TOUT S'EST TERMINÉ AINSI
ou chapitre vingt-deux.big up aux biscuits "moches" qui ne passeraient pas Top Chef.
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Malgré les protestations d'Ophélie et d'Erin, June se précipite vers l'intérieur de la maison Girard, mue par une impulsion soudaine. Elle n'a que faire des croque-morts qui l'attendent à l'intérieur, et des risques qu'elle prend.
La scène qui l'attend la fige. Si, quelques instants plus tôt, August était debout, seul face à son destin, il git désormais sur le sol, entouré d'hommes en noir, et le corps désespérément figé dans une posture inconfortable.
Elle laisse échapper un hoquet de douleur et se rue vers lui, sous les yeux médusés des croque-morts. Elle ne leur accorde même pas d'attention et se contente de s'agenouiller aux côtés d'August.
Malgré sa première impression, il respire encore, d'un souffle haché par la douleur qui la ramène au premier jour, où elle a vu August devant chez elle. Mais cette fois ce n'est pas une simple égratignure sur son bras, mais plutôt une profonde blessure à la hanche, qui ne cesse de saigner.
Le regard d'August est perdu dans le vague, voilé par une douleur vive. Il se pose sur June quand il la remarque, et une quinte de toux le secoue alors qu'il tente de parler. Quelques gouttelettes rouges se déposent sur le parquet poussiéreux, et accentuent le désespoir de la jeune fille.
« August... » murmure-t-elle.
La seule formation médicale dont elle dispose se résume à quelques épisodes de séries, qu'elle a en général du mal à regarder. Elle sait juste qu'une blessure qui saigne autant n'est pas bon signe. Mais qu'est-ce qu'elle peut faire...
« Mademoiselle, intervient un croque-mort. Veuillez nous suivre. » Elle ne lève même pas les yeux vers lui, toujours fixée sur August qui tente de dire quelque chose.
« Je sais que je n'aurais pas dû revenir, murmure June juste à son intention. Mais je ne pouvais pas rester les bras croisés. » Il tousse de nouveau et elle poursuit : « Je ne veux pas que tu meures August. Je ne veux pas te perdre. »
Les larmes commencent à brouiller sa vision et elle les retient difficilement. Elle ne prête même pas attention aux croque-morts qui ne bougent pas, et qui doivent observer. Elle ne sait même pas si l'oncle d'Éléanor est présent. August est tout ce qui compte pour elle. Et elle ne peut s'empêcher de regretter que les armes, les fichues armes des Girard qu'ils ont pourtant découvertes, soient rangées l'étage, inaccessibles pour elle.
« S'il te plaît, murmure-t-elle de nouveau, sans trop savoir à qui elle adresse sa supplication. S'il te plaît. »
Une part d'elle sait qu'il d'agit de vaines demandes, mais elle ne peut s'empêcher de les formuler. Elle a une furieuse envie de crier, tant son désespoir est immense.
« June... » murmure finalement August d'une voix éraillée. Elle se penche sur lui pour entendre ses mots. « C'est vrai... que c'est plus... romantique... »
Elle se souvient de leur conversation, du baiser qu'ils n'ont pas échangé ce jour-là. Et les larmes coulent doucement sur ses joues, parce qu'elle ne peut plus les retenir malgré tous ses efforts. Elles tombent lentement sur le sol autour d'eux, et elle ne parvient pas à s'arrêter pour sourire à August, pour que ce soit son dernier souvenir d'elle.
Elle serre sa main, et il la serre en retour. Les croque-morts ne disent plus rien, observant juste le spectacle qui se déroule devant leurs yeux. Ce ne doit pas être le premier de ce genre qu'ils voient, mais June ne peut s'empêcher de se dire qu'ils doivent être dans une situation de malaise important. À moins que leurs cœurs ne soient trop pétrifiés pour que ce type de sentiments les atteigne.
Elle sent la pression de la main d'August sur la sienne se relâcher, et son souffle faiblir encore plus. Les pétales du chrysanthème qui orne sa joue commencent à tomber doucement, et la jeune fille refuse ce constat.
Quand les pétales d'un marqué commencent à tomber, cela ne signifie qu'une chose : il est en train de mourir. Mais June ne peut l'accepter. Elle ne peut pas renoncer.
« August..., murmure-t-elle doucement. Je t'aime... »
Peut-être aurait-elle dû lui dire plus tôt, avant que tout cela ne se passe, avant qu'il ne choisisse la mort plutôt que la vie. Mais elle n'en avait pas la détermination, ni le courage. Elle le regrette pourtant. Alors qu'elle assiste douloureusement aux derniers instants de ce jeune homme dont elle est tombée amoureuse au fil des jours passés avec lui.
Et elle ne peut qu'imaginer comment les choses auraient pu se passer si tout avait été différent. Si la faucheuse avait simplement continué à prendre les vies comme avant, et qu'August avait « juste » eu un accident qui lui aurait coûté la vie. Ou s'il n'avait pas été marqué du tout. Ou si elle avait été honnête. Une très vieille expression disait « Avec des si on mettrait Paris en bouteille » et, si elle ne l'avait jamais bien comprise, June avait l'impression qu'elle reflétait sa situation.
Le jeune homme n'a rien pu dire après sa déclaration, mais les larmes qui coulent sur ses joues attestent de sa compréhension de ce qu'elle a dit. August est probablement le garçon qu'elle a vu le plus pleurer... Mais elle en est juste heureuse, parce qu'elle a ainsi le sentiment de bien plus le connaître.
Elle sent la pression sur sa main se relâcher complètement, et ne trouve que la force de fermer les yeux. Elle ne retient plus ses larmes depuis belle lurette, et elles tombent sur le sol et le torse désormais immobile d'August, tandis que son chagrin la submerge. Elle ne veut pas lâcher cette main encore chaude, elle ne veut pas dire adieu à ce jeune garçon qu'elle aime tant.
Même quand les croque-morts la prennent par l'épaule, elle s'y accroche encore. Même quand ils l'emmènent loin, et qu'elle n'a d'autre choix que d'ouvrir les yeux, et de voir ce corps immobile, elle se sent incapable de partir ainsi. Tout s'est terminé avec le pire scénario envisageable, songe-t-elle dans sa douleur. Tout s'est terminé ainsi.
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sous les pétales dorés
Ficção Adolescente― ❝ 𝐐𝐔𝐀𝐍𝐃 𝐄𝐒𝐓-𝐂𝐄 𝐐𝐔𝐄 𝐋𝐄 𝐁𝐎𝐍 𝐒𝐄𝐍𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐇𝐎𝐌𝐌𝐄𝐒 𝐒'𝐄𝐒𝐓 𝐄𝐅𝐅𝐀𝐂𝐄́ 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐍𝐄 𝐋𝐀𝐈𝐒𝐒𝐄𝐑 𝐋𝐀 𝐏𝐋𝐀𝐂𝐄 𝐐𝐔'𝐀̀ 𝐋𝐀 𝐁𝐀𝐑𝐁𝐀𝐑𝐈𝐄 ? ❞ Sous les pétales dorés, les HOMMES voient leur quotidien changer. Sous...