Je ne sais plus quoi dire.
Mon crâne est plein de vide ;
De courants d'air glacés
Qui tourbillonnent sans arrêt,
Qui se bousculent,
Qui me bousculent.
Je suis fatiguée,
D'une façon qu'aucun repos ne peut arranger.
Je ne sais plus quoi faire.
Mon corps est tout engourdi.
Il est froid, vide, ne ressent plus rien ;
Les secousses, les gestes brusques, la fatigue
Qui abiment.
Qui m'abiment.
Je suis fatiguée.
Au point de ne plus pouvoir respirer.
Parfois les pensées aussi m'attrapent et me secouent
Parce que je ne fais pas les choses correctement.
Elles serrent mes bras fort, fort,
Jusqu'à ce qu'eux non plus, je ne les sente plus.
Et elles hurlent dans mes oreilles,
Me plaquent contre un mur,
M'obligent à les écouter.
Je suis une idiote, une putain de salope.
Je suis une idiote.
Et je ne dois pas pleurer, surtout pas.
Alors j'arrête d'écouter, j'arrête de ressentir, j'arrête de respirer.
D'autres fois, elles me prennent à la gorge,
Juste sous le menton, et elles serrent,
Elles serrent, elles me soulèvent,
Et elles crient plus fort encore.
Puis elles me laissent tomber par terre,
Étouffée par mes propres larmes,
Sans que je ne sente rien.
Sans que je ne dise quoi que ce soit.
Je ne sais plus quoi dire.
Je suis attaquée de toutes parts.
Je suis fatiguée.
Je ne suis plus que Laurine,
Sept lettres, un mot,
Pas un prénom,
Une chose,
Pas une personne.
Au fond, ça a toujours été le cas.
Je ne suis pas faite pour agir,
Je suis faite pour subir.
Je ne suis capable que de ça,
La seule chose que je fais correctement, c'est subir.
C'est tout ce que je suis, un sac de frappe,
Un défouloir.
Je ne ressens rien, je ne ressens rien du tout.
Je suis juste fatiguée.
J'ai suffisamment servi.
Je suis toute abimée,
Il ne me reste rien que des souvenirs douloureux,
Des plaies par centaines,
Encore à vif pour certaines,
Qui me réveillent en pleine nuit.
Et le vide, le vide qui me tiraille,
Qui brûle ma poitrine, mon estomac.
Qui me donne le vertige, me fait trembler.
Le vide qui prend toute la place,
Qui obsède,
Qui contrôle.
Peut-être que les pensées ont raison,
C'est tout ce que je mérite.
Parce que finalement,
La seule qui pose problème,
C'est moi.
Je pose problème.
Partout, tout le temps.
Peut-être même que
Je devrais m'estimer heureuse,
Ça pourrait être pire.
Peut-être que je mérite pire.
Peut-être que je mérite de mourir de faim et de soif,
De mourir seule ou dans la douleur.
Est-ce que je leur inspire
Autant de dégoût que je m'en inspire ?
Est-ce qu'ils veulent me punir ?
Je ne me punis pas suffisamment pour eux ?
J'ai toujours envie de m'excuser,
Je ne sais pas de quoi,
Mais je dois me faire pardonner.
Et je suis fatiguée.
Je ne sais plus quoi faire.
Je ne peux plus rien faire.
Je me laisse aller,
Doucement,
Je ne sens plus rien,
Je ne pense plus à rien.
Je suis toute seule,
Toute vide,
Toute gelée.
Je suis fatiguée
Et bientôt,
Je ne serai plus
Rien du tout.
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Adieux à l'Univers : À la dérive
Thơ caElle n'a plus les mots, elle se perd, elle disjoncte, elle part complètement à la dérive. Elle ne mange plus, ne pense plus, ne respire plus. Que pourrait-elle bien écrire ? Collection Adieux à l'Univers : partie 4 / Période Actuelle