Le baiser

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Comment oublier les névroses du passé. L'amour nous attaque comme une flèche pénétrant profondément notre corps, parfois elle se loge dans une artère, te saignant jusqu'à la mort. La durée indéterminée de l'agonie rend la chose encore plus violente. Tu es certain de mourir, mais tu n'as aucune idée de quand.


Je veux lui montrer ta beauté, ta joie, ton sourire, je veux qu'il te rencontre. Ne t'inquiète pas je suis sûr que tu vas l'adorer, il est comme toi, en un peu plus dégénéré, puis ça fait longtemps que je ne suis pas venu te voir, excuse-moi pour ça.

J'espère que tu ne t'ennuis pas trop, j'ai trouvé quelques jouets pour toi, je les aient eut dans mon dernier hôtel, j'ai tellement de trucs à te raconter.

La voix de Chat m'arrache de mes pensées, je n'entends pas de suite ce qu'il dit, trop désorienté.

"Pardon ? Je n'écoutais pas, désolé."

"On va où exactement ?"

"Voir mon petit frère."

J'avais changé d'itinéraire il y a quelques heures, décidé à te le présenter, il venait seulement de se rendre compte que nous étions plus sur la même route, finalement il n'est pas plus concentrer que moi. Mais quand les mots "petit frère" passèrent ma bouche, il prit soudainement un air sérieux, prêt à m'assommer de questions.

"On va chez tes parents ?"

Quel imbécile.

"Tu verras, ferme là un peu."

Sans le regarder je savais déjà que mes mots l'avait vexé, ils m'avaient échappé, j'ai toujours ce mauvais réflexe, celui de refuser de t'évoquer, en aucun cas pour te cacher, juste la peur incessante et dévorante qu'on s'en prenne à toi. Je sais bien que c'est stupide. Mais c'est compliqué d'oublier.





Le ciel est calme, les champs totalement fleuris, la couleur des lavandes et leur odeurs offrant un spectacle extraordinaire, comparable à une peinture, j'adore cette endroit, l'horizon est lointain, il n'y a que toi. Ta silhouette embrasse mon cœur, tu as vu, j'ai ramené des cadeaux ? Ils te plaisent ?

Je sens une présence sur mon épaule, la main de Chat, son visage est tordu par la douleur et la surprise.
Oh non ne pleure pas, c'est normal, il n'a pas l'habitude.

Ses bras m'entoure, il me murmure des mots doux, caressant doucement mes cheveux, je commence à trembler, je suis désolé, j'ai du mal à retenir de nouveau mes larmes, te voir me fait plaisir, je t'assure.
Je m'arrache de son étreinte, retournant à tes cotés, une boule envahit ma gorge, puis un sanglot silencieux, je déblaye ton socle des plantes enracinées, tout en chantonnant une mélodie. Les notes sonnent juste, des souvenirs m'émerveillement. Tu l'a reconnait ? Bien sûr que oui, tu t'assoupissais toujours quand tu l'entendais, je te sens me suivre sur la mélodie, tu es si loin, approches toi s'il te plaît, que ton sourire m'apaise.
Je pose méthodiquement les nombreux objets que j'ai ramené à tes pieds, ainsi tu pourras les contempler.

"Comment ?"

"Le feu."

"Toi...?"

"Non."

Chat se détend, il s'assoit sur ma droite, face à toi, alors ? Il te paît ? C'est vrai qu'il est un peu débile, mais c'est un gars sympa et drôle, enfin drôle, ça dépend.

Sa tête se pose sur mon épaule, il veut que je lui raconte, il te fixe, essayant d'entendre ton histoire, il n'y arrivera pas, je suis le seul à pouvoir. Je prend un bouffée d'air, il est temps.

"J'avais 14 ans, lui 5, ma mère et mon père étaient dans la criminologie. Ils gagnaient bien, nous vivions bien, mon frère était hyperactif, il passait son temps à sauter partout, il faisait un bordel pas possible, je ne sais plus le nombres d'objets qu'il a pété, mais ma mère tenait une liste, pour lui montrer à sa majorité.

Mes mains tremblent, mes doigts s'entrechoquent.

Ils travaillaient sur des grosses enquêtes, des groupes dangereux, un jour un collègue à mes parents c'est fait chopé par les membres, ils ne cherchaient pas à se cacher, eux ils voulaient la puissance, la main sur tout, sur mes parents. Ils avaient bien avancé dans l'enquête, bien trop, s'approcher de la vérité c'est s'approcher de la mort. Leur collègue sous la tortures à balancé notre adresse.

Ma peau palpite.

Une nuit, ils sont entrés, avec des armes, beaucoup trop pour une famille, ils ont commencés par mes parents, une balle dans la tête de mon père, trois dans celle de ma mère qui avait eut le temps de crier.

Mon souffle devient froide.

Je l'ai entendu, j'ai appeler mon frère, je croyais qu'il me suivait, j'avais entendu des pas me suivre. Je lui ai hurlé de sortir, j'ai vu sa silhouette dehors, j'ai été dans le garage, j'ai prit le bidon d'essence.

Chat reste figé sous mes mots, il m'attrape la main, ses phalanges exercent une pression sur mes propres doigts.

J'ai fais le tour de la maison en le vidant, j'avais peur. Le salon, la salle de bain, la cuisine, la chambre de mes parents, mais je ne suis pas entré dans celle de mon frère, la porte était fermée, j'ai hésité, mais je l'avais vu dehors, j'ai posé le bidon devant sa porte et suis descendu. Une fois dehors j'ai compris. Mais c'était déjà trop tard.

La pression sur ma main augmente.

Celui qui était sous le porche ce n'était pas mon frère, c'était un des hommes, il avait enfermé mon frère dans sa chambre, quand je l'ai vu j'ai fais directement demi tour, mais il a lancé une allumette, une fois que la flamme est entrée en contact avec l'essence, la maison c'est enflammée, en quelques secondes.

J'ai entendu mon frère, j'ai voulu passer au travers des flammes, mais le feu était déjà trop grand, il hurlait, il criait à l'aide, je ne pouvais rien faire.

Un nouveau sanglot m'embrasse.


Et j'ai pris la fuite. Pendant 6 ans, à chaque fois que la haine et l'impuissance m'envahissaient, je foutais le feu. Un jour je n'avais plus cette sensation, celle de la possible guérison, les plaies restaient ouvertes, je n'étais finalement pas un Phoenix, je me suis rendu, j'avais amassé assez d'argents pour me payer le meilleur avocat, j'ai été reconnu innocent, du meurtre de ma famille et de tout les autres que j'avais fini par commettre.

J'ai fais une tombe à mon frère ici, ils n'ont rien pu retrouver de son corps. C'est un peu une cercueil sans mort à l'intérieur, mais je suis sûr qu'il est dans celle-ci, pas au milieu d'un cimetière gris. »

Mon visage trempé est trouvé par les caresses de Chat, son souffle frôle mon visage, s'attarde sur mon cou, puis finit par disparaître, et renaît, suivant exactement le même parcours. Quand sa peau brûlante entre en contact avec la mienne un frisson traverse mon échine, ses doigts effacent mes larmes, chassant les souvenirs, mes joues sont réchauffées par ses lèvres, les embrassant farouchement, je le sens me voler un baiser unique et furtif, achevant le dernier au sommet de mon crâne, il retourne face à la tombe, puis s'attarde sur la petite photo et les lettres gravées sur le bois usé.

"Mon cher Tama Alose, tu ressembles drôlement à ton grand frère."

POISSON CHATOù les histoires vivent. Découvrez maintenant