Les persiennes

240 13 3
                                    













Putain de lumières entres les persiennes.





Je me suis simplement réveillé dans ma chambre d'hôtel, la bouche pâteuse, et le crane endolorie, le bruit du vent sur les volets était insupportable. Mais encore plus le soleil, il a rien d'autre à foutre que taper sur la fenêtre.

Après m'être retourné mainte et mainte fois dans les draps tentant de retrouver le sommeil, je pris l'ultime décision, finalement me lever, ou ramper. Mais quand mon pieds heurta le sol, je senti un truc, gluant, mes yeux étaient encore mi-clos, je tentai un instant de rester dans le déni le plus longtemps possible. Mais c'était évident. J'avais vomis dans la totalité de ma chambre. Je visualisais le champs de bataille, d'après mon enquête, j'avais dû commencer a régurgiter proprement comme un grand dans les toilettes, puis petit a petit, oublié les bonnes manières pour finir le travail sur le sol face au lit.

En esquivant les flaques de bile j'atteignis la salle de bain, j'allumai la lumière, et face au miroir, je remarquai que l'éclairage assortit aux carrelages blanc, m'offrait une mine très affligeante. Mes cernes faisaient une bataille avec mes cheveux gras. Une fois sous la douche, je fis un brainstorming de mes objectifs.

Je devais faire 500km aujourd'hui si je voulais être dans les temps, donc j'avais deux bonnes heures pour ranger, manger un truc, et me barrer. Sinon je risquais de ne pas arriver a la prochaine ville avant que le soleil se couche (cet enfoiré). Et hors de question de payer encore une nuit à l'hôtel, je devais déjà refaire le plein d'essence. Je me cognai alors brutalement le front contre la paroi douche, grognant.

"Ma voiture..."

Les images de la soirée me firent remonter l'énervement volatilisé grâce au sommeil. Comment j'allais me démerder ? Des insultes chuchotées sortirent délicatement de ma bouche en repensant à son visage. Je devais rapidement trouver une solution. Appeler la boite et demander mes clés ? J'espère qu'ils vont ne faire aucun rapprochement avec l'événement d'hier ? Sans me voir, me reconnaître, il ne peuvent pas m'accuser ? Je payerais un uber pour qu'il aille les récupérer au pire. C'est ridicule mais ça me semble être la solution la plus rapide.

Tout en sortant de la douche j'attrapai la serviette la plus proche. Sorti de la salle de bain et saisi mon téléphone pour appeler la boite. Une détonation, deux, trois, et une réponse. Je ne laissa pas le temps a l'interlocuteur de répondre.

"Bonjour j'ai oublié mes clés hier, serait-il possible de venir les récupérer immédiatement ? Mon numéro était le, le..

je me mets à bégayer en cherchant mon ticket de vestiaire dans mes poches de jeans poser sur le sol,

il y avait un 9 dans le numéro... je crois." J'abandonne ma recherche et mes espoirs quand je me rend compte que j'ai perdu mon ticket.

"Hm, le 29 monsieur c'est ça ?"

Je me met à jubiler et me relève aussitôt. J'acquiesce, je crois alors comprendre le sens du mot bonheur.

"Quelqu'un est venu les chercher il y a un quart d'heure monsieur, il avait le ticket."

Son ton devenant soudainement suspicieux. Je reste silencieux, ne comprenant pas tout de suite. je retire mon téléphone de mon oreille. Je me retrouve nu, au milieu de ma chambre, pas totalement sec, le gamin d'hier, il a volé ma bagnole. Je raccroche au nez de la personne au bout du fil, m'allume une cigarette, je regarde la flamme de mon briquet, je sens un sourire incontrôlable étirées mes lèvres. Je vais faire un carnage.


