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C'est avec une immense satisfaction que j'ai enfin intégré le Groupe Scolaire Samba Fall (GSSAF) à Diourbel. L'un de mes vœux les plus chers vient de se réaliser, et j'en suis profondément reconnaissant. Pendant longtemps, j'ai aspiré à rejoindre les rangs des élèves de cet établissement privé renommé.Après avoir passé quatre années dans une école franco-arabe, j'ai sollicité auprès de mon père mon inscription au GSSAF, dans l'optique d'améliorer mes compétences en français. Bien que je maîtrisasse déjà les rudiments de la lecture, de l'écriture et de l'expression orale dans cette langue, j'avais conscience que cela ne suffisait pas. Il me restait encore beaucoup à apprendre, et je savais pertinemment que si je demeurais dans cette école franco-arabe, je n'atteindrais jamais le niveau de connaissance auquel j'aspirais.

L'établissement que je fréquentais précédemment présentait plusieurs inconvénients : non seulement il n'était pas reconnu par l'État, mais le personnel enseignant était également insuffisant. Une seule enseignante, Mademoiselle Ndiaye, dispensait les cours dans les quatre salles de classe que comptait l'établissement. Elle intervenait dans notre classe les lundis et mercredis soirs, l'arabe étant la matière prédominante.Ce fut Mademoiselle Ndiaye qui, la première, me conseilla de m'adresser à mon père pour solliciter mon inscription dans une école française à proprement parler, estimant que mon niveau me permettrait de m'y adapter aisément. Bien que tenté de suivre son conseil sur-le-champ, je me suis abstenu, conscient que mon père risquait de refuser en raison du coût élevé des frais de scolarité au GSSAF.

Un jour, après mûre réflexion sur la manière d'aborder le sujet avec mon père, je l'ai rejoint dans le salon où il regardait la télévision. Après l'avoir salué, j'ai exposé tous les arguments que j'avais préparés pour le convaincre. À ma grande surprise, il a accepté, ce que j'ai considéré comme un véritable miracle.
Mon premier jour au GSSAF restera à jamais gravé dans ma mémoire. La joie qui m'habitait était indescriptible. Me retrouver dans une salle de classe aussi luxueuse dépassait mon imagination.La classe, spacieuse, n'accueillait que 25 élèves. Les pupitres étaient parfaitement alignés, l'aération était optimale, et le plafond, joliment décoré, était surmonté d'un ventilateur central. Les fresques ornant les murs témoignaient du talent d'un artiste chevronné, j'en étais convaincu. Le carrelage au sol n'était pas en reste, révélant un travail d'une grande finesse. La porte vitrée de la classe offrait une vue sur l'avenue. Tout était impeccable.

Monsieur Thiam, le directeur de l'établissement, m'a fait passer des tests en lecture et en calcul avant de me placer en CE2. Bien que légèrement plus âgé que mes camarades, j'étais déterminé à persévérer pour intégrer le CM2 l'année suivante.
Notre enseignant, Monsieur Diattara, était un jeune homme élancé au teint clair. Il possédait un charisme particulier : son regard suffisait à susciter l'obéissance chez ses élèves. C'était le type d'enseignant qui n'avait pas besoin de recourir à la punition pour maintenir l'ordre dans sa classe. Son style vestimentaire évoquait celui du musicien sénégalais Aliou Mbaye Nder : chemise et pantalon en jean bien ajustés, complétés par des bottes en cuir. Sa serviette à la main soulignait son élégance. Sa démarche assurée rappelait celle des acteurs de cinéma, ce qui avait incité mon camarade Moussa à le surnommer "Van Damme". Je comprenais ce surnom, car Monsieur Diattara était d'un sérieux à toute épreuve, au point qu'il était difficile de lui arracher un sourire. Néanmoins, je comprenais cette attitude, car une trop grande familiarité pouvait rapidement conduire à un manque de respect de la part de certains élèves.

Monsieur Diattara nous a demandé de sortir nos livres de lecture et de lire silencieusement le texte à la page 4. Quinze minutes plus tard, nous avons entamé la lecture à haute voix. Après avoir interrogé trois élèves, il m'a invité à lire le dernier paragraphe. J'ai lu avec vivacité, en respectant scrupuleusement la ponctuation et en veillant à une prononciation irréprochable. J'ai eu la satisfaction d'être le seul élève à recevoir une appréciation positive de la part du maître. Cette aisance en lecture n'était pas nouvelle pour moi ; même à l'école franco-arabe, Mademoiselle Ndiaye me complimentait souvent sur mon bon accent.Après la séance de lecture, nous avons abordé le vocabulaire. Nous avons extrait du texte quelques mots et expressions difficiles que Monsieur Diattara nous a expliqués avant de les employer dans de nouvelles phrases que nous avons notées dans nos cahiers.
À onze heures, la récréation a sonné. N'ayant pas encore noué d'amitiés à l'école, j'ai acheté une collation puis me suis installé sur l'un des bancs pour poursuivre la lecture du texte suivant celui que nous venions d'étudier.De retour en classe, nous avons abordé les mathématiques. Monsieur Diattara a inscrit un problème de quelques lignes au tableau et posé des questions. Après un court laps de temps, il nous a demandé de présenter notre travail. Malheureusement, je n'ai pas réussi à trouver une seule bonne réponse. J'ai pris note de la correction, déterminé à revoir la méthodologie une fois rentré chez moi pour mieux comprendre la résolution.

L'AVENTURE D'UN HOMME POLYVALENTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant