Chapitre un

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Je tourne, tourne et tourne à nouveau dans mon lit. Couché sur le dos, les bras le long de mon corps, j'ai les deux yeux marrons grands ouverts. Je n'arrive plus du tout à dormir.

Ma peau rosée devient froide. Je sens la brise du matin passée au travers de ma fenêtre de chambre entrouverte. Les oiseaux chantent et au travers de mes rideaux blancs, je vois le reflet des lampadaires qui s'éteignent tranquillement laissant place aux rayons du soleil.

Penchant ma tête sur le côté, j'aperçois qu'il est seulement quatre heures du matin et que mon cadran n'est dû que pour six heures et demie. Déjà, l'ayant mis plus tôt, je me vois difficilement lever à cette heure. Je soupire et roule les yeux vers le plafond.

Malgré ma fatigue intérieure, je ne suis aucunement surprise de m'être réveillée aussi tôt. Le stress de cette première journée dans ma nouvelle école me remplit de nœuds dans le ventre et je sens mes mains tremblées.

En revanche, je sais que ma mère et mon petit frère seront debout bientôt. C'est la première journée à Math aussi, sans moi. Étant toujours au primaire, il commence bien avant moi cette année. L'avantage d'être plus grande.

Je profite donc de ce temps pour respirer, me poser des questions sur ce qui s'en vient (ayant évidemment la discussion avec moi-même) et j'essaie de me réchauffer dans mes couvertures. Mes petits pieds sont glacés et je les frotte ensemble.

Je laisse toujours sur ma table de chevet, mon téléphone avec mes écouteurs. Je mets la musique dans une oreille et puis dans l'autre.
"Teenage dream", de Katy Perry hurle dans mes écouteurs et je ne peux m'empêcher de chanter et de danser dans mon lit.

Cinq heures et quart
Alors que je m'apprêtais à me lever pour aller à la salle de bain, j'entends la porte principale de ma maison s'ouvrir. Il est évidemment que c'est mon beau-père Éric, le copain de ma mère. Travaillant de nuit comme électricien dans une compagnie à Montréal, il est bien rare que j'aie la "chance" de l'entendre arriver le matin. Lorsque j'étais enfant, ma mère trouvait important de faire le maximum de bruit pour que je dorme n'importe où, n'importe quand. Maintenant, je me compte chanceuse d'avoir un sommeil profond et d'être en mesure de ne pas me réveiller à un simple petit bruit.

Vêtue d'une simple paire de shorts noire et d'une camisole blanche, je prends ma robe de chambre rose accrochée sur ma porte et douillette comme elle est, je l'enfile sur mon corps pour aller à la toilette.

Mes pieds passent du plancher de bois température pièce, pour toucher ensuite, la céramique glacée.
Concentrée à marcher sur la pointe des pieds, je tombe face à face avec ma mère.

- MAMAN ! (crie-je en chuchotant) Tu m'as fait peur!

- CHUT ! Désolé... À moi aussi.

La main sur son cœur, elle poursuit :
- Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure ? Tu n'as même plus besoin de te lever à la même heure que Math cette année.

- Je sais... Je n'arrivais juste plus à dormir.

Ma mère s'approche de moi et elle me serre dans ses bras.

- Je le savais que tu serais nerveuse. Juste à te voir hier assise sur le sofa, à te tenir le ventre... J'anticipais beaucoup ta nuit, mais ça va bien aller ta journée ma chérie.

Mon visage collé contre sa poitrine volumineuse, je me sens calme et rassurée. Elle a tout à fait raison. Il n'y a rien à être nerveuse. D'être seule dans l'autobus... De n'avoir aucun ami... De me perdre dans cette immense école... Rien du tout! Je souris face à cette remarque stupide qui passe dans ma tête.

Sept heures et demie
Toujours en robe de chambre dans la salle de bain, je termine la dernière mèche de mes cheveux bruns bouclés à aplatir. Généralement, je suis plus du genre "couette naturelle", mais étant ma première journée, je me prépare davantage. Je vois déjà ma mère du coin de l'œil qui prépare son maquillage sans même lui avoir demandé.

Jeunes longtempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant