Les légendes sont les récits de nos envies et nos peurs refouléesprintemps 1997
La température s'était réchauffée, le temps soulageait son cœur noyé d'une fatalité difficile. Ses talons frappaient le sol, sa jupe flottait au vent. Elle était simple, pas spécialement jolie, ou spécialement intelligente, une femme banale au possible. Mais une douceur affolante se dégageait de chacun de ses gestes. Sous ses apparences apprêtées elle cachait une pauvreté, son ventre était vide comme chaque jour, seulement ses vêtements amples cachaient la maigreur de ses membres. Son esprit entier était enivré d'une obsession qu'elle cajolait, elle ne vivait en réalité que dans cet espoir, celui d'un jour avoir un enfant.
Une peur berçait le peuple, les gens, les politiques, les riches, les pauvres, tous victimes d'une seule et même terreur.
La bête.
Une idée, une théorie, une légende, personne ne savait réellement comment la nommer, celle-ci racontait que les enfants face à la cruauté et la violence deviendraient l'enveloppe d'une entité qui envahirait leur cerveau et les rendraient mauvais, dangereux pour la société. Face à cette peur le gouvernement avait créé une taxe, chaque personne souhaitant devenir parent devait payer une somme pour avoir l'autorisation de pouvoir enfanter, s'engageant alors à offrir une bonne éducation, de l'amour et une enfance sereine au futur enfant.
Mais cette femme n'y croyait pas, elle se disait sinon qu'elle même aurait été une enfant de la bête, victime de la cruauté du monde, pourtant au grand jamais elle n'avait rencontré un être divin comparable à Lucifer. Au fond, elle en était intimement convaincue, leur but était de faire disparaître une partie de la population, la sienne, qui enlaidissait le pays. Cette loi absurde confrontait les gens pauvres à l'impossibilité d'avoir des enfants légalement.
Mais c'était le premier jour du printemps, les rues étaient joyeuses, et elle avait un rendez-vous, avec un homme, prêt à lui offrir son rêve, à lui offrir le droit d'être mère.
Couvre la de fleurs.
La demeure était immense, décorée d'or, un palace qui transpirait la fortune, cette injustice l'a dégoûtait, pourquoi tellement ici et rien ailleurs. C'était si simple, d'être né du bon coté. Assise sur une chaise dorée face à un bureau en bois de chêne, elle songeait, des questions enveloppaient son esprit. Un homme ouvrit la porte, elle croisa son regard, face à son aura un frisson, elle voyait quelque chose flotter autour de lui, une chose invisible à l'œil mais visible par le cœur, il était terriblement impressionnant. Il était grand, si grand, comme si avoir une grande maison le faisait grandir indéfiniment, comme le poisson rouge et son aquarium qui influence sa taille. Mais étrangement malgré cela, son sourire était sincère, dégageant un amour illimité. Elle était soucieuse, deux visages s'offraient à elle, l'un dangereux, l'autre aimant et elle n'arrivait à trouver celui qui était erroné.
L'homme lui tendit la main, qu'elle attrapa, c'était l'effet papillon, une poignée de main qui deviendrait bien plus que politesse, le vent les emporteraient dans l'amour. Ses yeux s'égaraient dans les siens.
Il prononça son propre nom en guise de présentation, sa voix était chaude, douce, ses mots semblaient évoquer un récit biblique par leur pureté.
« Kiroma Ocelot, je suis ravi de vous rencontrer, vous êtes sublime. »
On ne lui avait jamais dit une chose pareille, jamais on ne l'avait tant respectée, dieu que ses mots l'avaient touché bien plus qu'elle ne l'avouerait jamais.