Ma voiture est une MG B de 1973, de collection, elle est équipée d'un traceur, question d'assurance. J'ouvre l'application de tracking, je lis l'adresse, je relève les yeux. Je suis au bon endroit. J'avance me retrouvant face à la porte massive en bois, c'est une rue d'anciennes bâtisses toutes collées les une aux autres. Je cherche un nom sur la multitude de sonnettes. Kiroma Chat, j'appuis. L'interphone s'enclenche puis déverrouille la porte. Je retiens le numéro d'appartement et monte les marches, je sens la montée d'adrénaline se propager dans mon corps. Plus qu'un étage, plus que 10 pas, je suis devant la porte. Un coup de pieds dedans, un second, la porte cède violemment. J'entre, je le vois, un sourire aux lèvres, je déborde d'envies irrépressibles de faire disparaître son sourire le plus violemment possible. Je pose mon sac au sol, il me regarde intensivement, il ne réagit pas, reste figé. Je sors un bouteille en plastique, pleine, je m'avance et la verse rapidement sur lui. Je lâche la bouteille, elle continue a se déverser sur le sol. Je ne peux plus m'arrêter, je commence a rire. Mon vieux tu peux encore reculer. Trop tard, je sors mon briquet.

ça y est il semble comprendre et commence à trembler, il baisse les yeux. Dieu que c'est jouissif. Je m'apprête a foutre feu à son corps de sous-merde quand il pousse du pieds la bouteille au sol, l'essence trace une ligne jusqu'à moi. Il retire son t-shirt trempé profitant que mes yeux fixe la bouteille pour me l'envoyé dessus. Je me retrouve alors couvert d'essence. Il met la mains dans sa poche, en sort un briquet.

Soit deux vies, soit aucunes, c'est bien ça mon cher Kiroma Chat ?

La haine ne fait que grandir en moi, je m'approche de lui, détruisant la distance qui nous sépare, si je ne peux pas le cramer, je l'aurais a mains nues. Son regard est vide, il semble être contrôlé par la même force invisible que moi, il envoie le premier coup. Son poing heurte mon visage. Je sens mon nez devenir chaud, du sang coule. Second coup, il bascule en arrière et se rattrape. Niveau puissance il ne fait pas le poids. Je le vois tituber et tourner de l'œil, bah alors quoi gamin ? On supporte le premier coup ? Il s'assoit sur le sol pleins d'essence, relève les yeux vers moi, ses dents apparaissent de nouveau, il commence à glousser. C'en est trop, je contrôle plus mon corps, mon pieds se lance dans son visage, il tombe directement inconscient à terre.

Finalement le silence refait place, seul le son des gouttes d'essence imprégnées sur mes vêtements chutant jusqu'au sol me permet de rester en phase avec la réalité. Je suis alors là, face à moi même.

Je tente doucement de reprendre ma respiration, mon esprit semble s'éclaircir, je m'assois sur son canapé et pose mon visage dans mes paumes. Je suis pris de violent spasmes, son corps est inanimé sur le sol. J'ai quand même pas tué le gosse ? Des nausées m'envahissent, je me lève brutalement et vomis dans un pot de fleurs. Elles étaient déjà mortes t'façon. Je me retourne et me penche au dessus du gamin en m'essuyant la bouche, il saigne du nez et à la lèvre fendue, son œil devient déjà noir. Rien de grave non ? J'essaye de me rassurer.

Son corps se met soudainement a convulser, son visage se tord et son corps vibre brutalement, je panique, je lui attrape les épaules et le maintiens au sol. Les larmes montent toutes seules et je me met a sangloter silencieusement. Je le serre contre moi en essayant de lui parler. Les convulsions se calment mais je ne bouge pas ayant peur de les faire resurgir. Je me met à imaginer que sa respiration n'est qu'une hallucinations et qu'en réalité, je serre dans mes bras un cadavre.





Ça devait faire deux heures que nous étions assis comme ça, lui inconscient et moi a espérer qu'il le soit. Je l'entendis murmurer, instinctivement je baissai les yeux vers son visage, enflé.

"Poisson, la voiture est dans la cour, et les clés sur mon lit, tu peux partir, et je peux venir." Ce n'était pas une question.

POISSON CHATOù les histoires vivent. Découvrez maintenant