Miel

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Kiroma Chat en avait vu des choses, il en avait entendu des histoires, bien avant de rencontrer son complice actuel, Tama Poisson, le jeune homme avait erré dans une petite ville, celle où il était né. Certains avaient profité de sa naïveté pour se faire de l'argent, passant le petit de trafic en trafic, le trafic d'enfants étant de loin le pire, le chef avait été retrouvé brûlé vif, jamais aucun coupable n'avait été arrêté.

Finalement.
Il aimait bien ça, vendre du shit dans la rue, ou parfois des plus grosses marchandises, il savait qu'il ne risquait rien, il se sentait bien trop malin pour se faire coincer et bien trop fou pour se faire tabasser. Avec sa bouille d'ange il était presque devenu la mascotte des acheteurs, incapable d'aller chez la concurrence, ils étaient totalement sous le charme du petit. Son chef le considérait au fond comme un fils, il était comme ça avec tout les gosses qu'il avait recueillis, il n'aurait jamais toléré qu'on s'en prenne à eux.

Juin 2013

Ses ondulations étaient camouflées sous son casque, il cassait l'air traversant le brouillard. Sa mobylette hurlante sur les petits chemins de campagne, il avait une livraison à faire, il roulait depuis le quelques heures.
Le jeune adolescent portait un sac à dos jaune moutarde, à l'intérieur 9kg de cocaïne. Cela faisait quelques années qu'il travaillait pour un homme, qui lui offrait un toit, de la nourriture, il était devenu sa famille, lui et le reste des jeunes gens embauchés. Il lui disait souvent qu'il était un bon livreur, avec sa bouille d'ange il passait toujours inaperçu, et faisait revenir les clients. Mais il ne faisait jamais les livraisons seul, ils étaient tous conscients du danger qu'apportait la réussite dans le milieu. Donc comme à chaque fois, Kiroma Chat était accompagné, derrière son véhicule un second, une autre mobylette, avec dessus son ami, plutôt, le garçon dont il était follement amoureux, depuis le premier jour.
On l'appelait Miel, c'était son nom de code, son pseudonyme, ou son véritable nom, personne ne savait vraiment. Mais une chose était certaine, c'est qu'il était la douceur et la tendresse du miel, ses yeux étaient d'un marron très clair perçant vers le orange, ses cheveux étaient courts et blonds, il semblait toujours d'une humeur magnifique, il riait aux éclats dès qu'il le pouvait. Chat ne savait pas ce que c'était, la chose qui envahissait son cœur dès qu'il le regardait, dès que son nom était mentionné, ou simplement sa voix, dieu que sa voix le hantait, une mélodie infernale qui dévorait sa tête pour le rendre totalement ridicule, bafouillant à chaque mot, bégayant des trucs sans queue ni tête. Il savait se qu'était l'amour, évidemment, mais pour lui, l'amour était simplement entre un homme et une femme jamais un autre schéma ne lui avait effleuré l'esprit.

Le duo s'arrêtait, freinant bruyamment sur le sable, face à eux une grange, ils connaissaient le lieu, plusieurs fois par an ils s'y rendaient pour toujours y vendre la même marchandise. D'après ce que leur chef avait dit le groupe à qui ils vendaient exportait dans tout le continent, un gros poisson en somme, mais les deux jeunes n'étaient pas effrayés, on n'est jamais effrayé à 13 et 14 ans. Pas encore l'expérience du « ça peut mal tourner ».

Deux hommes apparaissent ouvrant les portes métalliques de la grange, Chat serrait les dents, le bruit était insupportable, le garçon à ses côtés l'observait, quelque chose n'allait pas, ils se connaissaient suffisamment pour comprendre en un regard l'inquiétude de son complice. En effet les hommes face à eux étaient différents, ils ne les avaient pas salué, pas un geste pas un regard, bien sûr, cela pourrait sembler banal, mais chaque détail compte, le danger rôdait souvent autour des « enfants » du chef. Comme des vautours.
Le grand chef,
« père »
les jeunes l'appelaient ainsi, il était aimant, oui, il adorait les enfants, il prenait soin d'eux, à sa façon.

Miel frôla le bras de Chat, c'était le signal, un code secret pour dire: « on se barre c'est carrément louche ». Le contact avec son ami provoquait une chaleur envahissante sur le visage du petit rouquin, ses mains étaient moites et un petit peu tremblantes. Malgré son pauvre châtiment, arrivant finalement à faire les deux coups d'alerte sur le biper caché dans son jeans, il venait de prévenir les autres. Ils avaient tous apprit ça, le biper était non localisable, mais pouvait alerter en cas de danger, ils devaient donc toujours communiquer où ils allaient, pour qu'en cas de danger un renfort rapplique.

POISSON CHATOù les histoires vivent. Découvrez maintenant