'est tout ce qui comptait. Je me dirigeai vers le car et déposai ma valise dans la soute avant de monter à l'intérieur du véhicule pour m'y installer. Je mis mes écouteurs dans mes oreilles et lançai une playlist en attendant que le car démarre, puis c'est bercée par ses mouvements que je m'endormis.

Lorsque j'ouvris les yeux, il était plus de onze heures du matin, ce qui signifiait qu'il me restait un peu moins d'une heure de trajet. On le voyait d'ailleurs très bien en observant le paysage autour principalement composé d'arbres et de verdure. Je décidai tout de même de me renseigner un peu sur l'endroit où j'allais sûrement passer mes prochaines semaines, je commençai donc une recherche Google. Ce n'était pas une ville mais plutôt un village qui comptait environ deux cent habitants, entouré par une forêt et les plaines et proche d'un lac nommé Greeno, probablement dû à sa couleur. Je commençai une intense réflexion sur ma vie et sur comment j'en étais arrivée là. Moi, Clarke Griffin, âgée de 20 ans, venais de fuir ma mère et ses magouilles. Après avoir obtenu mon diplôme, j'avais décidé de suivre les traces de mon père et d'intégrer une école d'art, ce qui n'était pas de l'avis de ma mère. Je m'étais donc dégotée un travail dans un café pour l'année en ayant la ferme intention d'intégrer l'école l'année suivante mais ma mère m'en avait encore une fois empêchée. C'était la fois de trop, j'avais passé la nuit à regrouper mes affaires et j'étais partie pour cette nouvelle vie. Mes réflexions furent interrompues lorsque le car s'arrêta quelques dizaines de minutes plus tard, et l'air que je respirai en descendant était si pur que je ne pus m'empêcher de l'inhaler de nouveau. Le car nous avait déposé devant la petite mairie qui était, soit dit en passant, très charmante. Les bâtiments autour étaient tous peints de couleurs similaires, des teintes jaunes-orangées qui rendaient l'endroit chaleureux et donnait un effet estival malgré que l'on soit au printemps. Les lierres et autres plantes grimpantes sur les maisons et commerces ajoutaient du cachet au village et surtout, ce ballet de couleurs vives me faisaient bizarrement beaucoup de bien. Je récupérai ma valise en soute et me déplaçai sur les pavés clairs qui ornaient le sol, prochaine étape : me dégoter un endroit où dormir. J'arpentai les rues, mon sac sur le dos et ma valise derrière moi, un sourire béat collé au visage. C'était mon nouveau départ, et j'en avais amplement besoin. Je trouvai un petit hôtel au nom assez chaleureux, j'entrai donc pour demander une chambre mais apparemment il n'y en avait plus. Bizarre pour un si petit village... Je sortis du bâtiment et poursuivis ma recherche en prenant bien le temps d'observer l'endroit pour ne pas me perdre quand, une dizaine de minutes plus tard, un immeuble blanc se dressa devant moi. Je fus obligée de lever les yeux afin de lire les mots « Le Jasmin » joliment calligraphiés en rose pâle sur la devanture, suivi de deux étoiles. Je soupirai doucement pour me donner un peu de courage, cette tentative allait peut-être payer. Je poussai la porte doucement sous les tintements d'un carillon, et je la refermai derrière moi une fois à l'intérieur. Je me dirigeai vers le comptoir et appuyai sur la petite sonnette étant donné qu'il n'y avait personne. Une fois que le bruit eut retenti, je pris le temps d'observer l'endroit en détails. Le hall était de bonne taille et contenait quelques fauteuils en daim de couleur pêche, les lampes qui ornaient le plafond ainsi que la décoration minimaliste rendaient l'endroit à la fois moderne et accueillant. Un tableau attira cependant mon attention près de l'escalier, je m'en approchai doucement avant de le scruter curieusement. C'était une peinture assez abstraite, mais on y reconnaissait facilement les silhouettes de deux femmes dos à dos, les tons gris et noirs étaient à la fois adoucis et vivifiées par la couleur rose pâle qui ornait la toile. En bas à droite, je pus lire les initiales L.W qui appartenaient à l'artiste, et j'espérais pouvoir la rencontrer pour pouvoir la féliciter. Cependant, des bruits de pas me sortirent de ma contemplation.

La couleur de son âme (Clexa AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant