Les lois sont morales ou la morale naît des lois ?Chat s'était endormir, j'entendais son souffle s'éteindre doucement pour renaître, une douceur apaisante vibrait dans la voiture.
L'insomnie m'empêchais de rejoindre cette ambiance, une clope entre mes lèvres pour calmer ma tension, mes pensées, mes songes. Mon souffle à moi était formé par le contraste entre le froids de l'extérieur et la chaleur que dégageait mes poumons quand j'évacuais la fumée de mon corps. Le ciel était totalement sombre néanmoins la lune accompagnée d'un nombres incalculables d'étoiles rendaient le moment poétique. L'air frais me brûlait la gorge et le nez, j'avais l'impression que le froids rentrait en moi et gelait l'intérieur de mon corps, comme un parasite. Une angoisse insensée fît surface en moi, me chuchotant que l'air froids allait probablement geler mes doigts, qu'ils allaient tomber, je ne voulais pas devenir manchot, je les enfilaient dans mes poches de mon manteau. Une lumière lointaine détruisait alors mes songes.Le dépanneur stoppait son véhicule devant le mien, un homme chaleureux descendait de son engin, un sourire radieux aux lèvres, ses joues étaient rebondies, son ventre aussi. Il avait de grandes mains abîmées et une casquette avec le nom de son entreprise dessus, nos mains se rejoignaient, il me l'a serrait avec fermeté mais sympathie. Il attachait rapidement la voiture à son véhicule, mais s'arrêtait instantanément devant la vitre à l'arrière, un air paniqué ce dessinant sur son visage, ses mains remuaient avant d'hurler qu'il y avait un gamin mort dans la voiture. Je pouffais un instant puis toquais à la fenêtre où dormait paisiblement Chat.
Le mort sursautait et son regard perdu balayait un instant le paysage pour finalement sortir de la voiture, toujours un peu ailleurs. Le dépanneur se détendit et saluait le gosse, avec la même sympathie. J'avais remarqué à cette instant précis quelque chose d'étrange, juste avant de se détendre, l'homme avait eut un rictus en voyant Chat sortir de la voiture, comme si il le connaissait, ou qu'il essayait de mettre un nom sur son visage. Mais pas plus inquiet que ça, je ne m'attardais pas là dessus, j'étais bien plus préoccupé par ce qu'allait me coûter le service.
Le chauffage dans la camionnette de l'homme nous soulageait, nos joues rougies par le froids s'apaisaient, mes doigts n'étaient finalement pas tombés, et mon animal bruyant était plus en forme que jamais. Il fit descendre le miroir face à lui pour s'observer un instant, enlevant le sang séché sur sa lèvre et au niveau de ses narines. Pendant ce temps je m'attardais sur l'intérieur du véhicule, un tas d'objet jonchaient le sol, des gobelets, des restes de nourritures, des bières vides, c'est pas très vendeur pour un gars qui passe son temps à conduire des gens. Un carte d'identité était aussi au sol, « Lucas » oh très bien notre sauveur a un nom des plus lambdas alors. En remontant les yeux sur la route une photo de famille attirait mon attention, c'était notre cher Lucas avec des enfants, trois enfants, entre 2 et 8 ans. Fin je ne suis pas bon pour déduire les âges, vu celui que je donnais à Chat. L'homme remarquait mon regard posé sur l'image familiale. Un sourire sincère s'affiche alors sur ses lèvres.
« C'est mes trois fils, moi et ma femme sommes séparés, je les voient seulement les week-ends,
mais à chaque fois ils font des conneries toujours plus folles, une fois ils ont fait dévaler sur un carton le plus jeune dans les escaliers. Des garçons vous savez ! »Ses paroles le font sourire, mon regard se dirige vers la route, je sens une boule apparaître dans ma gorge.
« J'ai un petit frère, il fait des choses toutes aussi folles. »
Il me répond avec un rire joyeux et active la radio.
Quelques informations récitées par une femme défiles, à propos de manifestions ou faits divers. Les médias adorent ça, raconter des histoires les plus violentes et choquantes possibles, tu m'étonnes qu'après on ne s'attardent que sur le négatif de notre monde, jamais aucunes bonnes nouvelles ou informations agréables.Mon corps se contractent fortement quand elle formule un nom, le nom du responsable, du responsable d'un meurtre, le meurtre d'un homme de 60 ans dans son appartement.
