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Le lendemain de la proclamation des résultats, je me rendis à la prison pour annoncer la bonne nouvelle à mon père. La joie qui illumina son visage était indescriptible. Il me confia que cette heureuse nouvelle avait suffi à le guérir de la maladie qui l’avait cloué au lit dans sa cellule.

En ce moment de gloire, seule ma mère me manque . Mais je sais qu’elle célèbre la réussite de son fils depuis les cieux.

J’ai eu Tante Fátima au téléphone. Elle était transportée de bonheur en apprenant la nouvelle. Ramatoulaye, quant à elle, ne fut pas en reste : elle passa de longues minutes à me féliciter. Si son crédit téléphonique ne s’était pas épuisé, elle aurait continué à exprimer sa satisfaction pour l’éternité.

Dior, fidèle à elle-même, ne put s’empêcher de me taquiner :

- « Wa yaw guayi weur nagn la nomba dé, loutakh dono premier du centre ? » (Ah toi, on t’a terrassé, hein ! Pourquoi n’es-tu pas le premier du centre ?)

- « Topal feulé so may touwoul sakh say diamono, deuxième tour nga guénone ! » (Dégage d’ici, je suis sûr que tu as été admis au second tour à ton époque !)

- « Ah mane rekk thi khalé examé, doyou ma bay dëss… »

- « Mo yaw todio féne ! » (Tu n’as rien fait de spécial !)

Après cet échange empreint de complicité, nous discutâmes du lycée que je devrais fréquenter et de la filière que je devrais choisir.

J’ai été sélectionné parmi les élèves devant passer le concours d’entrée au lycée scientifique de Diourbel. Cependant, je n’en suis guère enthousiaste, car je ne vois pas l’intérêt de m’y présenter. Je ne brillais pas en mathématiques, et je ne me destine pas à une carrière scientifique. Je m’efforçais simplement de maintenir des notes acceptables dans cette matière dominante, car un bon élève ne saurait négliger aucune discipline. Mon rêve, cependant, est de devenir un grand littéraire. C’est là ma véritable passion.

Quant à la famille de Dior, je n’ai plus eu de nouvelles depuis le jour où ils m’ont accusé d’une tentative de viol.

Le BFEEM appartient désormais au passé. Je peux enfin dormir autant que je le souhaite, sans craindre de perdre du temps pour réviser. J’ai repris ma principale activité : la lecture. Comme à mon habitude, je dévore deux ouvrages par semaine, et parfois, je dépasse les dix livres à la fin du mois.

Ce matin, je suis passé chez Diallo pour récupérer la somme qui me restait dans la boutique. Dior m’a encore envoyé de l’argent hier soir. Je vais tout rassembler, car je souhaite investir dans un petit commerce durant les vacances. Je suis sorti de la boutique avec un montant de 125 000 FCFA. Je pense que c’est un bon capital de départ. Je suis également passé à l’hôpital pour participer au don de sang organisé par l’AJDB (Association des Jeunes pour le Développement de Baol).

J’y suis arrivé peu après 13 heures. La file d’attente était moins encombrée, la plupart des participants étant venus le matin. Après dix minutes de patience, mon tour arriva. Une médecin, visiblement perturbée par un bruit assourdissant provenant d’à côté, procéda à la prise de sang. Une jeune fille me tendit ensuite un sachet contenant une canette bien fraîche et un sandwich. Je les remerciai avant de me précipiter pour découvrir l’origine de ce vacarme. *Dama dagn koumpa nak.*

À ma grande surprise, je me retrouvai face à Tante Penda, agenouillée devant un médecin, suppliant :

- « Aÿ docteur, dimbalima bo guéné sama dom dji dou bakh dé. Mougnal ma ba souba, rek ma lidianeti khaliss bi diokhla. » (Je vous en supplie, docteur, ne faites pas sortir mon fils de l’hôpital. C’est trop risqué. Je réglerai le problème d’argent demain.)

L'AVENTURE D'UN HOMME POLYVALENTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant