Jeunes longtemps

Chapitre quatre

- Hey Audrey ! Viens t'asseoir avec nous (disent les filles au loin dans la café.)

- Salut ! D'accord. (je m'approche et m'assois).

Depuis quelques semaines, mes amis ont commencé à traîner avec les filles de mon cours de math ainsi qu'avec leurs amis à elles. Il y a Camille, cheveux et yeux bruns, la peau pâle et elle est environ de ma grandeur. J'ai rarement vu une fille parler autant et avoir cette attitude à la fois drôle, accueillante, provocatrice et "bitch".

Ensuite, il y a Rose. Elle a de beaux yeux verts, cheveux bruns, munis de peu de formes et qui semble être la plus petite de nous tous. Elle parle constamment de ce qui lui vaut beaucoup d'attention de la part des autres, mais elle souhaiterait surtout en avoir plus de la part de Joey. Il est dans notre cours de français et elle nous a avoué cette semaine qu'elle était très intéressée par lui. Malgré tout, Rose me fait bien rire. Une blague n'attend pas l'autre et j'aime bien quand elle est là.

Je n'aime juste pas la chimie entre elle et Camille, car je trouve simplement que parfois Camille n'est pas très gentille dans ses propos envers Rose... Elle la dénigre souvent et fait des blagues mesquines à son sujet.

Sinon, nous avons Sophie. Elle a de longs cheveux bruns avec un peu de roux dedans et elle est un peu plus grande que Rose. Sophie est super sportive, ricaneuse et elle est plutôt discrète. Les garçons la trouvent vraiment belle et je sais que plusieurs d'entre eux l'aiment bien. Généralement, Sophie suit pas mal Camille et Rose. Elle semble avoir un fort caractère lorsqu'elle en a assez, mais il est rare qu'on le voie.

Je suis très heureuse d'avoir fait d'autres connaissances. N'ayant aucun cours avec Tania, je trouvais le temps long et gênant d'être toujours seule et je m'encourage en me disant que je suis plus sociable que je le pensais. Le seul bémol c'est que la plupart du temps, elles discutent de choses que je ne comprends pas, car je n'y étais pas. Les trois se connaissent avec les autres du groupe depuis la maternelle pratiquement et il est difficile d'équivaloir à toutes ses nombreuses années.

Alors que je prends une bouchée, d'autres gens arrivent et viennent manger avec nous.

- Salut les filles !

Je reconnais "malheureusement" cette voix sans même regarder et je sens ma poitrine se serrer automatiquement.

Mes amies répondent toutes alors que moi, je reste silencieuse et termine de mastiquer pour ne pas m'étouffer.

- Salut beauté, me dit-il, accompagné d'un câlin.

Je viens doublement nerveuse que j'échappe presque mon jus sur moi.

- Salut Thomas !

Bon Dieu qu'il est beau. L'effet qu'il me fait encore quand je le vois, j'en ai des frissons partout. Je n'ai jamais eu le courage de lui dire que je l'aime, mais parfois j'ose espérer qu'il le voit par lui-même.

Personnellement, on oublie la subtilité, je suis terrible à essayer de faire semblant. Mon non-verbal parle beaucoup trop et même si Thomas est mon meilleur ami, j'aimerais qu'il me voit comme moi je le vois.

Camille me jette un coup d'œil et je sens mon corps s'enflammer de partout. Elle m'envoie un sourire et se met à parler à Thomas en analysant ma réaction. Je fronce un peu les sourcils, mais je décide simplement de l'ignorer.

D'autres gars de notre ancienne école se joignent à nous.

Rose, excitée en voyant Joey, a les yeux tout pétillants. Elle bégaie et tente de lui parler. Ses joues sont rouge, écarlate. Elle sourit sans même remarquer. C'est adorable!

- What's up les amis !

Évidemment, il manquait plus que lui. William Gagnon, le garçon de mon cours de Science. Je n'arrive pas encore à comprendre quel sentiment que j'éprouve à son égard et quelle sorte de personnage joue-t-il, mais autant qu'il a un côté "étrange" à sa personnalité, il est drôle, intelligent, attachant et sociable ce qui le rend aimé de tous. De plus, pour couronner le tout, c'est le meilleur ami de Rose. Ils sont bien affichés au nombre de fois qu'ils se le disent mutuellement.

Il s'assoit justement à côté d'elle et Rose lui donne un câlin. Je suis même étonnée qu'ils ne sortent pas ensemble en voyant leur relation si fusionnelle.

Depuis l'épisode des présences durant la première journée de classe, nous avons dû déménager de local, car nous n'étions pas assez équipés pour le cours de Science.

Je ne suis plus à côté de William, mais il est situé derrière moi, en diagonale. Il me fixe de moins en moins, mais autant que je sois perplexe face à ce garçon, son étrangeté est délicieuse. Il a cette manière avec moi de réagir timidement et de discuter de sujets hors du commun. Il me sourit et juste l'autre fois pour avoir mon attention, il me lançait des boules de papiers pour que je me retourne.

Il est clair qu'à mon tour, je lui en ai lancé aussi sachant très bien que c'est ce qu'il voulait. Ricaneuse et influençable comme je suis.

Ce midi, il arrive d'un pas assumé, confiant et il fait le clown devant tout le monde. Un vrai moulin à parole. Il est juste inhabituel de le voir ainsi, car avec moi il est si timide et silencieux. Le coude sur la table et mon poing collé à ma joue, je le regarde.

Il porte un chandail blanc avec des jeans foncés et chaque fois qu'il bouge ou lève ses bras, je vois le contour de son boxer noir. Des papillons se promènent dans mon ventre, car à bien y penser, il est assez beau à regarder. Lui et ses cheveux longs foncés, son teint basané à cause de l'été et ses grands yeux marron.

Pendant qu'il raconte sa blague et que les autres rient, il se tourne et me fixe droit dans les yeux. Comme s'il ne m'avait jamais vu. Déstabilisée, je suis autant accro à son regard qu'il l'est au mien. Ma bouche salive et il finit par trouver un autre point fixe pour se raviver l'esprit.

Les autres le voient, car l'histoire qu'il raconte s'arrête en plein milieu. Il me fait un sourire en coin et continue.

Je sens mes joues devenir rouges et je souris à mon tour en baissant la tête.

Les autres me regardent moi, le regardent lui et ensuite, se regardent entre eux.

Mal à l'aise, je me lève et pars pour la salle de bain.

- Audrey ! Où tu vas ? (me demande Sophie)

- Je vais à la toilette.

- Attends ! On va y aller avec toi. Allez, les filles, on y va ensemble.

Je ris dans ma tête chaque fois qu'on décide d'aller à un endroit toutes ensemble. Je ne suis pas habituée du tout à ça.

- Là ! J'ai demandé à mon père en fin de semaine si on pouvait se faire une soirée de filles, dit Rose s'élevant les fesses pour s'asseoir sur le rebord du lavabo.

- Cool ! répondent Camille et Sophia.

- Je lui ai demandé pour vendredi comme ça après l'école, on pourrait aller chez nous et passer au dépanneur pour aller se chercher des chips et des bonbons.

Je ne sais pas trop où me mettre en ce moment, car je ne sais pas si je fais partie de ce plan. Surtout qu'elles habitent à maximum 10 minutes à pied l'une de l'autre.

- Toi Audrey, veux-tu venir vendredi soir chez moi ?

Étonnée. Heureuse. Curieuse. Nerveuse.

- Oui ! Merci. Je serais vraiment contente de venir. Je vais demander avant à ma mère.

Nous sortons de la salle de bain toutes les quatre et au même moment la cloche sonne. Je sais très bien que maman va être contente que je me fasse de nouvelles amies et je suis pratiquement certaine que c'est un oui assuré pour vendredi. Ça fait juste longtemps que je ne suis pas allée dans une soirée.

Jeune, je détestais dormir chez les gens par peur d'être malade. Le stress sans doute. Je ne veux juste pas donner cette impression de fille peu à l'aise à dormir chez des gens. Si ça se passe bien, j'aimerais vraiment qu'elles me réinvitent après cette soirée.