Un an après leur union, il ne la voyait plus que comme son ennemi juré, la rabaissant sans vergogne. Ses insultes cruelles, proférées devant tous, brisaient petit à petit ce qu'il restait d'elle.
Dévastée, elle a finalement trouvé la force de fuir c...
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Chapitre 1 : Les Vestiges d'une Nuit
La renommée des Bush, forgée sur les champs de bataille et dans les arcanes du pouvoir politique, était un héritage aussi lourd qu'un manteau de plomb. Braiden en était l'ultime gardien, et il savait que la moindre tache, le moindre scandale public, pouvait éroder en un instant ce que des générations avaient bâti. Alors, quand le directeur Rasfort avait osé porter la main sur Aileen, l'ivresse visible aux joues et l'inconscience la rendant vulnérable, Braiden n'avait pas hésité. La réaction avait été presque réflexe, mue par un instinct plus profond que la raison : protéger ce qui, à ses yeux, lui appartenait. Même si cette possession était un fardeau, un mensonge vécu à deux.
Il l'avait empoigné par le col de sa chemise fripée, l'odeur de sueur et d'alcool bon marché lui emplissant les narines. Rasfort, réalisation tardive déformant ses traits, avait compris son erreur avant même que Braiden n'articule un mot.
— Si la valeurs ta carrière, ton nom, et peut-être même l'usage de tes deux mains, tu disparais. Maintenant. Et tu oublies jusqu'au souvenir de cette pièce.
La voix de Braiden était un souffle givré, plus terrifiant qu'un cri. Rasfort, blême, avait hoché la tête avec des saccades de pantin désarticulé avant de déguerpir, trébuchant dans le couloir désert.
Seul dans la réserve aux relents de javel et de moisi, Braiden resta un instant immobile, les poings serrés. Puis son regard se posa sur Aileen. Elle gisait sur le sol froid, sa robe écarlate éventrée comme une blessure, une mèche de cheveux collée à sa joue pâle. Un sentiment contradictoire l'étreignit : un dégoût tenace pour cette faiblesse, cette vulnérabilité qu'elle exposait, et une vague, étrange pulsion de... quelque chose d'autre. Quelque chose qu'il refusait de nommer. Mais surtout, une irritation aiguë. Si sa mère, Eleanor, l'interrogeait sur les événements de la soirée, comment justifierait-il sa présence dans cette réserve, avec une Aileen dans un tel état ? « Je l'ai sauvée d'un porc lubrique » manquait singulièrement de dignité.
Le dédain reprit le dessus, plus familier, plus confortable. Il tourna les talons, parcourut la pièce du regard et l'aperçut, dans un coin : un seau en métal rempli d'ustensiles de nettoyage. Une brosse à chiottes, au manche en bois brut et aux poils raides et décolorés, dépassait. Un sourire cruel étira ses lèvres. Parfait.
Il s'en saisit, revint s'accroupir près d'elle. Dans la pénombre, sa peau nue, là où le tissu avait cédé, luisait d'une pâleur laiteuse. Il détourna les yeux, agacé par son propre regard. Puis, sans ménagement, il tapota sa joue avec le bout du manche de la brosse.
— Arrête de jouer la morte. Réveille-toi.
Un gémissement lui répondit. Aileen fronça les sourcils, perturbée par une odeur âcre et chimique qui se mêlait aux relents d'alcool. Ses paupières battirent lentement, s'ouvrant sur un monde flou et tournoyant. Elle cligna des yeux, et l'image se stabilisa : le visage de Braiden, sculpté dans l'ombre et la lumière crue de l'ampoule nue, se découpait au-dessus d'elle. Mais ce n'était pas son visage habituel, froid et distant. Il y avait là une tension, une lueur étrange qu'elle ne parvint pas à interpréter, noyée qu'elle était dans le brouillard éthylique. La brosse grotesque dans sa main lui fit comprendre la méthode de son réveil. Une vague de honte et de surprise la submergea, faisant monter une rougeur à ses joues.