ET C'EST TELLEMENT ABSURDE
ou chapitre neuf.big up à nos discussions sur les crèches en cours d'histoire.
☆
« June ! » Le cri d'Adriel est la première chose qu'elle distingue dans le brouhaha. « Tu as entendu ?
– Pour August ? précise Milo à ses côtés.
– Oui, je viens d'apprendre... » Feindre l'ignorance aurait été plus prudent, mais encore une fois, elle ne sait pas mentir.
« Après Calliope c'est son tour, s'exclame Erin. Qu'est-ce qui se passe ici ? Est-ce que c'est une malédiction ou je ne sais quoi ?
– Tu regardes trop de films, la tempère Éléanor. C'est juste une coïncidence.
– Et August n'est pas encore mort, si ? » ne peut s'empêcher d'objecter June. Ses amis secouent la tête.
« Il a disparu il paraît, et les croque-morts le cherchent, explique Milo. Ils vont venir nous parler je crois, ajoute-il avec un frisson.
– Vous croyez qu'ils ressemblent aux Marcheurs Blancs ? s'exclame Adriel, les yeux presque brillants.
– Décroche, le geek, se moque Erin. On est dans la vraie vie ici. Ce sont juste des hommes et femmes comme les autres. »
Le fan de Game of Thrones lui adresse un doigt d'honneur ; il se fait aussitôt réprimander par le surveillant qui passait par là pour calmer les élèves et les pousser à aller en cours. Le petit groupe doit se séparer, malgré leur envie de continuer leur conversation. June a mathématiques en A24, Erin et Éléanor histoire-géographie en A14, et Milo et Adriel physique-chimie en D09. Les trois filles pourront potentiellement se retrouver à la pause, elles n'ont qu'un étage de différence, mais pour les garçons, ce sera plus compliqué.
Le cours de maths est long, et personne n'est vraiment concentré, surtout vu la difficulté du chapitre qui le rend incompréhensible pour tous ceux qui n'ont pas la fibre mathématique. June écoute les conversations des autres, qui ont bien évidemment toutes le même sujet.
« Ils parlent tous d'August, soupire Apolline, sa voisine en se tournant vers elle.
– C'est plutôt normal. » répond sobrement June. Elle sait que la jeune fille essaye juste d'entamer la conversation mais elle ne se sent pas d'humeur à converser sur ce sujet – et elle ne le sera jamais d'ailleurs.
« Il a disparu on m'a dit, continue la jeune fille comme si de rien n'était. Peut-être qu'il va s'en sortir. » June lui lance un regard oblique.
« Tu le penses vraiment ? lâche-t-elle, plus sèchement que nécessaire.
– Oui, dit l'autre au bout d'un moment.
– Peu importe où il ira les croque-morts seront à ses trousses. » June se montre défaitiste, et c'est tellement absurde que ce soit elle qui dise ça, pendant qu'Apolline essaye de la convaincre que c'est possible.
« Je ne sais pas, c'est peut être possible de leur échapper après tout. » murmure la jeune fille.
June garde son masque sceptique, mais intérieurement elle remercie sa camarade pour ses mots. Ils sont peut-être insignifiants, ils sont peut-être creux, mais ils lui prouvent qu'elle n'est pas la seule à espérer. Les deux jeunes filles n'échangent aucun autre mot de l'heure, concentrée sur leurs exercices.
Lorsque la pause arrive et les libère tous, June s'empresse de rejoindre le radiateur au pied des escaliers pour y attendre ses deux amies qui avaient cours au-dessus. Éléanor arrive quelques instants plus tard, seule.
« Le prof voulait parler à Erin, explique-t-elle. Sûrement parce qu'elle a encore eu quatre à son dernier devoir...
– Erin et l'histoire-géo, ça n'a jamais fonctionné, sourit June.
– Ça, il ne l'a pas encore compris ! » Elles échangent un regard complice en repensant à tous ces profs qui ont essayé de donner à leur amie le goût de l'histoire-géographie, puis reprennent le sujet sérieux de la journée, et sûrement de la semaine : « August va mourir il paraît.
– Oui. » C'est la seule chose qu'elle peut répondre.
« Tu crois qu'il a l'intention de défier l'État ? »
La voix d'Éléanor est égale, mais elle contient des accents de scepticisme qui laissent bien paraître ce qu'elle pense réellement de cette idée. June n'est pas surprise, elle sait que son amie, qui est la douceur et la justesse incarnées, a accepté depuis bien longtemps ce que dictent les lois Victor.
« Je ne sais pas. » Sa voix vacille légèrement, pour son plus grand malheur.
« Je ne souhaite pas sa mort mais si c'est le moment... »
June songe que dans l'ancienne société, August serait juste mort accidentellement, et que tout aurait été infiniment plus simple. Avant, personne n'avait à jouer de rôle dans la mort de quelqu'un, excepté pour les assassins et les psychopathes éventuellement. Les gens comme elle n'avaient qu'à vivre une vie normale, parfois marquée par la mort de leurs proches mais simple.
Peut-être que c'est juste elle qui se complique trop la vie au fond.
« J'aimerais bien qu'il s'en sorte, ne peut-elle s'empêcher de dire.
– Je ne sais pas si c'est possible... » réplique Éléanor. June note qu'elle a essayé de ne pas tourner sa phrase de façon négative.
« Ce serait bien. »
La sonnerie les interrompt de nouveau, mais un bref coup d'œil à leurs téléphones leur apprend qu'il n'est pas l'heure de retourner en cours. C'est la directrice qui demande le silence, et les informe depuis les haut-parleurs que les croque-morts vont faire le tour des salles de classe pour s'entretenir avec quelques élèves.
June a envie d'espérer ne pas être interrogée par les hommes du gouvernement, mais elle sait que c'est inutile : si la proviseure l'a convoquée, les croque-morts le feront aussi. Elle n'a jamais fait face aux fameux tueurs de l'État, et elle appréhende un peu cette confrontation.
Le nombre de rumeurs qui courent sur eux est infini. Ils sont humains, extraterrestres, humains modifiés ou issus de croisements d'espèces, habillés de noir, de gris ou de rouge, cachés sous une cape, un chapeau ou un masque. Personne ne sait exactement à quoi s'en tenir, sauf ceux qui en ont déjà rencontrés occasionnellement, ou ceux qui connaissent des croque-morts personnellement.
Lorsqu'elle regagne sa salle de cours, June a une boule dans la gorge. Et lorsque son professeur lui annonce qu'elle est convoquée dans la salle de réunion, son angoisse s'amplifie. Que va-t-il se passer ?
VOUS LISEZ
sous les pétales dorés
Novela Juvenil― ❝ 𝐐𝐔𝐀𝐍𝐃 𝐄𝐒𝐓-𝐂𝐄 𝐐𝐔𝐄 𝐋𝐄 𝐁𝐎𝐍 𝐒𝐄𝐍𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐇𝐎𝐌𝐌𝐄𝐒 𝐒'𝐄𝐒𝐓 𝐄𝐅𝐅𝐀𝐂𝐄́ 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐍𝐄 𝐋𝐀𝐈𝐒𝐒𝐄𝐑 𝐋𝐀 𝐏𝐋𝐀𝐂𝐄 𝐐𝐔'𝐀̀ 𝐋𝐀 𝐁𝐀𝐑𝐁𝐀𝐑𝐈𝐄 ? ❞ Sous les pétales dorés, les HOMMES voient leur quotidien changer. Sous...