« L'ADN du déjà recherché Kiroma Chat a été retrouvé sur les lieux du crime en début de soirée ainsi que le corps du sexagénaire brûlé vif pour ensuite être enterré dans le jardin... »
Mes yeux se posent sur le gars à côté de moi, il tremble fortement, et semble chercher de l'air, mon cœur s'accélère, nous nous fixons, chacun essayant de déchiffrer l'autre, ses pensées. Mais la femme continue.
« Le présumé coupable est âgé de 24 ans, mesure environ 1m60, ses cheveux teints en rose et... »
Je sens le conducteur changé de comportement, sa poigne devient plus ferme sur le volant et sa respiration devient saccadé, une main ce détache du volant et migre vers son téléphone.
« il semble physiquement bien plus jeune que son âge. »
Je perds petit à petit pieds.
Le froids m'envahis.
Mes yeux retournent sur Chat, ses lèvres forment un pardon silencieux.
L'homme attrape son téléphone.
Mon esprit s'évapore de mon corps.
Chat attrape ma mains et la serre.
Sa mains est si froide.
Si fragile.
Je sens mon cœur battre dans chaques parcelles de ma peau.
Je ne contrôle plus rien.
J'attrape le tête de Lucas et la frappe sur la vitre, le plus fort possible. Mes mains attrapent le volant. Je bouge d'un coup de pieds les siens puis freine violemment. Le crâne de l'homme saigne abondamment. Le sang glisse sur la portière et son visage se retrouve petit à petit totalement rouge. Mes mains tremblent violemment, je pousse Chat hors de la voiture et le suis.
Nous sommes restés là, un instant à observer Lucas, il respire encore. Il est toujours ici. J'entends entre ses larmes Chat me remercier.Mon corps semblait savoir quoi faire, il agissait seul, hors de mes souhaits, hors de mes désirs, la morale me l'interdisait, ma morale, mes idées. Mais si mes véritables désirs étaient ceux qui m'étaient insupportables. C'était quelque chose d'instinctif qui me guidait, de bien plus puissant que simplement une loi, j'avais peur, peur de le laisser derrière moi, vivre au dépend de sa vie. La vie d'autrui m'importait peu, j'aimais peu, je tolérais beaucoup. J'avais perdu l'amour, j'avais déjà laisser l'ultime amour derrière moi, pour un simple désir éphémère.
Oh non, pas l'amour romantique, pas l'enjeu hormonale de la reproduction, qu'on voit dans les films, l'amour du cœur, l'attachement.
La fraternité.J'aspire l'embout du tuyau et une fois que le liquide entre en contact avec ma bouche un goût ignoble me fais tousser, je recrache les quelques gouttes qui ont réussi à s'infiltre entre mes lèvres. J'enfile l'embout dans mon réservoir. Je transfère alors l'essence de Lucas dans ma propre réserve à l'aide de ce que j'ai trouvé dans sa camionnette. Ma voiture redémarre, le moteur s'enclenche et ronronne, je la déplace un peu plus loin. À distance raisonnable, pour ne prendre aucun risque.
Dans ma poche mon briquet roule entre mes doigts.
Le froids sanglant monte harmonieusement en moi.
Je veux sentir cette chaleur.Je laisse le reste de l'essence couler librement sur la route.
Je suis avide de mes vices.
Ma mains fait le geste automatiquement. La nuit disparaît. Le monstre caché sous le lit s'enfuit.
Une lumière m'éblouie. Elle s'agrandit, me réchauffe, me soulage, je me sens respirer, mon cœur, il bat si fort, il fracasse ma poitrine. Me fracasse.Je sens le corps de Chat se rapprocher de moi, sa voix ressemble à une musique que je ne comprends pas. Une langue inconnue. Que je ne parle pas. Une mélodie. Un dernier son, un hurlement. La vie est plus belle là haut ne t'en fais pas. Tu te vengeras quand je te rejoindrais, demain, ou dans 100 ans.
Les flammes envahissent les lieux, le décor si vide et si fade devient magnifique, flamboyant, les dunes sont volcans.
Je sens mon rire devenir incontrôlable, il se mêle aux larmes. La mélodie prend sens, un rire m'accompagne.J'ai trouvé mon compagnon de voyage.